Le Conseil d'analyse stratégique avance cinq recommandations pour aider la presse à trouver un modèle économique viable.
En 1989, 43 % des Français déclaraient lire un quotidien payant tous les jours. Ils n'étaient plus que 36 % en 1997, puis 29 % en 2008. A cet effondrement des pratiques de lecture, il faut ajouter une chute des recettes publicitaires et la concurrence des contenus numériques proposés gratuitement par des méga opérateurs comme Google ou Yahoo. Face à un modèle industriel dépassé, le Conseil d'analyse stratégique (CAS) avance cinq propositions destinées à faciliter la migration de la presse papier vers l'économie numérique.
La première recommandation vise à étendre l'opération "Mon journal offert" aux abonnements numériques des quotidiens et des sites d'information en ligne. L'opération "Mon journal offert", lancée en 2008, permet à 200 000 jeunes âgés de 18 à 24 ans, de profiter d'un abonnement gratuit à l'un des 59 quotidiens parisiens et régionaux. Cet abonnement numérique serait toutefois limité à une période de six mois contre un an pour les abonnements papier.
Deuxième proposition, développer des modules d'ingénierie informatique et en journalisme de données (data journalisme) dans les formations de journaliste. Cette mesure vise à doter les journalistes d'une double compétence éditoriale et technologique.
Pour sa troisième recommandation, le Conseil d'analyse stratégique souhaite rassembler la filière journalistique française dans un laboratoire de réflexion en ligne. Objectif : trouver de nouveaux moyens de rendre l'information numérique rentable et stable. Selon le CAS, ce laboratoire doit être créé en dehors des pouvoirs publics et s'appuyer sur le concours des syndicats de presse et des écoles de journalisme.
La question des subventions est au centre de la quatrième recommandation du Conseil d'analyse stratégique qui préconise un ciblage des projets numérique les plus innovants. Le fonds d'aide au développement des Services de Presse en Ligne (SPEL) serait versé en priorité aux journaux qui créent des contenus enrichis et des applications originales. En filigrane, cette proposition critique les "fonds qui ont été utilisés simplement pour mettre en ligne des journaux papier sans réellement proposer d'innovation".
La cinquième proposition prône un alignement du taux de TVA de la presse en ligne payante - qui s'élève aujourd'hui à 19,6 % - sur celui de la presse papier qui bénéficie d'un taux de 2,1 %. Cette recommandation s'appuie sur une résolution du Parlement européen qui, le 17 novembre dernier, préconisait "un taux réduit de TVA sur les services à contenu culturel fournis par voie électronique". Au même moment, Nicolas Sarkozy annonçait sa volonté d'appliquer un taux de TVA réduit de 7 % sur les livres électroniques contre 19,6 % à ce jour.