Où en sont les bibliothécaires universitaires dans leurs compétences informatiques ?
Mon travail portait sur la programmation informatique, je ne peux donc répondre que sur ce plan. Ce qui est sûr, c’est que la technicité du métier de bibliothécaire et l’augmentation des besoins autour des données, quel que soit leur contexte de production (collections, appui à la recherche, statistiques…), obligent à se doter d’outils nécessitant des compétences en programmation.
Celles-ci sont souvent mobilisées via les services informatiques des universités ou via une prestation. Il arrive néanmoins qu’elles soient présentes au sein de la BU, soit sur un support de poste dédié, soit parce qu’un membre de l’équipe décide de s’autoformer pour répondre à un besoin.
Elles servent surtout dans les services d’appui à la recherche, mais sont aussi utilisées dans le cadre de l’informatique documentaire, des collections et des sites web. Pour ces usages, les compétences relèvent principalement de la maîtrise de langages de programmation, d’éditeurs, de CMS et de bases de données. En revanche, certaines compétences comme le traitement des données, la datavisualisation, le versioning ou encore le RDF demandent à être plus investies pour faire face aux besoins émergents.
Vous plaidez en faveur d'une programmation informatique en BU. De quoi s'agit-il ?
Il ne s’agit pas tant de plaider pour la programmation informatique en BU que de dresser l’état des lieux de l’existant car il était nécessaire de rendre visible plusieurs enjeux à considérer à l’échelle de la profession :
- la reconnaissance d’un travail déjà réalisé dans certaines BU par des bibliothécaires ;
- la cartographie des acteurs concernés par cette compétence ;
- l’établissement de stratégies locales et nationale autour des besoins en programmation informatique, notamment en termes d’évaluation des coûts et bénéfices, de pérennisation des projets et de mutualisation des besoins et des investissements.
Sous quelle forme intégrer le volet "compétences informatiques" dans les formations actuelles de bibliothécaire ?
La formation est un enjeu capital. On ne peut pas établir de stratégie à l’échelle de la profession sans penser au volet formation, tout comme on ne peut envisager de mettre en place des formations sans évaluer les besoins. Or, cette évaluation passe par la définition de référentiels de compétences, par la reconnaissance de ces dernières au sein de la profession et l’harmonisation de processus de travail, alors même que les établissements d’enseignement supérieur ont tous des contextes (politiques, organisationnels, techniques) différents.Faut-il créer un profil de bibliothécaire-développeur ? Dans ce cas, on misera sur une initiation technique durant la formation initiale des professionnels ainsi que sur des parcours spécialisés en formation continue.
Faut-il plutôt externaliser cette compétence ? On privilégiera alors des formations théoriques qui permettent aux bibliothécaires en charge de projets informatiques de dialoguer sur le plan technique avec les développeurs. La coexistence actuelle de profils aux contours peu formalisés renvoie une fausse impression de flexibilité autour de cette compétence en programmation informatique. Cette dernière ne doit donc plus être un impensé.