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Cet article est issu du dossier "Les archivistes passeurs de culture" du numéro d'octobre 2019 d'Archimag. Voici le sommaire du dossier :
- Archives et culture : quand les archivistes contribuent à la création d'oeuvres et d'événements
- Jessica de Bideran : "les archivistes ne sont pas suffisamment formés à la médiation"
- Institut national du patrimoine : la médiation par l'éducation artistique et culturelle
- Comment les archivistes des Archives de Paris valorisent le patrimoine auprès du public
- Être archiviste pour la télévision : dans les coulisses de l'émission Rembob'Ina
- Maxime Courban, archiviste iconographe au croisement de plusieurs métiers
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Quelle est la vocation de l’Institut national du patrimoine (INP) ?
Nous sommes un établissement public placé sous la tutelle du ministère de la Culture et organisé autour de deux départements :
Le département des restaurateurs forme des restaurateurs habilités à travailler sur des collections publiques (peinture, sculpture, arts graphiques…).
Le département des conservateurs, créé en 1990, est une école d’application de la fonction publique : à ce jour, elle est la seule à former à la fois des conservateurs de l’État, de la Ville de Paris et de la fonction publique territoriale.
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Plusieurs voies permettent d’y accéder : concours externe, concours interne, tour extérieur des conservateurs, concours Sauvadet (une année sur deux), convention avec le ministère des Armées et enfin accueil d’élèves étrangers sur dossier.
Nous accueillons des élèves dans différentes spécialités : archives, musées, archéologie, monuments historiques et inventaires, patrimoine scientifique et technique. Les archivistes représentent environ 9 élèves sur une promotion de 35 personnes.
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Quel est le déroulement des études ?
L’enseignement, d’une durée de dix-huit mois, repose sur une alternance de cours et de stages : neuf mois de cours et neuf mois de stage. Le deuxième semestre est occupé par un stage de spécialité qui dure près de six mois : l’élève est alors immergé dans une structure de sa spécialité pour y accomplir un travail scientifique et parfaire sa connaissance du métier qu’il sera amené à exercer à sa sortie.
Les cours, quant à eux, sont organisés en trois blocs. Le premier s’adresse à tous les élèves : droit, économie, gestion, ressources humaines, management, déontologie de la fonction publique. Le deuxième bloc d’enseignement concerne la spécialité.
Les élèves sont répartis en groupes plus modestes selon leur spécialité. À titre d’exemple, le module de la spécialité « archives » représente environ quatre-vingts heures : droit des archives, connaissance du réseau institutionnel, techniques de classement, archives numériques… Le troisième bloc est centré sur les différents aspects de la chaîne patrimoniale. C’est dans ce cadre que l’on va trouver les enseignements dédiés à la médiation et à la diffusion.
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Comment abordez-vous la médiation et la diffusion ?
Nous l’abordons à la fois à travers un module d’enseignement spécifique et via des actions d’éducation artistique et culturelle.
Il y a deux ans nous avons développé une méthode qui permet aux élèves de s’investir dans la durée. Nous mettons les élèves en relation avec des associations qui font de la maîtrise d’ouvrage en direction des publics scolaires, des publics en difficulté, des publics empêchés. Les élèves bâtissent un projet d’intervention et de médiation qui va s’étaler sur près de quinze mois.
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Concrètement, comment se manifeste cette formation en médiation ?
Un groupe a travaillé avec l’association Zup-de-Co qui lutte contre le décrochage scolaire. Ces élèves sont notamment intervenus dans des collèges de Paris et de Montreuil. Les collégiens ont été invités à mobiliser des documents d’archives en relation avec un thème donné. Un autre travail a été mené avec une association qui propose des activités à des enfants hospitalisés à l’hôpital Necker.
Dans ces deux cas, nos élèves mènent un projet de médiation de bout en bout. Notre module de médiation représente une quarantaine d’heures et concerne à la fois l’exposition, la médiation, la diffusion et l’édition.
Plus de deux cent cinquante intervenants animent l’ensemble de notre formation, et une vingtaine prend part à ce module : professionnels des musées, des archives, de l’édition… Ils traitent sous forme de cours et de retours d’expérience les différentes phases de réalisation d’une exposition ou de préparation d’un ouvrage scientifique. Les élèves sont ici au plus près des professionnels.
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Mon souhait pour les années à venir serait que ce module de médiation porte sur la création d’expositions virtuelles. Cela permettrait à chaque groupe d’élèves de livrer un travail collectif. Cela serait également valorisant pour leur CV.