Avec la récente acquisition de CDC Arkhinéo, quelles sont les ambitions de Docaposte ?
Depuis trois ou quatre ans, la problématique de protection et de la localisation des données est devenue particulièrement sensible pour les entreprises et les collectivités. L’ambition de Docaposte est de répondre à l’ensemble de leurs exigences dans les domaines fonctionnel, technique, et juridique. Nous souhaitons devenir un champion français aujourd'hui et européen demain.
Notre métier est de plus en plus difficile à exercer car l’environnement normatif est toujours plus exigeant comme en témoignent le RGPD ou le règlement eIDAS. Aujourd’hui, il faut être gros et fort pour répondre à l’ensemble des attentes des entreprises et des collectivités.
En quelques années, Docaposte a procédé à de nombreux rachats d’entreprise. L’acquisition de CDC Arkhinéo vient-elle confirmer cette volonté de devenir un acteur incontournable dans le secteur de la confiance numérique ?
Oui nous avons pour objectif de devenir un leader français et européen de la confiance numérique. Et l’archivage électronique est une partie extrêmement importante de ce marché. Docaposte était déjà très présent sur de nombreux segments. L’acquisition de CDC Arkhinéo conforte notre volonté de jouer un rôle de leader en France et en Europe.
CDC Arkhinéo possède aujourd’hui trois centres de donnés en France (deux à Paris, un à Bordeaux), et détient également deux certifications : l'agrément HDS (Hébergement des données de santé) ainsi que la qualification eIDAS pour la validation et la présentation des signatures électroniques qualifiées.
Allez-vous passer à la vitesse supérieure en matière de data centers ?
Je vais faire une réponse de Normand : non tant que cela n’est pas nécessaire. J’ajoute que nous possédons un autre data-center en Allemagne car si la réglementation européenne permet en théorie d’archiver partout en Europe, la réalité culturelle est un petit peu différente : il est plus facile d’archiver des données allemandes à valeur probatoire en Allemagne.
Si nous devons accroître le nombre de data centers, cela se fera plutôt à l’international qu’en France car nos capacités permettent de largement répondre aux attentes du marché français.
Vous avez quitté la présidence de CDC Arkhinéo pour diriger la nouvelle unité dédiée à l'archivage numérique au sein de Docaposte. Quelles sont vos priorités ?
Ma priorité a d’abord consisté à trouver les synergies entre les deux entités : synergies techniques, synergies fonctionnelles et synergies commerciales. Nous souhaitons offrir au marché ce qu’il y a de meilleur. Cette complémentarité joue dans les deux sens : jusqu’ici, CDC Arkhinéo n’était pas en mesure de répondre aux demandes de numérisation pour transformer le papier en document numérique ; demain nous pourrons répondre à cette demande. Inversement, Docaposte ne détenait pas la qualification eIDAS ; demain ce sera chose faite.
Mon autre priorité est de maintenir la qualité de service qui est proposée aujourd’hui. Certains de nos clients ont été préoccupés par le rapprochement entre Docaposte et CDC Arkhinéo. Nous avons beaucoup travaillé pour les rassurer.
Allez-vous élargir votre base de clients en France mais aussi à l’international ?
Bien sûr ! En France, cela fait partie de notre stratégie depuis longtemps. A l’international, nous nous posons la question : faut-il aller chercher de nouveaux clients ? Faut-il chercher des partenaires ? Ou bien faut-il faire de la croissance externe ? Nous étudions plusieurs scénarios.
Ces dernières années le marché de l’archivage électronique a été marqué par une série de rachats. Doit-on s'attendre à de nouvelles acquisitions ? A quoi le marché de l'archivage électronique ressemblera demain ?
Oui il va y avoir de la concentration car il sera très difficile pour un acteur de petite taille de répondre aux exigences réglementaires. Il faut donc s’attendre à des rachats dans les deux ans à venir sur le marché français. De notre côté, nous sommes convaincus que c’est une bonne chose.
Sur le marché européen, les choses sont un peu différentes car il n’y a pas de tiers de confiance archiveurs tels que nous les connaissons en France. En tout cas, nous n’en avons pas identifié. Le marché est structuré différemment avec des prestataires de service de confiance dans le domaine de la paie ou de la facture électronique qui offrent par ailleurs une solution d’archivage.
Le marché de l’archivage électronique sera de plus en plus normé. C’est une bonne chose car il faut rassurer nos clients qui sont très sensibles au sort des donnés qu’ils nous confient. Mais cela demande des ressources et des compétences. Il y a trois ans, la gestion des normes occupait 10 % du temps d’un collaborateur ; aujourd’hui, cette question l’occupe 100 % de son temps...