Edito de l'Archimag n°263 d'avril 2013 - Place

Michel Remize, rédacteur en chef d'Archimag. DR

 

Les archives, en particulier celles qui sont de nature à intéresser les généalogistes, donnent lieu à toute la gamme de prises de position autour de la question de leur mise à disposition numérique.
Du côté des usagers généalogistes, occasionnels ou amateurs éclairés, large accès aux documents publics que sont les actes d’état civil et gratuité est préférable. Cependant pourquoi ne pas payer quelques euros, voire un abonnement, pour un service de recherche ou l’accès distant à un document ?
Une concession bien comprise des sociétés privées de généalogie. On ne va pas reprocher à ces entreprises de chercher une matière première la moins chère possible pour préserver ou accroître leur marge. Pourtant, on a pu voir une société privée apporter son concours à un organisme public, par exemple pour une opération de numérisation, sans pour autant lui mettre le couteau sous la gorge.
Pour leur part, les archivistes se réfèrent avant tout aux principes de leur métier de conservation du patrimoine et aux textes relatifs à la communicabilité. Mais numériser et mettre en ligne supposent un coût qui peut être récupéré au moins en partie en faisant payer un utilisateur final ou un intermédiaire, via un système de licences...
Ainsi on ne peut pas opposer le camp du gratuit à celui du payant, la frontière qui les sépare étant de plus en plus floue.
La vie des archivistes change, de gardiens d’un fonds dont ils détenaient la clé, les voilà acteurs d’une place d’un genre nouveau, une place où il y a bien une offre et une demande, mais qui n’est pas exactement une place de marché, s’agissant de données publiques, culturelles, personnelles. Où il faut réfléchir en terme de patrimoine, bien sûr, mais aussi de droit, d’usage, de retour - au moins partiel - sur investissement et de politique. Où ils disposent d’une certaine marge de manoeuvre, sans pouvoir opérer des choix isolément, devant tenir compte des autres parties. Le centre de gravité du métier d’archiviste a bougé. Difficile de dire où il ira se fixer.

Les podcasts d'Archimag
Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".