Edito de l'Archimag n°267 de septembre 2013 - Limiers

Michel Remize, rédacteur en chef d'Archimag. Archimag

 

La recherche d'information est un monde complexe. Technologiquement et techniquement.

Prenez la mise en place d'un moteur de recherche d’entreprise. Il faut indexer les bases, transversales ou métiers, ces fameux silos. Elles ne sont pas toutes issues d’une Ged. Parfois, le seul fait de les répertorier est en soi un projet ! Indexer l’annuaire de l’entreprise – est-il à jour ? Se brancher sur les espaces collaboratifs, sur l’intranet, sur le site internet… On est confronté à des questions de formats, de connecteurs, de statuts de document, de droits d’accès, de vocabulaire, de volumétrie… Et aussi de fonctionnalités, paramétrage et ergonomie des requêtes et restitutions de résultats… Ensuite, il faudra former les utilisateurs.

Les moteurs de recherche en ligne n’ont que l’apparence de la simplicité. Google fait appel à des armées d'ingénieurs et développeurs pour mettre au point des algorithmes comptant des kilomètres de lignes de code. Un éditeur de moteur sémantique spécialisé ou métier dispose de moins de moyens humains. Il recourt à des doctorants et docteurs et met des années pour arriver à une solution opérationnelle.

Quant à la technique de recherche, on le répète régulièrement, si rechercher de l'information est la profession de certains, documentalistes et veilleurs, c'est bien qu'elle ne s'improvise pas. Elle repose sur un réel savoir-faire enseigné sur les bancs de l’université. Le professionnel sera d’autant plus compétent qu’il disposera aussi d’une solide culture générale ou spécialisée construite au fil des ans.

Le fait que l'on parle de plus en plus de recherche sociale n'apporte aucune simplicité. La recherche sociale est une couche supplémentaire dans la recherche d’information, qui demande elle-même un nouveau savoir-faire. Il s’agit de savoir à la fois explorer les réseaux sociaux pour récupérer une information et utiliser ses propres réseaux pour répercuter ses requêtes. Méfiance : cela revêt de faux airs de « demander à un ami, il connaît vos besoins et a l'expertise de votre domaine ». En réalité, la question de la validation notamment ne s’en trouve pas annihilée.

La quantité d’informations disponibles aujourd’hui est sans précédent. Nous en produisons de plus en plus. Logiquement, nous devrions être mieux informés. En fait, cela n’a rien d’évident. C'est peut-être cela qui fonde notre passion de professionnels de l'information. Et fait frémir nos instincts de limiers quand il s'agit de partir à la recherche de la pépite.

Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.