Un rapport publié lundi 8 juin par le ministère de la Culture montre qu’une grande partie des Français plébiscite l’ouverture des bibliothèques le dimanche.
Le débat avait fait rage il y a quelques mois. Doit-on ouvrir les bibliothèques le dimanche ? Les horaires d’ouvertures des bibliothèques, calquées sur les horaires de bureaux, étaient estimées inadaptées et insuffisantes à la demande de la population. La diversité des publics usagers requiert en effet une plus grande amplitude des jours et heures d’ouvertures des bibliothèques et l’ouverture le dimanche a été présentée comme une des solutions pour palier au problème.
L’étude d’impact sur l’optimisation des horaires d’ouvertures des bibliothèques territoriales du cabinet Ourouk pour le ministère de la Culture et la bibliothèque publique d’information montre que l’ouverture le dimanche est un franc succès, plébiscitée par les usagers.
Le rapport présente les bilans de projets d’aménagement des horaires d’ouverture des bibliothèques de six collectivités, dont trois qui ouvrent le dimanche. 145 établissements ont été interrogés sur leurs retours d’expérience dans le cadre d’une enquête en ligne pour en sortir une tendance générale.
L’ouverture du dimanche, une demande de plus en plus forte
Laurent Pagès, directeur du réseau des médiathèques de la communauté de communes d’Aire sur l’Adour, souligne que « les horaires conditionnent les publics qui, à leur tour, conditionnent les usages. Les horaires sont donc, dans cette mesure, un des leviers de la fréquentation ». Brigitte Proucelle, directrice générale des Affaires Culturelles de Bordeaux, estime qu’il est « pertinent d’avoir accès le dimanche également à la connaissance, à des espaces de contacts sociaux… qu’offrent les bibliothèques ».
Le succès de la récente ouverture le dimanche du centre culturel des Corderliers dans le Jura montre une véritable attente de la population. Le dimanche représente 15% des inscrits emprunteurs et 17% des prêts. De manière générale, la fréquentation dans les bibliothèques ouvertes le dimanche est très importante. « Le succès de l’ouverture le dimanche a très largement dépassé les prévisions et se maintient dans le temps », pointe le rapport. De façon unanime pour les usagers, l’ouverture du dimanche est qualifiée de « formidable » et de « gros plus ».
Une fréquentation dominicale plus familiale
Les agents de la médiathèque Visages du Monde de Cergy notent que « les visiteurs du dimanche sont plutôt des familles, qui se déplacent au complet et prennent le temps d’apprécier le lieu ». Un constat partagé par le directeur des Cordeliers Emmanuel Maryne : « le public vient sur ce créneau en promenade culturelle, familiale, pour profiter du lieu ».
Le public usager est donc très différent de celui de la semaine qui concentre plutôt les étudiants, les visiteurs en promenade ou les actifs en pause.
Les bibliothèques évoluent de plus en plus comme des espaces culturels et de loisirs. Elles organisent des activités et des animations, le plus souvent gratuites, dans leurs locaux. Le public se dirige donc naturellement vers ces lieux pour passer un moment agréable comme il peut le faire dans d’autres espaces culturels ludiques comme les musées ou les cinémas.
Des difficultés d’ordre financier et organisationnel
La principale difficulté d’ouvrir le dimanche reste le coût que ça engendre. Les vacations sont le principal outil utilisé pour renforcer les ressources humaines et les salariés demandent très souvent une compensation financière pour travailler le dimanche.
L’ouverture dominicale demande une totale réorganisation du temps de travail des agents. Elle demande aussi une réflexion sur les services proposés, la clientèle étant à la recherche d’un lieu convivial et vivant.
La dernière partie du rapport propose un guide méthodologique pour les bibliothèques qui souhaitent entamer une réflexion sur l’ouverture du dimanche selon ses moyens et les attentes de ses usagers.
La France est très en retard par rapport aux autres pays. Les bibliothèques publiques et universitaires peuvent ouvrir entre 70 et 100 heures par semaine dans le reste de l’Europe ainsi qu’aux Etats-Unis, au Canada et en Asie.
