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Learning centers : un premier bilan pour ces bibliothèques universitaires du 21e siècle

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    A Dijon, la Burgundy School of Business (BSB) a inauguré son learning center en juin 2017. (Crédit : Atmosphère)
  • En quelques années, de nombreux projets de learning centers ont été lancés en France. À Lille et à Dijon, deux équipements font déjà figure de précurseurs.

    C’est l’un des premiers learning centers à avoir vu le jour en France. Au mois de septembre 2016, Lilliad ouvrait ses portes au public au terme d’un chantier de plusieurs années sur le site de l’ancienne bibliothèque universitaire de Lille. Après trois années d’exploitation, les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 500 000 entrées y sont enregistrées chaque année. 90 % des usagers sont des étudiants et 10 % sont des lycéens ou des lecteurs extérieurs à l’université.

    « Nous constatons une forte appropriation du learning center par la communauté universitaire et le public extérieur », souligne Laurent Matejko, chargé de mission au sein de Lilliad ; « ces publics différents peuvent se croiser à l’occasion d’une journée d’étude par exemple. C’est un lieu profondément vivant avec une jeunesse qui étudie et utilise les ressources documentaires de différentes manières ».

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    À leur disposition, 50 salles de travail pour des groupes de 4 à 20 personnes, 2 salles de conférence, 1 420 places assises et une cafétéria de 90 places. Sans oublier le généreux parc informatique et les nombreux tableaux blancs plébiscités lors de séances de travail collaboratif.

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    Des bibliothécaires de liaison dans le learning center de Lilliad

    Au-delà des chiffres, c’est surtout la philosophie générale de Lilliad qui retient l’attention : la polyvalence du nouveau bâtiment permet d’offrir de nouveaux services à un public renouvelé. Organisé autour de trois pôles, Lilliad propose en effet une « bibliothèque augmentée », un espace dédié aux événements et un lieu expérimental baptisé Xperium qui permet de promouvoir les travaux scientifiques menés au sein de l’université lilloise.

    L’ancienne BU continue de remplir sa mission documentaire en proposant 13 kilomètres-linéaires de stockage de livres et de périodiques. De nombreuses ressources numériques sont également mises à disposition des usagers dans les domaines couverts par l’université : sciences de la vie, sciences économiques, sciences appliquées… Mais ce learning center mise surtout sur les services :

    « La principale innovation de Lilliad réside dans les bibliothécaires de liaison qui sont identifiés par discipline et qui peuvent distribuer leur carte de visite aux usagers. Ce sont les premiers interlocuteurs des enseignants-chercheurs et des étudiants par rapport à la gestion documentaire des fonds », précise Laurent Matejko.

    Ces bibliothécaires de liaison ont été accompagnés et formés afin de remplir cette nouvelle mission. Avant même l’ouverture du learning center, un organigramme de préfiguration avait permis de projeter chaque agent dans ses tâches futures :

    « Il a fallu étayer un socle culturel pour que chacun comprenne ce que fait son collègue. Mine de rien, c’est un travail absolument indispensable ! »

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    Learning center : aussi de l'événementiel !

    Le pôle événementiel, de son côté, propose près de 1 000 m² d’espaces modulables qui font office d’interface entre le monde universitaire et les acteurs socio-économiques : entreprises, pôles de compétitivité…

    >Lire aussi : Lille-I inaugure sa bibliothèque futuriste et augmentée : le Lilliad Learning Center Innovation

    Quant à Xperium, un objectif lui a été assigné : donner de la visibilité aux travaux menés dans les laboratoires de l’université. Pour Laurent Matejko, les trois pôles de Lilliad ont atteint leur vitesse de croisière :

    « Le learning center a totalement changé le regard extérieur sur l’université et une génération Lilliad est apparue sur le campus. Tout ce que nous avons mis en place est fortement utilisé ».

    Des « bulles » et « salle zen » dans le learning center de la Burgundy School of Business (BSB)

    À Dijon, la Burgundy School of Business (BSB) a inauguré son learning center au mois de juin 2017. Cette vénérable école de commerce fondée en 1899 a choisi de refondre totalement son offre documentaire :

    « Lorsque j’ai proposé ce projet à la direction de l’école, j’ai reçu un oui franc et massif », se souvient Marie-Louise Battault, responsable du learning center ; « lors de l’ouverture au public, à la rentrée 2017, nous ressentions une certaine appréhension sur l’accueil que les étudiants réserveraient à ce nouvel équipement. Nous avons été rassurés très rapidement. La fréquentation a été multipliée par quatre en l’espace d’une année ! »

    En 2018, une moyenne de 723 personnes se rendait chaque jour dans le learning center avec des pointes à 1 233 personnes en période de concours. À leur disposition 300 places assises, 35 postes informatiques et 25 000 documents en libre accès. Le tout réparti sur une surface de 1 000 m² et plusieurs niveaux. Victime de son succès, le learning center est désormais connecté à l’application Affluences qui permet de réserver une place, un espace collaboratif ou un atelier.

    >Lire aussi : Transformations et aménagements : les bibliothèques s’adaptent aux nouveaux besoins de leurs publics

    À la tête d’une équipe de six personnes, Marie-Louise Battault a imaginé une organisation de l’espace sous forme de « bulles » dédiées à des activités documentaires et extra-documentaires : salle de lecture, salles de travail en groupe, salle de visioconférence, espace carrière et coaching… Et même une « salle zen » qui s’adapte à des activités diverses : sieste musicale (entre 12 heures et 14 heures), atelier de lecture à voix haute, séance de méditation en pleine conscience, atelier de gestion des émotions et de résolution des conflits…

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    Une adaptation nécessaire des bibliothécaires et des documentalistes

    Les services documentaires ont également été revus pour s’adapter aux besoins d’un public polyglotte : la Burgundy Sschool of Business compte pas moins de 40 nationalités parmi les étudiants et la majorité des cours sont dispensés en anglais. Les bibliothécaires leur proposent de nombreux services : aide à la thèse, aide à l’informatique via l’assistance d’un informaticien, ateliers de conversation en langues étrangères, recherche documentaire, introduction à l’utilisation des bases de données, veille sur la presse…

    Pour Marie-Louise Battault, ces services proposés aux étudiants s’inscrivent dans une logique :

    « Le métier de bibliothécaire et celui de documentaliste doivent absolument évoluer. Je ne partage pas du tout la sinistrose qui s’abat trop souvent sur nos métiers… À condition de nous adapter aux nouveaux environnements. Je constate que les formations initiales ne forment pas assez à la gestion de projet. Or, lorsqu’on lance un projet de learning center, il faut être en mesure de discuter avec des corps de métiers comme les architectes ou les fournisseurs. Et dans une école comme la nôtre, la connaissance de l’anglais est indispensable face à des étudiants venant du monde entier. Malheureusement, les bibliothécaires ne sont pas tous à l’aise avec la langue de Shakespeare… »

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    Le learning center de la BSB s’en sort très bien par rapport à nombre de bibliothèques universitaires : son budget de fonctionnement a augmenté de 42 % en 2018. Mieux : plusieurs bibliothécaires vont prochainement intégrer des groupes de travail dédiés à l’intelligence artificielle dans l’innovation pédagogique.

    « C’est une reconnaissance de notre métier », se félicite Marie-Louise Battault.

    Des projets de learning centers à Saclay, Lyon…

    Le paysage français des learning centers n’en finit pas de s’enrichir. En 2020, c’est l’université Paris-Saclay qui inaugurera un bâtiment conçu par l’agence Beaudoin Architectes associée à MGM Arquitectos. Comme ses prédécesseurs, celui-ci aura une vocation multifonctionnelle : centre de documentation, lieu de médiation scientifique et espace de travail collaboratif d’une surface d’environ 10 000 m². Il mettra notamment à disposition des étudiants et des chercheurs des ressources documentaires issues des collections de CentraleSupélec, de l’École normale supérieure Paris-Saclay et de l’université Paris-Sud.

    Et à Lyon, l’université Louis Lumière disposera d’un learning center de 12 000 m² qui ouvrira progressivement ses portes à partir de 2021.

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