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ECM : l'intelligence artificielle enrichit la valeur des données stockées

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    "La grande majorité de nos clients sont intéressés par les solutions ECM enrichies par l’IA", Alain Escaffre, Nuxeo. (Freepik/jcomp)
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    Alain Escaffre est directeur produits au sein de Nuxeo. Il estime que l’intelligence artificielle permet d’accroître la valeur globale du patrimoine documentaire des entreprises.

    Alain-Escaffre

    L’intelligence artificielle dans les solutions de gestion de contenu est-elle aujourd’hui une réalité ?

    Chez Nuxeo oui ! Nous travaillons sur l’intelligence artificielle depuis un an et demi avec des données réelles provenant de nos prospects et de nos clients. Nous constatons que l’IA permet d’apporter des avantages intéressants aux utilisateurs.

    >Lire aussi : Choisir son logiciel de Ged, d'ECM ou de records management en 8 points clés

    Quels sont les apports de l’IA dans les solutions ECM ?

    Les apports de l’intelligence artificielle sont multiples. L’IA permet d’enrichir la valeur des données que l’on stocke au sein de référentiels documentaires. Cela se traduit par une meilleure description du document grâce au tagging automatique facilitant de fait sa recherche. Cela permet également de le faire ressortir dans des contextes plus pertinents et d’augmenter la valeur globale du patrimoine documentaire.

    Autre apport, le gain de temps. L’IA permet en effet de gagner du temps sur la phase de qualification des documents. Ainsi quand un utilisateur saisit une nouvelle métadonnée, l’IA peut suggérer une éventuelle erreur et éviter des risques pour l’entreprise.

    Le premier cas d’utilisation sur lequel nous avons travaillé cette année portait sur la prédiction de la valeur d’une métadonnée en fonction du contenu et de la valeur des autres métadonnées. Par défaut, nous proposons une approche par suggestion car il est encore impossible avec l’état de l’art d’atteindre un taux de fiabilité de 100 %. La suggestion s’avère très utile pour prévenir les risques.

    Parallèlement, Nuxeo reste fidèle à son approche traditionnelle de la gestion de contenu. Nous avons mis au point une chaîne de traitement qui permet d’entraîner des modèles métier sur la base de données propres au client et stockées dans la base Nuxeo. À partir d’un modèle générique, nous pouvons sélectionner un ensemble de données et automatiser l’export dans un format compatible avec les plateformes d’entraînement type machine learning, ce afin de produire un modèle de prévision spécifique adapté au contexte client.

    Cela permet d’ajouter de la valeur métier aux données. Prenons l’exemple d’une entreprise automobile. L’autotagging va facilement permettre de reconnaître une voiture au sein d’une image. En intégrant les données propres à l’entreprise, nous allons permettre de reconnaître le modèle de voiture, la colorimétrie propre à l’entreprise, etc. Bien plus intéressant ensuite pour en exploiter le contenu !

    Cette chaîne est assez complexe à mettre en place. Mais nous faisons en sorte qu’elle puisse être prise en main sans que l’utilisateur ait besoin de connaître les data sciences !

    Vous avez opté pour une approche de suggestion. Pour quelles raisons ?

    Certains de nos clients qui évoluent dans les agences de communication et qui travaillent avec des outils de data asset management nous ont fait part de leur volonté de gagner du temps sur la phase de qualification des documents. Nous avons également reçu des demandes de reconnaissance de caractères et de reconnaissance faciale. La suggestion est un premier cas d’application permettant de répondre à leurs besoins. Au fur et à mesure des demandes que nous rencontrerons, nous continuerons à multiplier ces cas d’application.

    Peut-on dire que l’apport principal de l’intelligence artificielle concerne précisément le traitement des métadonnées ?

    Ce n’est pas le contenu en lui-même qui fait la plus grande valeur d’une solution de gestion de contenu. La valeur se trouve en effet plutôt sur l’ensemble des métadonnées et du contexte des contenus : c’est là que se trouve l’enrichissement que l’IA peut apporter.

    Prenons l’exemple du traitement d’un catalogue de prêt-à-porter, l’intelligence artificielle permet de préremplir les produits auxquels se rattachent les visuels. Elle peut également signaler des erreurs potentielles. Pour une entreprise disposant de visuels à vocation publicitaire intégrant des célébrités et disposant de droits d’auteur associés par région et sur une période donnée, l’IA permet de détecter les mauvaises manipulations et d’alerter sur l’expiration du droit sur une image.

    En 2019, nous allons travailler sur l’extraction automatique d’informations présentes dans les documents pour les restructurer. Cela concernera des contrats ou des CV.

    Les professionnels de la documentation se plaignent souvent de la difficulté d’accéder aux documents les plus pertinents. Qu’est-ce que l’IA peut leur apporter ?

    En raison de la catégorisation automatique de documents, le nombre de documents catégorisés est de facto plus élevé. Par ailleurs, des techniques d’IA de type « recommandation » vont signaler aux utilisateurs tel ou tel contenu en lien avec sa recherche. Cela prend tout son sens dans les grandes organisations qui produisent une importante documentation.

    Y a-t-il des secteurs professionnels qui sont précurseurs dans l’utilisation de solutions ECM enrichies par l’IA ?

    Les banques sont très avancées, mais je constate que la grande majorité de nos clients sont intéressés, même si les démarches pour obtenir des données prennent du temps. Nous faisons en sorte que tout se passe au sein de la solution afin que le client ne soit pas obligé d’extraire les données. Une des difficultés que nous avons rencontrée porte sur la gestion des données d’entraînement : les banques ayant des obligations de traçabilité dans les données utilisées dans leur processus client, il faut pouvoir conserver ces données, savoir ce que l’on en fait, déterminer dans quel contexte elles ont été entraînées, pouvoir les transférer de manière sécurisée, etc. Nous proposons donc une gestion intégrale de ces données qui comprend leur transport sécurisé.

    Que doit faire une entreprise qui souhaite migrer vers une solution de gestion de contenu enrichie par l’IA ?

    Les clients qui utilisent notre plateforme n’ont qu’à passer à la version que nous avons lancée en janvier 2019. Pour les entreprises non clientes de Nuxeo, si elles ne disposent pas de solution ECM, nous les dirigeons vers cette même version. Pour celles qui auraient une solution en place, nous proposons la possibilité d’utiliser nos fonctionnalités sans pour autant migrer l’ensemble de leurs données au sein de notre plateforme. Notre approche ouverte, permettant de nous connecter aux différentes sources de contenu de l’entreprise permet ainsi de fédérer et consolider le contenu pour permettre une vue centralisée tout en disposant de nos fonctionnalités. Les entreprises peuvent ensuite choisir de migrer leurs données vers notre plateforme à leur rythme, quand elles ont la possibilité de le faire.

    Nuxeo a procédé à d’importantes levées de fonds (près de 30 millions d’euros) en quelques années : quels sont vos axes de développement ?

    Nuxeo a toujours consenti des investissements très forts en recherche et développement. Ces levées de fonds nous ont permis d’amplifier ce mouvement. Depuis quelques mois, nous avons beaucoup travaillé sur l’ergonomie de nos solutions pour les rapprocher des applications de réseaux sociaux.

    Nous avons renforcé nos équipes dans le domaine de l’intelligence artificielle notamment en recrutant un spécialiste de l’analyse de sentiment. Nous pouvons ainsi proposer à nos clients, au travers de leur communication avec leurs propres clients (email, etc.) des fonctionnalités d’analyse de sentiment. Cela permet par exemple de détecter des clients mécontents et ainsi de prioriser les réponses à ces derniers.

    Par ailleurs, nos effectifs ont doublé en l’espace de deux années seulement. Nous sommes passés de 70 employés à plus de 150 aujourd’hui. Nous avons récemment déménagé dans de nouveaux locaux à Paris, New York et Londres et ouvert un bureau à Tokyo. Nous venons enfin d’inaugurer nos nouveaux locaux à Paris.

    Nuxeo est-elle toujours une société française ?

    Nuxeo est d’origine française, notre âme est française, et la plupart de nos effectifs sont français. Mais l’entreprise est désormais internationale et nos sièges se trouvent à New York et Londres.

    Quelles sont les perspectives d’évolution de l’IA embarquée dans les solutions ECM ?

    Nous allons poursuivre nos efforts pour développer des modèles métier propres aux besoins particuliers des clients. Nous allons également travailler sur des fonctionnalités de résumé de documents telles que l’extraction de clauses d’un contrat, par exemple pour connaître la date de renouvèlement d’un contrat. La reconnaissance faciale sera également au cœur de nos priorités.  Enfin, l’intelligence artificielle sera utilisée dans les workflows afin de suggérer des validations de tâche, par exemple.

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    Archimag n°322
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