Le 26 novembre 2024 se sont tenues à Paris les premières Assises de la confiance numérique, organisées par la Fédération des tiers de confiance du numérique (FNTC), qui regroupe acteurs et experts du numérique pour promouvoir la digitalisation sécurisée. A l’occasion de cet événement qui a rassemblé 250 personnes, plusieurs thématiques ont été abordées : la fraude, la sécurité des données, l’identité numérique et l’intelligence artificielle.
Alors que les entreprises françaises tardent à adopter le numérique et l'IA (d'après le baromètre France Num 2023, seulement 5 % des TPE et PME ont une solution d'IA), les nouvelles réglementations, telles que eIDAS 2.0 et l'AI Act, complexifient la création d'un environnement de confiance numérique, tandis que des objectifs ambitieux, comme la généralisation de l'identité numérique d'ici 2030, se profilent.
4 propositions pour lutter contre la défiance numérique
La FNTC appelle à renforcer la confiance numérique via quatre priorités : une gouvernance unifiée pour coordonner régulateurs et acteurs autour de standards communs, la sécurisation des entreprises avec des solutions adaptées comme l’authentification forte et le cloud de confiance, la promotion d’une culture numérique par des formations en cybersécurité et IA, et une innovation responsable grâce à des certifications garantissant des solutions éthiques et sécurisées. Elle propose également un projet de label « Confiance Numérique France » pour certifier la fiabilité des acteurs et outils numériques.
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Cybersécurité et confiance : l'avis des experts
Lors des tables rondes, plusieurs experts ont souligné des enjeux majeurs pour la cybersécurité et la confiance numérique. Victor Geneste, président du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, a insisté sur l'importance de la qualité et de la traçabilité des données pour prévenir la fraude, tandis que Valery Vander Geeten, directeur juridique du Centre for cybersecurity Belgium, a mis en avant le rôle crucial des autorités publiques et de la sensibilisation générale. Ces questions ont également été abordées sous l'angle de la responsabilité partagée au sein des organisations, rappelant que l'externalisation du stockage ne dégage pas des obligations en cybersécurité. Pour Eric Caprioli, avocat spécialiste en droit des TIC, la confiance repose sur la preuve : les données doivent rester confidentielles, tout en garantissant leur intégrité et pérennité.
L’identité numérique a été mise en avant comme clé de la dématérialisation sécurisée, avec la nécessité de standardiser les mesures de sécurité. Au sujet de l’IA, Laurence Devillers, professeure à l'université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire d'informatique pour la mécanique et les sciences de l'ingénieur (Limsi) du CNRS, a averti des dangers des biais algorithmiques et de la passivité des utilisateurs, soulignant l’importance de normes robustes et de gouvernance claire, particulièrement dans l’éducation.
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