CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°378
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Le Centre d’archives lesbien, gay, bi et trans ou LGBTQI+ de Paris Île-de-France aura bientôt son espace, rue de l’Ourq, dans le dix-neuvième arrondissement de la capitale. En attendant, il est toujours hébergé à Césure, le tiers-lieu situé dans l’ancien campus de l’Université Sorbonne Nouvelle.
Plus que beaucoup d’autres, Morgane Vanehuin attend cet aménagement avec impatience. Archiviste, elle adhère depuis longtemps à la philosophie que ce centre s’est donnée : promouvoir une culture d’archives populaire, accessible et vivante.
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Carrière et engagement
Originaire du nord de la France, Morgane Vanehuin, licence d’histoire en poche, s’oriente d’abord vers un master en gestion de projets culturels à l’Université catholique de Lille, qu’elle obtient en 2015. C’est par ce biais qu’elle fait véritablement connaissance avec le monde des archives et des archivistes. "J’ai pu voir l’arrière-boutique et le fonctionnement au quotidien", se souvient-elle.
Là, son intérêt précoce pour l’histoire, le patrimoine et l’idée de transmission trouve un véritable écho. Elle s’inscrit en master archives, dont elle sera diplômée en 2021 : la première année la voit effectuer un stage aux Archives nationales du monde du travail, à Roubaix ; la seconde à l’association Aides de lutte contre le sida et les hépatites virales.
À Aides, son engagement convainc. Elle y est embauchée en CDI. Le poste d’archiviste, qui date de 2018, est récent au regard de l’histoire de l’association, créée en 1984. L’archiviste en place l’encadre un temps, avant son propre départ.
Travail de sensibilisation
Il revient à Morgane Vanehuin d’apporter davantage de structuration et de renforcer la réflexion sur la finalité du travail archivistique. À son arrivée, la pratique est soit d’éliminer une archive, soit de la verser aux Archives nationales, avec lesquelles l’association est liée par une convention-cadre - sans que ce versement soit une obligation.
Elle trouve que s’en remettre à cette institution publique est trop déresponsabilisant et prive l’association d’un travail de sensibilisation. Selon elle, les archives sont aussi pour les militants d’Aides. Tout en étant porteuses d’histoire, elles sont vivantes, sont une ressource au quotidien et permettent un travail pédagogique, d’autant plus dans un univers très porteur d’affect.
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Militer par les archives
Mais le travail et l’engagement militant de Morgane Vanehuin ne s’arrêtent pas à Aides. Elle est aussi membre du Centre d’archives LGBTQI+ Paris. À travers des ateliers participatifs, elle y diffuse bénévolement ses compétences archivistiques. Elle apporte aussi son point de vue sur le fonctionnement futur du Centre, dans un esprit de cocréation.
Pour autant, lorsque ce Centre intégrera définitivement ses locaux, elle restera à Aides. Elle en rédige actuellement la politique archivistique pour une présentation en conseil d’administration. "Les personnes qui ont traversé le plus dur de la crise du VIH ont aujourd’hui passé la soixantaine", explique-t-elle. "Elles ont beaucoup à dire et à transmettre, c’est maintenant qu’il faut faire ce travail de mémoire".
Après le travail, l’engagement se poursuit. La jeune femme est aussi volontaire pour faire de la prévention sur le terrain. "Cela apporte du sens à mon travail d’archiviste", confie-t-elle.
Elle like
- La dernière campagne pour les 40 ans de Aides : "malheureusement, on risque d’être encore là pendant de nombreuses années"…
- Sa dernière lecture : "Les Vilaines, de l’Argentine Camila Sosa Villada, dans lequel des personnes transgenres voient leur quotidien perturbé par l’arrivée d’un enfant. Un récit très juste et saisissant".
- Les rues parisiennes : "j’aime me perdre dans cette grande ville qui est pour moi un monde nouveau plein de promesses et de dangers".