L'équipe de Charmaghz travaille également au quotidien pour influencer les politiques d'éducation en Afghanistan.
Avec seulement trois adultes sur dix capables de lire, l'Afghanistan a l'un des taux d'alphabétisation les plus bas du monde, selon l'Unesco, l'agence culturelle des Nations Unies. Et bien que le système éducatif progresse d'année en année depuis l'ère des talibans, les statistiques officielles montrent que trois millions d'écoliers sont encore privés d'éducation. La plupart des écoles publiques n'ont d'ailleurs même pas de bibliothèque. Depuis janvier dernier, un bus-bibliothèque baptisé "Charmaghz" tente de palier ces manques en sillonnant les rues de Kaboul, la capitale du pays. Créé par une jeune diplômée d'Oxford de 26 ans, il accueille chaque jour près de 300 enfants gratuitement.
Créer une opportunité pour la pensée critique
"Charmaghz est un sanctuaire pour les enfants de Kaboul, un endroit où les enfants peuvent être des enfants" explique Manizha Baraki, qui organise actuellement une collecte de fonds pour "Charmaghz".
"Notre mission est de créer une opportunité pour la pensée critique et de permettre aux enfants afghans de 18 ans et moins de s'interroger, de lire, de poser des questions, d'être eux-mêmes et de s'amuser, explique Freshta Karim, la jeune femme à l'origine du projet, sur son site internet ; nous pensons que la création d'un environnement favorable et constructif tel que Charmaghz aidera nos enfants à devenir des individus positifs et ouverts d'esprit".
Le premier bus-bibliothèque de Kaboul
Le nom de "Charmaghz", qui veut dire à la fois "noix" et littéralement "quatre cerveaux" en persan, a été choisi pour sa signification et la ressemblance de ce fruit à coque avec le cerveau, afin de véhiculer la notion de réflexion, que la bibliothèque mobile souhaite insuffler.
Le premier bus-bibliothèque de Kaboul, loué à la compagnie publique de transports, réalise six jours par semaine le même circuit, en stationnant pendant deux heures devant des emplacements stratégiques tels que des écoles, des parcs ou encore des orphelinats. Il met à la disposition plus de 600 ouvrages, offerts par des éditeurs afghans.
Réfugiée diplômée de Oxford
"Quand j'étais enfant, je n'avais pas l'occasion d'aller à la bibliothèque et de lire les livres que je voulais lire", déclarait Freshta Karim à la Fondation Thomson Reuters en mars dernier. C'est avec l'aide de trois amis que la jeune femme de 26 ans, qui a grandi dans un camp de réfugiés au Pakistan, a lancé le "Charmaghz". Partie étudier à l'étranger grâce à des bourses, elle est aujourd'hui diplômée d'Oxford et souhaite ainsi partager la magie de la lecture avec les enfants de son pays.
"Nous sommes un groupe de jeunes Afghans qui ont été témoins de la guerre et de son impact direct sur notre enfance, explique le site internet de Charmaghz ; notre enfance, comme des millions d'autres enfants afghans, a été perdue avant que nous puissions la vivre. La douleur nous rassemble pour faire une différence dans la vie des autres enfants".
L'équipe souhaite aujourd'hui réunir de nouveaux fonds afin de s'étendre à d'autres provinces de l'Afghanistan et louer deux bus supplémentaires. Il est possible de soutenir son initiative ici.