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Dans une première vie, la carrière de Christelle Heinen a commencé non pas dans une école de bibliothécaire, mais au Conservatoire Royal de Bruxelles - sa ville natale -, où elle a travaillé le violoncelle puis suivi un enseignement dédié à la musique de chambre : "c’est un parcours typique de musicienne classique où l’on enchaîne les engagements pour des concerts du répertoire classique, mais aussi de la chanson".
Elle accompagnera ainsi William Sheller à l’occasion de deux tournées : "un artiste très agréable à fréquenter et qui, lui aussi, a bénéficié d’une solide formation classique".
Fouiner dans les archives et les donations
Mais, en Belgique comme en France, le statut de musicien est précaire. Alors qu’elle avait déjà eu l’occasion de jouer avec l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège comme violoncelliste, Christelle Heinen apprend qu’un poste de bibliothécaire se libère.
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"Tant que j’étais musicienne, je n’imaginais pas à quel point le métier de bibliothécaire d’orchestre est un maillon essentiel. Je suis arrivée comme assistante-bibliothécaire sans avoir la moindre formation en bibliothéconomie et j’ai tout appris sur le tas. Cela nécessite de la débrouillardise !"
Devenue la bibliothécaire principale en 2023, elle enchaîne ses missions qui, justement, demandent de l’initiative et de l’habileté. Notamment pour trouver les partitions des œuvres inscrites au programme de l’orchestre.
Un long travail de recherche auprès des éditeurs, des distributeurs et qui suppose parfois de "fouiner dans les archives et les donations" pour trouver le document.
Heureusement, les bibliothécaires d’orchestre du monde entier peuvent s’appuyer sur le réseau Mola (Major Orchestra Librarian’s Association). Fondée en 1983, cette association leur permet d’entrer en contact les uns avec les autres pour échanger conseils et partitions.
Assurer la fluidité sonore de l’orchestre
Autre mission, quasi inconnue du public, le report de coups d’archet sur les partitions destinées aux pupitres de cordes : violons, altos, violoncelles et contrebasses. Une tâche qui consiste pour la bibliothécaire à noter les mouvements de l’archet sur les cordes : le tiré, le poussé, la liaison…
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"Ces coups sont décidés par le premier violon et je dois ensuite les reporter sur toutes les partitions", explique Christelle Heinen ; "cela prend presque la moitié de mon temps de travail et demande une grande concentration. Mais en tant que violoncelliste, je sais bien que c’est indispensable pour la fluidité sonore de l’orchestre".
En lien direct avec la production des concerts, elle doit également constituer la nomenclature de l’orchestre, c’est-à-dire la composition des pupitres : trouver une deuxième harpiste pour telle œuvre, contacter un saxophoniste pour une pièce contemporaine…
"Il s’agit d’une phase nécessaire à la chronologie de la production qui m’impose de m’y prendre très en avance. Toutes ces missions se complètent. Peut-être écrirai-je un jour un petit livre sur les commentaires les plus drôles que j’ai trouvés dans les partitions…"
Elle like
- Sa ville préférée : Bruxelles, ma ville de naissance, celle où j’ai grandi et où je me sens chez moi.
- Son œuvre préférée : « La Symphonie fantastique », de Berlioz. Cette lente descente aux enfers du compositeur, ce glissement vers la folie est tellement bien construit grâce au thème récurrent du début, se transformant progressivement en plainte hurlante au fil des cinq mouvements de la symphonie.
- Son plat préféré : Vous me ferez toujours plaisir avec un bon spaghetti bolognaise. Classique, mais efficace !