Travaillant aux archives départementales du Pas-de-Calais, Catherine Bernard est membre du conseil d’administration de l’Association des archivistes français (AAF). Elle évoque les défis qui attendent les archivistes dans les prochaines années et revient sur la notion "d'archiviste caméléon médiateur du quotidien". Sandra Menenteau, archiviste au Tribunal de grande instance de Poitiers, témoigne de sa perception du rôle de l'archiviste et de son évolution.
Sommaire du dossier :
- Documentalistes, veilleurs, bibliothécaires et archivistes : comment vous voyez votre avenir
- Quel avenir pour les documentalistes ?
- Quel avenir pour les veilleurs ?
- Quel avenir pour les bibliothécaires ?
- Quel avenir pour les bibliothécaires en bibliothèque universitaire ?
- Quel avenir pour les archivistes ?
À quelles évolutions les archivistes doivent-ils se préparer ?
Difficile de s’improviser devin. Le plus souvent, nous projetons dans l’avenir nos préoccupations actuelles. Les évolutions de la société et de ses attentes, des outils et des méthodes, s’accélèrent-elles ou est-ce un ressenti ? Révision générale des politiques publiques (RGPP) puis modernisation de l’action publique (MAP) suivies de réformes structurelles pour diminuer les dépenses publiques tout en améliorant les politiques publiques, ces mutations ne touchent pas que les archivistes.
Exemples : suppression de services publics de proximité dans la justice ou la santé, fusion ou regroupement d’institutions (régions en 2015 ou récemment les départements alsaciens). Les entreprises peuvent elles aussi vivre de tels bouleversements lors de faillites, fusions, réorganisations... Certes, la phase d’adaptation ne se passe pas toujours sans souffrance même avec l’accompagnement au changement.
Comment l’archiviste peut-il assurer sa mission de transmission des archives patrimoniales aux générations futures dans un contexte mouvant, tout en participant à la gestion des documents d’activité pour faciliter le bon fonctionnement de sa structure et l’accès des citoyens aux archives ? Comment combiner la réduction des coûts demandée et la demande pressante de la société d’accès à l’information ? Le numérique reste également un souci pour beaucoup. Collecter et pérenniser les documents et données, faciliter leur accès et leur réutilisation par le plus grand nombre tout en respectant les droits des personnes, sont des enjeux de notre temps, qui sans conteste nous mobiliserons encore.
Certains archivistes évoquent la notion « d’archiviste caméléon médiateur du quotidien » : de quoi s’agit ?
« Publics, services, élus, partenaires… Autant d’interlocuteurs que l’archiviste doit chaque jour convaincre et séduire » introduit le programme du douzième colloque « L’archiviste caméléon : médiateur du quotidien » organisé par la section des archivistes communaux, intercommunaux et itinérants de l’Association des archivistes français en 2018. Pour atteindre ses objectifs et assurer ses missions patrimoniales et de gestionnaire de l’information, l’archiviste s’adapte tel un caméléon dans son environnement et fait preuve de pédagogie.
Comment la profession prépare-t-elle son avenir ?
Pour faire face au changement en continuant à être proactifs, les archivistes font de la veille, se forment, sont solidaires, travaillent de concert, partagent connaissances et compétences au sein de leur réseau et au travers de l’AAF, poursuivent leur ouverture auprès des autres disciplines ou métiers. En bref, jouent collectif.
Témoignage
Sandra Menenteau, archiviste au Tribunal de grande instance de Poitiers.
Titulaire d’un doctorat en histoire, Sandra Menenteau s’est réorientée pour suivre le DU « métiers des archives », à l’université de Poitiers, et le master « métiers des archives et des bibliothèques » de l’université d’Angers (2016). Elle a été amenée à effectuer plusieurs missions d’archivage auprès d’administrations ; il lui est aussi souvent demandé de faire un audit de procédures d’archivage ou d’en mettre en place.
Quelle évolution pour son métier ? "Je manque un peu de recul pour percevoir comment la fonction d’archiviste va évoluer, hormis la place exponentielle de l’archivage électronique. Par contre, ma perception du rôle de l’archiviste a évolué. En outre, l’archiviste in situ doit aussi de plus en plus œuvrer à démontrer au producteur que les archives ne sont pas uniquement un fardeau encombrant et onéreux, mais qu’elles s’accompagnent d’enjeux juridiques et d’avantages économiques, et qu’elles peuvent même valoriser l’image de l’institution".