L’Essonne vient de mettre en ligne ses archives couvrant près de quatre siècles d’histoire départementale : 900 000 images sont d’ores et déjà accessibles au terme d’un long travail d’indexation et de numérisation.
L’Essonne fait partie de ces départements qui valorisent leurs archives. Dix ans après l’inauguration d’un bâtiment situé dans les communs du château style Renaissance de Chamarande et cinq ans après l’ouverture d’un espace numérique dans la salle de lecture, les archives départementales mettent leurs fonds patrimoniaux en ligne : actes paroissiaux et actes d’état civil, recensements de la population, plans cadastraux, monographies communales sont désormais accessibles gratuitement via internet. Au total, ces collections patrimoniales numérisées représentent environ 900 000 images.
Ce programme ambitieux couvre près de quatre siècles de registres paroissiaux et d’état civil (1519-1906). Les recensements de la population, pour leur part, couvrent la période 1817-1931. Quant aux plans du cadastre napoléonien, leur période s’étend de 1808 à 1834. La mise en ligne de ces centaines de milliers de documents, on s’en doute, ne s’est pas faite du jour au lendemain. C’est en 2001 que les archives départementales de l’Essonne se sont engagées dans un vaste travail d’indexation et de numérisation : « Il a d’abord fallu constituer un inventaire fiable et précis à partir des trois inventaires existants, souligne Yves Morelle, chargé de projet de numérisation. En 2001, lorsque nous avons pris la décision de numériser nos collections, l’Essonne était un département précurseur. Nous avions un triple objectif : préserver nos collections, réduire les coûts de maintenance liés aux machines à lire les microfilms et faciliter l’accès aux archives départementales ». Lancé au mois de décembre dernier, le site Archives Essonne propose aux internautes d’accéder aux archives numérisées grâce à une interface particulièrement épurée : il suffit d’entrer le nom de la commune désirée et les résultats de recherche apparaissent par ordre chronologique. Le document sélectionné est alors disponible en mode image. À gauche de cette image, une barre d’outils propose une série de réglages – zoom, rotation, luminosité, contraste… Un format d’impression permet de conserver une édition papier de l’archive numérisée. Autant de fonctionnalités pour améliorer la qualité de visualisation des documents. Les concepteurs du site ont même pensé à proposer un convertisseur permettant d’établir la correspondance entre les dates des calendriers grégorien et républicain. Une ressource très utile pour les internautes qui souhaitent effectuer des recherches sur des documents issus de la période révolutionnaire. Entre 1793 et 1805, le calendrier républicain – ou calendrier révolutionnaire français – fut utilisé pour dater les actes publics.
statistiques
De nombreux archivistes l’ont remarqué : les passionnés de généalogie sont de plus en plus en plus nombreux à fréquenter les services d’archives, aux côtés des historiens et des chercheurs. Un constat que partage Yves Morelle : « Nos salles de lecture sont pleines ! La mise en ligne des archives départementales de l’Essonne répond à un vrai besoin ». Les statistiques de consultation du site le prouvent. Pour les dix premiers jours du mois de janvier, 1 811 777 images ont été consultées. Et l’origine des internautes venant consulter le site dépassent le cadre départemental puisque les statistiques montrent des connexions effectuées depuis la Guadeloupe, la Nouvelle Calédonie, l’Allemagne, l’Espagne, le Japon, le Canada.
Le chantier de numérisation a été confié à Archimed qui, selon Yves Morelle, « propose des prix imbattables et tient compte de nos remarques. Ses opérateurs viennent chercher les archives sur notre site de Chamarande, les transfèrent dans des locaux sécurisés et procèdent à leur numérisation. Celle-ci se fait à partir de nos fonds originaux en papier mais également à partir des microfilms que nous possédons ». Coût de l’opération : 40 000 euros pour 2009. Une année qui a vu la numérisation de fonds importants par rapport aux chantiers précédent dont le coût approchait les 25000 euros par an.
À l’écoute des internautes, Yves Morelle attache un soin particulier à résoudre au plus vite les inévitables problèmes techniques d’un très jeune site. Il envisage de lancer une foire aux questions où les usagers pourront échanger des informations et des conseils. Surtout, il a déjà programmé la mise en ligne de nouveaux documents. 2010 verra donc l’arrivée de 10 000 cartes postales anciennes, de plusieurs titres de la presse – L’Abeille d’Étampes, L’Abeille de Seine-et-Oise –, ainsi que des cartes et des plans. Tous ces documents ont été numérisés et attendent leur mise en orbite dans les semaines qui viennent.
À plus long terme, ce patrimoine archivistique devrait s’enrichir de documents figurés : photographies, aquarelles, peintures, dessins.
En bref
Les archives départementales de l’Essonne ont été créées en 1968 et sont regroupées, depuis 2006, au sein d’une direction des archives et du patrimoine mobilier. Elles conservent les documents provenant des anciennes archives de Seine-et-Oise ainsi que les archives publiques versées par le conseil général, les collectivités locales et les services de l’État présents sur le territoire essonnien. Installées dans le domaine de Chamarande depuis 1999, elles représentent 14 kilomètres linéaires répartis sur huit niveaux de magasins. Les fonds conservés couvrent une période allant du XIIe au XXIe siècle. Sont également archivés des fonds audiovisuels ainsi que plus de 19 000 ouvrages d’histoire générale et locale.