La justice israélienne a ordonné que les manuscrits de Franz Kafka, dont certains inédits, soient remis à la Bibliothèque nationale d'Israël. Pourtant, un document manque à l'appel : le manuscrit du Procès...
C'est à son ami et poète Max Brod que Franz Kafka confie l'exécution de ses dernières volontés, parmi lesquelles celle de détruire ses manuscrits non publiés après sa mort, en 1924. Max Brod désobéit, compte tenu de la valeur littéraire inestimable des documents, et lorsqu'il fuit l'Allemagne nazie pour la Palestine en 1939, c'est avec les précieux manuscrits dans ses valises.
Lorsque le poète décède en 1968, c'est son ancienne secrétaire, Esther Hoffe, qui récupère le trésor littéraire. Sa fille Eva en hérite en 2007, mais sans le manuscrit du Procès : 20 ans plus tôt, sa mère l'avait vendu chez Sotheby's pour près de 2 millions de dollars aux Archives littéraires de la ville de Marbach (en Allemagne). Pourtant, le statut juridique de ces transmissions reste flou : Brod a-t-il légué ou donné les manuscrits ? La famille Hoffe avait-t-elle le droit d'en disposer et de les revendre ?
C'est ce que le tribunal israëlien vient de trancher le 14 octobre dernier en ordonnant à Eva Hoffe de restituer les dizaine de milliers de documents qu'elle conservait dans des banques israéliennes et suisses, ainsi que dans son appartement de Tel-Aviv, cambriolé trois fois et colonisé par les chats. De son côté, l'Allemagne refuse de restituer Le Procès à Israël. Pourtant, ce jugement stipule qu'Eva Hoffe n'était pas la propriétaire légale du manuscrit : Marbach l'aurait donc acheté illégalement...