Pascal Wagner : chef de choeur de l’ABF

«Il y a quelques mois, je n’aurais jamais imaginé être à la tête de l’ABF. C’est l’ancien bureau qui m’a poussé, moi, petit bibliothécaire à la tête d’une petite médiathèque, à me présenter… ». Pascal Wagner a, au moins autant que son chantant accent languedocien, l’humilité chevillée au corps. Élu le 31 janvier dernier à la tête de l’Association des bibliothécaires français, c’est justement l’argument de la re - présentativité des établissements modestes que son prédécesseur, Dominique Arot, a employé pour le convaincre. « Cette élection, estime Pascal Wagner qui était trésorier lors du précédent mandat, c’est avant tout une dynamique qui se poursuit, le conseil national souhaitant une continuité entre l’ancien et le nouveau bureau ». Cette dynamique consiste d’abord en la structuration de l’Interassociation Archives Bibliothèques Documentation (IABD), « mais c’est surtout Dominique Lahary, vice-président, et que je connais depuis plus de vingt ans, qui est sur ce chantier, notamment en tant que porte-parole de l’IABD », explique le discothécaire de formation. Sensible à la démarche associative dans un cadre professionnel – il participe également activement à l’Association pour la coopérationdes professionnels de l’information musicale –, Pascal Wagner souligne « la vraie richesse de cette structuration associative, qu’elle soit thématique, institutionnelle ou humaine », mais soulève également le risque d’un certain émiettement, « tout cela étant à coordonner afin, à terme, d’aboutir à une fédération représentative de tous ». Présence accrue sur le numérique et recentrage sur les publics sont également au programme. Est-ce à dire que ce Montpelliérain de naissance et de coeur va faire de la médiation numérique – particulièrement en vogue depuis quelques mois – une des priorités de ces trois prochaines années ? Pas si sûr, car notre homme n’a rien d’un exalté : « Dire que le public prime sur les collections est une chose », expliquet- il ; « dire que c’est la médiation qui prime en est une autre. Il est clair que la constitution d’un fonds documentaire indépendamment du public est définitivement hors-jeu, mais répondre aux besoins du public tous azimuts et à n’importe quel prix peut avoir des effets pervers ». Pascal Wagner souhaite ainsi un débat entre professionnels afin de redéfinir les fonctions et les tâches sur lesquelles se concentrer, car « il est facile de déraper dans un sens ou dans l’autre. Je tiens à rester pragmatique et réactif ».

Le nouveau président de l’ABF apparaît comme un honnête homme tel que le XVIIe siècle le prônait, idéal de modération, de tempérance et d’équilibre. C’est ainsi qu’il explique – et notamment en terme de médiation – se méfier des prescripteurs et des formules pouvant d’avérer blessantes : « Attention aux grosses locomotives avançant à toute vitesse sans considérer qu’elles peuvent heurter certains collègues pris dans leur quotidien fonctionnel et qui ne parviennent pas à suivre ces débats ». Pacificateur entre nouvelle et ancienne génération de professionnels – « en tout cas, si je peux y contribuer dans le cadre de mes fonctions, j’en serai heureux » –, Pascal Wagner ne stigmatise personne, soulignant tant « la bonne foi et l’indispensable travail de veille effectué par les biblioblogueurs » que sa volonté « d’éviter comme la peste toute ringardisation ». S’il n’a rien d’un geek, le nouveau président de l’ABF est ouvert à tout. Il met régulièrement en garde ses deux adolescentes de filles contre une utilisation irraisonnée des réseaux sociaux, mais promet dans un sourire qu’il va songer à ouvrir un compte Twitter ou Facebook. Méfiant envers les trompettes de la renommée et pratiquant le chant au sein d’une chorale depuis de nombreuses années, il ne manque à Pascal Wagner que les bacchantes pour faire figure de Brassens bibliothécaire. Après tout, Montpellier n’est qu’à un jet de pierre de Sète. 

Profil

Pascal Wagner
53 ans
2000 Médiathèque de Saint-Jean-de-Védas (Hérault) : 1000 m2 et 12 agents.
1981 Embauché comme sous-bibliothécaire à la BM de Montepllier pour constituer la discothèque de prêt
1979 CAFB (certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire) option discothèque.