Publicité

Non, internet ne nuit pas à la lecture. Pourtant, les profs le pensent...

  • livre volant.jpg

    "For­mer les ensei­gnants, assu­rer par­tout l'arrivée du très haut débit et que les éditeurs de livres puissent mettre les conte­nus sous forme numé­rique" est l'objectif de l'Etat français pour cette année. (Pixabay/jarmoluk)
  • Pourquoi le numérique n'entre-t-il pas véritablement dans les classes du secondaire en France ?

    Le numérique éducatif français serait-il à la traîne par rapport au reste du monde ? Deux études publiées ce jeudi 11 septembre, l'une aux États-Unis et l'autre en France, le suggèrent en se répondant étrangement. La première révèle que l'utilisation d'internet et de technologies numériques ne nuirait en rien à la pratique de la lecture chez les jeunes ; pire, ils liraient plus que leurs aînés !

    Mais la seconde, menée par le ministère de l'Education nationale, pointe du doigt de son côté le peu d'intérêt que trouvent les enseignants du secondaire français dans le numérique éducatif : moins d'un professeur sur deux serait convaincu de ses bénéfices. Mais s'agit-il vraiment d'une méconnaissance de ces atouts ou d'une aversion au changement ? Ni l'un ni l'autre...

    Un livre de plus par an

    Revenons d'abord à la première étude, que l'on doit à l'institut de sondages spécialisé en sciences sociales Pew Research Center, basé à Washington. Celui-ci s'est intéressé à la fréquentation des bibliothèques publiques par les jeunes américains. Selon ces chiffres, les membres de la "génération Y" (familiers dès l'enfance des terminaux numériques, d'internet et des jeux vidéo) seraient plus susceptibles que leurs aînés de plus de 30 ans, d'avoir lu un livre, numérique ou papier, dans l'année précédant l'enquête. Internet ne nuirait donc en rien à la lecture chez les jeunes, loin de là.

    29 % des ensei­gnants uti­lisent le numé­rique quotidiennement

    Mais les professeurs ont-ils pour autant véritablement perçu l'intérêt d'utiliser ces technologies numériques dans l'éducation ? Rien n'est moins sûr, comme le prouve le rapport Profetic 2014, publié par le ministère de l'Education nationale français début septembre sur Eduscol. En effet, moins d'un enseignant du secondaire sur deux serait convaincu de l'utilisation du numérique dans l'éducation. Seuls 29 % de ceux disposant de ressources numériques de pointe au sein de leur établissement en feraient un usage quotidien.

    Vieux grincheux ?

    Pourquoi si peu d'entrain ? Ces vieux grincheux croient-ils qu'internet provoquera bientôt le naufrage d'une jeunesse ignare, et avec elle celle de la société ? Que neni : les principaux facteurs dissuasifs relevés par les enseignants utilisant les Tice relèvent d'avantage d'un manque criant de moyens que d'une opposition ferme à utiliser ces technologies.

    Sont pointés du doigt la taille des groupes d'élèves (48 %), l'équipement informatique insuffisant (47 %), obsolète, défectueux, ou inadapté (46 %) et un débit réseau ou Internet insuffisant (42 %). Peut être le grand plan pour le développement du numérique dans les classes annoncé par le gouvernement à la rentrée dernière inversera-t-il cette tendance ? Rendez-vous dans un an...

    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
    Publicité

    sponsoring_display_archimag_episode_6.gif