Dans son « Baromètre risques pays et sectoriels – 1er trimestre 2020 » partagé début avril, l’expert en assurance-crédit Coface alertait déjà sur les répercussions de la crise liée au Covid-19 sur les sociétés du monde entier. Le spécialiste de l’économie internationale misait alors sur de nombreuses défaillances d’entreprises cette année, dont 15 % en France. Plus alarmant, aucun secteur d’activité ne serait épargné, hormis les industries pharmaceutique et agroalimentaire.
Pourtant, sur l’Hexagone, un autre marché semble faire face : le numérique. C’est en tout cas le principal constat qui se dégage du dernier « Baromètre Covid-19 » publié le 10 avril par Syntec Numérique, syndicat professionnel. S’appuyant sur les réponses de 166 acteurs du secteur, le document salue notamment la réactivité des dirigeants d’entreprises, dont les initiatives tendent à limiter les dégâts.
Un avenir très incertain
Le recul de l’activité des entreprises du numérique résonne malgré tout comme une fatalité. 74,1 % des sondés prévoient une baisse de leur chiffre d’affaires prévisionnel sur le second trimestre de l’exercice 2020, pour une moyenne de -22,9 %. Au-delà d’une certaine baisse d’activité, le marché fait face à d’importants retards de paiements, qui ont une incidence directe sur la trésorerie des acteurs du secteur.
Dans ce contexte incertain, surtout pour les plus petites sociétés, 46 % des patrons se disent inquiets de la pérennité de leur entreprise si la situation économique ne se redresse pas dans les 3 mois à venir. Cela n’empêche cependant pas 1 dirigeant sur 2 de penser que la reprise s’étendra sur plusieurs mois à compter de septembre 2020 et pourrait se prolonger jusqu’au 2e trimestre de l’année prochaine.
La continuité de service avant tout
En attendant, les professionnels du numérique se sont d’ores et déjà mobilisés. 98 % des entreprises du secteur se sont rapidement tournées vers le télétravail, permettant à près de 80 % des salariés de continuer à travailler à distance. De plus, 2 sociétés sur 3 auraient recours au dispositif gouvernemental d’activité partielle, limitant l’impact du chômage partiel sur les revenus des 68 000 experts du digital qui y ont recours.
« C’est une bonne nouvelle pour notre secteur et pour toute l’économie de constater que nos entreprises se mobilisent et s’organisent malgré les difficultés rencontrées », salue Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique. « La continuité de l’activité pour les entreprises du numérique signifie que nous continuerons d’être un accélérateur de croissance pour le reste de l’économie, comme c’est le cas depuis plusieurs années ».
Préparer l’après au service de tous
Le syndicat suit lui aussi l’effort de mobilisation déployé par les professionnels du secteur, en multipliant les initiatives au service de ces derniers : renforcement du service « SVP social » constitué d’experts répondant aux interrogations relatives à l’aspect social des adhérents, incitation à la formation des salariés, élaboration d’un plan de relance en collaboration avec d’autres organisations, etc.
« Nous aurons besoin de toutes les forces vives pour relancer efficacement notre économie », rappelle Godefroy de Bentzmann. « Nous invitons les entreprises à utiliser cette période de crise pour former les salariés et les aider à monter en compétences pour être au plus près des besoins du marché d’après ».
En attendant, l’organisme a récemment lancé le site Covid Syntec Numérique, qui recense les solutions de coopération déployées par les entreprises du secteur au service du grand public, d’autres sociétés ou des établissements de santé. L’occasion, pour chacun, de s’inspirer des 400 initiatives qui y sont déjà relatées.