Portrait d'Olivier Roumieux, chef de la bibliothèque numérique de la Cité des sciences et de l'industrie (Universcience) et... ancien journaliste d'Archimag !
C’est l’un de ses livres de chevet. Le pendule de Foucault, vendu à plus de quinze millions d’exemplaires dans le monde, a séduit un large public en quête d’interprétations symboliques et ésotériques. Mais pour Olivier Roumieux, son intérêt réside ailleurs : « J'ai été très marqué par ce personnage qui passe son temps à fouiller les fichiers de l'ordinateur de son ami. Umberto Eco décrit des réseaux de connaissances et des ressources que l'on peut interroger et combiner à volonté. Aujourd'hui, c'est devenu un métier que je connais assez bien... » A la tête de la bibliothèque numérique de la Cité des sciences et de l’industrie (Universcience), Olivier Roumieux développe avec son équipe de nouveaux produits documentaires : dossiers thématiques, portraits de scientifiques, sélections de ressources numériques… Une fonction qui se trouve au carrefour de son intérêt pour l’éditorial et la technique. « J’ai découvert l’informatique à l’âge de douze ans avec l’ordinateur Sinclair ZX 81. C’était passionnant, mais, en même temps, d’autres domaines m’intéressaient ». C’est ainsi qu’il se retrouve quelques années plus tard à la Sorbonne où il se consacre à l’écriture d’un mémoire de maîtrise d’histoire médiévale portant sur Sorcières et sexualité à la fin du XVe siècle, au travers de Malleus Maleficarum (1486)… Un thème aux antipodes des réseaux informatiques qui lui vaudra tout de même une mention très bien !
une époque de foisonnement technologique
Parmi les débouchés promis aux jeunes diplômés en histoire, l’enseignement figure en bonne place. Mais Olivier Roumieux ne se voyait pas occuper un poste de professeur. En 1992, il intègre l’Institut national des sciences et techniques de la documentation (INTD). « On y parlait déjà de réseaux, de ressources documentaires à distance ». Au milieu des années 1990, Olivier Roumieux parcourt le web en précurseur grâce à son premier poste à la bibliothèque centrale de l’Ecole polytechnique où il entre juste après son service militaire : « C’était une époque de foisonnement technologique où l’on testait de nouvelles applications alors que le web venait de naître. Je me souviens encore du jour où un informaticien m’a remis une disquette avec la version 0.94 du navigateur Netscape ! » Les collections sont éloignées de ses centres d’intérêt de l’époque : chimie, biologie, géologie, médecine… Mais l’expérience lui permet de découvrir le métier de bibliothécaire tout en développant les usages du net pour ses collègues. Il part notamment à la recherche de serveurs de bibliothèques pour découvrir des méthodes alternatives de catalogage. Simultanément, il se lance un nouveau défi : intégrer un DESS médias électroniques interactifs à Paris 8. Nous sommes en 1996. L’époque est aux cédéroms, au multimédia et aux visites virtuelles du château de Versailles. A ses yeux, cette profusion d’information incarne « une promesse de démocratisation de la culture un peu illusoire avec le recul ». Néanmoins, il pressent également les bouleversements qui vont bousculer le monde de l’information-documentation. Le titre de son mémoire est explicite : « L’impact de l’internet sur la profession de bibliothécaire ». Pour la deuxième fois, il récolte une mention très bien.
journaliste à Archimag
Nouveau basculement dans sa vie : en 1997, il devient journaliste à… Archimag. Jusqu’en 2003, il réalisera tous les genres journalistiques : reportage, enquête, interviews, dossiers, portraits… Il se souvient encore de communiqués de presse annonçant des produits innovants, mais aussi farfelus. Tout comme il se rappelle de levées de fonds qui ont précédé l’explosion de la bulle internet en 2000. « Ces années à Archimag m’ont beaucoup apporté et m’ont fait rencontrer des gens très différents. C’était un intéressant poste d’observateur qui m’a permis de raconter ce que faisaient les gens ». Mais à force de raconter ce que font les autres, Olivier Roumieux souhaite lui aussi remettre les mains dans le cambouis. Ce désir de changement le mènera à la Documentation française en tant qu’administrateur de sites. Un poste plus technique que les précédents, fonctionnellement situé entre le service informatique et les équipes éditoriales, qu’il occupera six ans avant de devenir, en 2010, responsable éditorial au sein de l’Association des professionnels de l’information et de la documentation (ADBS). Aujourd’hui, depuis son bureau de la Cité des sciences et de l’industrie, Olivier Roumieux se consacre à d’autres défis : développer de nouveaux contenus en ligne, repenser la médiation numérique. « Il faut donner envie aux gens d’aller vers nos ressources… »