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Bibliothèques à l’hôpital : une présence inégale auprès des malades

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    Le rôle des médiathèques ne se réduit pas au prêt d’ouvrages. De nombreuses actions culturelles ont été mises en place pour améliorer le sort des malades. (Pixabay/PublicDomainPictures)
  • Les bibliothèques sont les grandes méconnues du milieu hospitalier. Pourtant, des centaines de bibliothécaires - bénévoles pour la plupart - améliorent le séjour des malades. Et leurs actions vont bien au-delà du simple prêt de livres.

    Chaque année, environ un million de patients sont hospitalisés au sein de l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). Autant de lecteurs potentiels pour les 20 médiathèques des établissements hospitaliers parisiens ! Mais tous n’ont pas le cœur à fréquenter les bibliothèques mises à leur disposition. Pourtant, les médiathèques accueillent un nombre honorable d’usagers : « En 2012, 163 000 personnes hospitalisées ont bénéficié de l’offre culturelle de nos 20 médiathèques réparties au sein de l’AP-HP, précise Claudie Guérin la coordinatrice des médiathèques et centres de documentation de l’AP-HP ; les médiathèques sont très fréquentées et utilisées dans les hôpitaux où elles sont présentes ».

    Dans l’univers des bibliothèques à l’hôpital, l’AP-HP fait figure d’exception. Leur fonctionnement est assuré par des bibliothécaires professionnels alors que le bénévolat prévaut très majoritairement dans les autres régions françaises. L’AP-HP compte ainsi 23 bibliothécaires assistés de 15 aides-bibliothécaires. Les médiathèques sont ouvertes aux patients bien sûr mais également à leur famille ainsi qu’aux 90 000 agents de l’institution.

    374 000 documents

    Au total, les usagers peuvent accéder à 374 000 documents multisupports qui s’enrichissent au rythme de 25 000 acquisitions par an. Les patients peuvent y rencontrer des médecins et des infirmières dans un cadre moins stressant que les chambres d’hôpital : « Cela crée une mixité, souligne Claudie Guérin ; chacun peut y trouver les documents qu’il recherche car notre politique d’acquisition est très large. Nous achetons des livres, des revues, des CD et des DVD pour toute la communauté hospitalière et également de la documentation ». Livre numérique oblige, les médiathèques de l’AP-HP proposent depuis quelques mois des liseuses ; une soixantaine d’unités est mise à disposition des usagers.

    Le rôle des médiathèques ne se réduit pas au prêt d’ouvrages. De nombreuses actions culturelles ont été mises en place pour améliorer le sort des malades : lecture à voix haute au chevet du patient ou en groupe, ateliers graphiques, expositions, conférences et visites du Louvre pour les patients qui peuvent se déplacer… « Ce partenariat avec le Louvre est récent et il est très apprécié par les malades. Il nous encourage dans notre volonté de rendre leur séjour à l’hôpital plus agréable et ouvert sur la vie », constate Claudie Guérin. En tant que coordinatrice des médiathèques, elle a une autre mission : défendre et promouvoir le travail des médiathèques devant les directeurs d’hôpitaux qui tiennent les cordons de la bourse. Autant dire qu’en période de compression budgétaire, la tâche n’est pas aisée…

    Convention « Culture et Santé »

    La présence de bibliothèques au sein des établissements hospitaliers ne doit rien au hasard. Les ministères de la Culture et de la Santé ont signé en 1999 une convention qui « réaffirme l’importance d’une action interministérielle en matière de culture au sein des établissements de santé ». Des musées, des centres d’archives, des salles de cinéma ont ainsi noué des jumelages avec les hôpitaux. C’est aussi le cas des bibliothèques. Mais toutes n’ont pas la chance de disposer des mêmes moyens que l’AP-HP.

    Ailleurs en France, ...

    on dénombre quelques cas où des bibliothécaires municipaux sont détachés quelques heures par semaine auprès des hôpitaux. Parfois, du personnel soignant se porte volontaire pour animer les bibliothèques. Mais dans l’immense majorité des cas, ce sont des bénévoles qui deviennent bibliothécaires. « Notre association regroupe près de 2 000 bénévoles, explique Michèle Guyon, secrétaire de la Fédération nationale des associations de bibliothèques en établissement hospitalier (FNABEH) ; et notre objectif principal est de former ces bénévoles au métier de bibliothécaire car nous utilisons les mêmes règles de classement que dans les bibliothèques municipales ».

    90 % de femmes parmi les bénévoles

    En 2013, la FNABEH a fait ses comptes : le bénévolat a représenté 181 000 heures de travail et 346 500 documents ont été prêtés. Et, sans surprise, le bénévolat est assuré par des femmes à 90 %… On note également la présence significative de jeunes retraités issus du milieu enseignant.

    La FNABEH fonctionne grâce à des subventions provenant des hôpitaux mais aussi d’associations comme le Lions Club ou la Ligue contre le cancer. Selon le montant des subventions - et la bonne volonté de la direction de l’hôpital - les locaux attribués aux bibliothèques sont plus ou moins spacieux, plus ou moins bien situés : « A Bordeaux, il y a une très belle médiathèque tandis qu’à Dinan où je travaille, je suis reléguée au 7e étage », constate Michèle Guyon.

    Du côté des prestations offertes aux usagers, là aussi, tout dépend des établissements. Dans les grands hôpitaux, les bénévoles passent avec un chariot de livres dans les chambres plusieurs fois par semaine ; dans les établissements les plus modestes, ce passage est seulement hebdomadaire. Mais des séances de lecture à voix haute sont régulièrement organisées au chevet des patients ou en groupe.

    Dans tous les cas, les bénévoles sont tenus de respecter quelques règles : comment approcher un malade ? comment réagir face à la douleur du patient ? comment ne pas s’effondrer en larmes dans un service de soins palliatifs ? Les bénévoles peuvent bénéficier du soutien de psychologues afin d’adapter leur comportement selon l’âge et la pathologie du patient. Ils sont également tenus au devoir de réserve.

    Apporter les livres, apporter la vie

    Dans la région lyonnaise, le bénévolat est supervisé par l’Association des Bibliothèques d’Hôpitaux de Lyon et se région (ABH). Créée en 1938, l’association compte aujourd’hui deux salariées et 240 bénévoles. « A Lyon, les bibliothèques d’hôpital sont bien soutenues par la mairie. On en trouve dans les hôpitaux publics, les hôpitaux privés et les maisons de retraite », se réjouit Dominique Fontanille, permanente au sein de l’ABH. L’association peut également compter sur les subventions du conseil général du Rhône et des Hospices civils de Lyon.

    Les bibliothécaires bénévoles procèdent au passage traditionnel du chariot dans les chambres. Le prêt de livres est entièrement gratuit et lié à la durée d’hospitalisation. Un comité de lecture se réunit tous les mois pour décider des acquisitions. Question délicate : peut-on proposer tous les types d’ouvrage aux malades… ? La réponse a été tranchée par l’ABH qui a décidé d’écarter les livres qui évoquent le suicide ou les corps estropiés. Trop violent et inapproprié pour des lecteurs en situation de souffrance. Le choix se porte plutôt sur « des livres relativement faciles à lire car les patients n’ont pas envie de se prendre la tête : voyages, romans, art…, souligne Dominique Fontanille ; en apportant des livres, nous apportons la vie ! »

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