technologie RFID

 

Les puces RFID semblent en mesure de relever les défis posés par les contraintes liées à la traçabilité. Cette technologie est désormais considérée comme stratégique. Elle exige néanmoins une solide réflexion avant tout déploiement en entreprise. Certains s’interrogent déjà sur les conséquences éthiques, en termes de respect de la vie privée, de sa généralisation.

 La téléidentification ou radio-identification, basée sur la technologie RFIDi (Radio frequency identidication), provoque la curiosité, voire l’engouement, auprès des professionnels de tous les secteurs. Les promesses de ces petites vignettes à puce électronique permettant de localiser en temps réel un véhicule, un bagage ou un colis sont en effet séduisantes pour les entreprises confrontées àla gestion de flux de biens physiques. On ne compte plus les applications dérivées de cette méthode d’identification par radiofréquences : les transports– comme Navigo, le passe sans contact proposé par la RATP aux voyageurs franciliens –, la traçabilité alimentaire, la gestion de stocks, la localisation de valises dans un aéroport, la surveillance de troupeaux grâce à l’implantation sous-cutanée d’une puce dans le cou des animaux, le classement automatique des coureurs du Tour de France – sans implantation sous cutanée! – lorsqu’ils franchissent le portique de comptage.
La téléidentification présente de nombreux avantages: la lecture des données sans contact direct avec l’étiquette – à travers un container, par exemple, ou à une distance de plusieurs mètres –, la bonne résistanceà l’encrassement et l’écriture d’informations pendant le processus. Seul inconvénient, son prix, estimé entre vingt et cinquante centimes d’euro, soit pour l’instant plus élevé que celui d’autres méthodes d’identification comme le code à barres. L’implémentation de solutions RFID dans les organisationsdevrait être hâtée par la montée en puissance des obligations légales liées à la traçabilité. Les entrepreneurs devinent rapidement les bénéfices à tirer decette technologie. Ils doivent néanmoins veiller à nepas de se précipiter aveuglément vers la première solution proposée. Leur déception pourrait être à la hauteur de leurs espoirs.
 
sélection extrêmement rigoureuse

A l’occasion d’une rencontre organisée par le Club des adhérents de l’Afnori le 14 septembre dernier, Marc">i Moreau, chargé de mission à la Direction générale des entreprises auprès du ministère de l’Economie et des Finances, a souligné que le déploiement d’une solution RFID se soldait parfois par un échec, faute de préparation. Afin de réduire ces risques, il préconise de procéder à une sélection extrêmement rigoureuse des offreurs RFID et explique que le service accompagnant la mise en place d’un système RFID doit impérativement être étudié avant de faire son choix.
Même son de cloche chez Joël Sarraillon du Pôle traçabilité de Valence, organisme indépendant à but non lucratif dédié au conseil et à l’expertise. Il recommande de mener une solide réflexion avant de choisir une offre. Pour lui, « il n’y a pas de solution standard etunique » et cinq étapes sont à suivre par les entreprisespour réussir leur migrationi vers le RFID :
1.Qualifier et quantifier les besoins de traçabilité de l’entreprise, fixer des objectifs réalistes, évaluer les risques.
2.Qualifier et quantifier les besoins RFID, définir les objets à tracer, analyser le besoin étape par étape, rédiger un cahier des charges fonctionnel.
3.Calculer le retour sur investissement, établir un comparatif poste par poste par rapport à une solutionde code à barres, identifier et expliquer les écarts entre les deux solutions.
4.Sélectionner les offres proposées, veiller à la conformité des solutions, retenir le même opérateur pour le couple étiquette-lecteur, demander un test en situation, s’assurer de la pérennité financière de l’offreur.

 
gains logistiques

Joël Sarraillon explique que l’observation de ces cinq étapes génère des gains significatifs en matière de logistique: diminution des erreurs d’acheminement, baisse des litiges pour vol ou égarement, réduction des coûts d’assurance, accroissement de la réactivité commerciale, respect des engagements, amélioration des relations avec les clients.
Les capacités de la technologie RFID n’ont pas échappé aux compagnies aériennes, soucieuses de transporter personnes et objets en toute sécurité et ponctualité. Le groupe Air France-KLM transporte 70 millions depassagers par an, exploite une flotte de 561 avions, dessert 247 destinations réparties dans 104 pays et assure plus de 1 700 vols par jour. Cette cadence en fait le premier transporteur de passagers en Europe, le premier dans le monde en termes de voyageurs intercontinentaux et le premier opérateur mondial de fret. En cas de retard ou de perte de bagages, sa réputation faiblit…
 
capturer un événement

Dominique Radonde, architecte des solutions RFID au sein de la direction générale des systèmes d’information d’Air France, rappelle que la compagnie aérienne doit traiter en temps réel de copieuses informations: les flux de passagers et de fret, la gestion d’environ quatre-vingts millions de bagages par an, le contrôle de la maintenance des aéronefs, le suivi des incidents. « Il faut capturer un événement et lui donner du sens », explique-t-il en ajoutant que dans cette masse considérable de données, il faut faire le tri entre celles indispensables et les autres, plutôt inutiles. Pour lui, « la RFID pourrait apporter des réponses à tous ces défis. Air France mène une réflexion depuis deux ans sur son éventuel déploiement. Si nous intégrons une solution RFID, cela devra se faire dans le cadre d’un système d’information déjà existant ». Il convient d’incorporer à une telle problématique la normalisation des systèmes mis en place dans les différents pays. Déjà, des normes existent en ce qui concerne le coeur de la technologie RFID, pour les bandes de fréquence, par exemple. Cependant, un standard international devra prévaloir dans le secteur aérien. L’Association internationale du transportaérien (IATA) a d’ores et déjà engagé des travaux préparatoiresdans le domaine avec les transporteurs.
 
technologie stratégique

La radio-identification devient une inépuisable muse inspiratrice de l’aviation commerciale : carte d’embarquement intelligente, mémorisant les coordonnées et les préférences culinaires du voyageur – avec des risques d’atteinte à la vie privée non négligeables… –, traçage des pièces mécaniques, information en temps réel sur le cycle du bagage, de sa sortie de l’avion à son arrivée sur le tapis de distribution. Dominique Radonde estime que la RFID constitue « une technologie stratégique » susceptible de générer de nombreux profits de productivité dans un avenir proche, mais seulement après une importante phase d’acquisition de connaissances. Un enjeu qui intéresse tout autant la technologie elle-même que les usages qu’en feront les hommes.

assises régionales du Pôle traçabilité à Valence

Le Pôle traçabilité est un organisme indépendant à but non lucratif dont l’objectif est de conseiller les entreprises qui souhaitent mettre en place un système de traçabilité. Il a organisé le 12 octobre les Assises régionales de la traçabilité 2006 au pôle universitaire de Valence (Drôme), réunissant des exposants et des acteurs impliqués du domaine.
www.poletracabilite.com
 

Les podcasts d'Archimag
Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.