Dans un entretien polémique avec l’Usine Nouvelle, Gilles Babinet, représentant de la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux liés au numérique, a préconisé la refonte profonde, voire la fermeture de la Cnil.
"Ennemi de la nation", "archéo-rétrogrades"… Gilles Babinet n'épargne pas la Commission nationale informatique et libertés (Cnil). C’est à l’occasion de la publication d’une étude qu’il a pilotée pour l’Institut Montaigne que l’ex-président du Conseil national du numérique, nommé l’an dernier digital champion auprès de la Commission européenne par Fleur Pellerin s’est entretenu avec l’Usine Nouvelle le 26 février dernier. Lors de cet entretien, le multi-entrepreneur du numérique et président de l’entreprise Captain Dash s’en est violemment pris à la Cnil, dont il a dénoncé la "régulation excessive". Mettant en opposition la société de défiance à l’égard du progrès, dont la Cnil serait selon lui le porte-drapeau sclérosant, à la société de l’innovation, il a ainsi préconisé sa réforme profonde… ou sa disparition. Gilles Babinet a également dénoncé l’inaction des personnalités politiques françaises à mesurer le potentiel de l’économie numérique, se déclarant "scandalisé par l'absence de capacité de ce gouvernement comme par celles du précédent, à voir l'opportunité du numérique".
"Défenseur excessif des entreprises", "ennemi des libertés individuelles", "libertarien effréné"… l’indignation suscitée par le digital champion ne s’est pas faite attendre. Souhaitant s’expliquer sur ses déclarations, Gilles Babinet a finalement clarifié ses propos pour le site 01.net : "Bien entendu, je chéris la notion de liberté individuelle. […] Le point que je soulève concerne le fait qu'à force de brandir le principe de précaution, notre société se sclérose et en oublie d'innover. […] A force de brandir le risque d'abus systémiques, on se retrouve dans la situation paradoxale d'être l'un des rares pays d'Europe qui n'a ni dossier médical personnel (DMP), ni carte d'identité électronique en projet […] L'enjeu est clairement de faire de la modernité un atout et non l'origine de craintes fantasmagoriques".
Dans son rapport "Pour un new deal numérique", présenté mardi pour l’Institut Montaigne, Gilles Babinet formule dix propositions "pour faire de la France un acteur majeur de la transformation numérique". Il y dénonce le fait que le pays "accuse un retard important dans le développement des infrastructures technologiques et dans l'utilisation du numérique comme levier de croissance", alors qu'il dispose "pourtant d'atouts importants afin de devenir un géant de l'innovation".