Dans un rapport remis à François Hollande, le président du musée du Louvre propose un plan d'actions destiné à lutter contre "le vandalisme idéologique" qui vise les bibliothèques, les archives et les institutions culturelles.
"Une destruction volontaire du patrimoine sans précédent dans l'histoire récente". C'est en ces termes que Jean-Luc Martinez, président du musée de Louvre, qualifie les attaques qui visent spécifiquement le patrimoine culturel et documentaire de l'humanité. Depuis une vingtaine d'années, les sites archéologiques, les bibliothèques, les archives et les musées paient en effet un lourd tribut à ce "vandalisme idéologique" : incendie de bibliothèques à Dubrovnik en 1991, destruction de bibliothèques au Mali en 2012, pillage de la bibliothèque en Mossoul (Irak) en 2015, anéantissement du site archéologique (Syrie) par l'Etat islamique au mois d'août dernier...
Selon Jean-Luc Martinez, les attaques visant le patrimoine obéissent à un objectif précis : "le patrimoine est une cible délibérée lors des conflits armés. Les parties se servent souvent de la destruction des biens culturels pour effacer le passé et la mémoire de minorités culturelles afin d’atteindre moralement l’adversaire. Elles s’attaquent à la culture pour porter atteinte aux identités et fragiliser la cohésion sociale, nourrissant la spirale de haine et de vengeance. C’est tout particulièrement le cas de Daech".
Numérisation en 3D des sites patrimoniaux
Dans un rapport remis à François Hollande, le président du musée du Louvre dresse une liste de 50 propositions destinées à protéger ce patrimoine en danger. Il souhaite notamment que la France joue un rôle moteur et préconise de "renforcer l'exemplarité française en matière de protection du patrimoine".
Un important volet technologique est également évoqué avec le lancement d'un plan de numérisation en 3D des sites patrimoniaux. "Cette technologie de sauvegarde tridimensionnelle vise à permettre, le moment venu, la reconstruction des bâtiments détruits ou abîmés" souligne le rapport. Une plateforme collaborative à l'échelle européenne est également suggérée. Elle pourrait héberger les images d'un vaste plan de publication et/ou de numérisation des œuvres et des archives des musées.
Dans le même esprit, des musées virtuels pourraient être créés "grâce à la numérisation en 3D des collections des musées menacés et des musées en zones de conflit dont les collections ont été déplacées".
M. Martinez précise que le Louvre et l'Université Paris I ont commencé à travailler sur un tel scénario.