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Formations en infodoc : entre convergence, polyvalence et hybridation

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    Salle de cours à l’EBD, à Paris (©EBD)
  • Les formations aux métiers de l’information et de la documentation constatent des rapprochements entre les métiers, mais soulignent les spécificités et les identités de chacun d’entre eux.

    archimag_378_couv_hd_20240927_page-0001_3.jpgenlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°378

    Au sommaire : 

    - Dossier : bibliothécaires, documentalistes et archivistes : où en est la convergence ?
    Formations en infodoc : entre convergence, polyvalence et hybridation
    L'Humathèque du Campus Condorcet ou l'art de désiloter les métiers
    - Aux archives de Grenoble, le métier d’archiviste-bibliothécaire
    - Au Mucem, une convergence d'objectifs avant tout
    - Macif : la convergence des métiers pour la gouvernance de l’information

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    Convergence ? Polyvalence ? Hybridation ? Quel est le vocabulaire le plus adapté pour parler des formations info-documentaires ? "Force est de constater que la tendance actuelle est à la polyvalence", constate Agnès Caron, directrice de l’École de bibliothécaires documentalistes (EBD). "Les recruteurs recherchent souvent des profils "2 en 1" et l’on voit fleurir depuis deux ans des intitulés de postes tels que "archiviste-documentaliste", "veilleur - knowledge manager", "historien-documentaliste", "chargé de veille - gestionnaire de l’information", ou encore "documentaliste polyvalent". Véritable couteau suisse, le documentaliste est multifonctions". C’est d’ailleurs ce que révèle la dernière enquête métier de l’ADBS, datant de mai 2023, qui indique que les professionnels de l’information exercent huit activités en moyenne.

    Une offre de formation adaptée au marché

    En dépit de son nom, l’École de bibliothécaires documentalistes revendique de ne pas former uniquement des bibliothécaires et des documentalistes. L’EBD délivre depuis plusieurs années déjà des formations polyvalentes et multicompétences. "Et l’analyse du marché de l’emploi nous conforte à poursuivre dans ce sens", poursuit Agnès Caron.

    Résultat : l’école propose un parcours en trois ans, de bac + 3 à bac + 5, avec des intitulés de formation très génériques afin de répondre à cette demande de polyvalence. Chaque formation comprend un ensemble de modules de compétences qui couvrent un large panel et favorisent ainsi l’employabilité des diplômés.

    Lire aussi : Données et informations : deux sœurs qui se connaissent mal… à tort !

    Piloter un référentiel de conservation

    La formation de "médiateur de l’information numérique" forme ainsi à la fois aux fondamentaux des bibliothèques et à ceux de la documentation. Depuis deux ans, des cours sur les archives ont été ajoutés afin que les élèves puissent mener des missions de traitement des fonds d’archives patrimoniales et de valorisation des ressources multimédias au sein d’"espaces patrimoine" d’entreprises.

    De même, dans les cursus supérieurs de "gestionnaire de l’information" et de "manager de l’information numérique", les élèves suivent des cours de records management pour construire et piloter un référentiel de conservation et/ou mettre en place un système d’archivage électronique.

    Une évolution des besoins sous surveillance

    Du côté des recruteurs potentiels, comment ce décloisonnement est-il perçu ? "Nous sommes en contact régulier avec les employeurs publics et privés, tous secteurs d’activité confondus, qui accueillent chaque année nos alternants et stagiaires. Cette proximité nous permet de suivre l’évolution des besoins en compétences dans les métiers de l’information-documentation pour actualiser en permanence nos contenus de formation", précise Agnès Caron.

    Pas de convergence, mais plutôt une hybridation

    L’analyse est quelque peu différente à l’Enssib : "je ne parlerai pas de convergence, mais plutôt de rapprochement et d’hybridation", explique Nathalie Marcerou-Ramel, directrice de l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques. "Tous nos métiers manipulent les mêmes objets documentaires, notamment des fichiers numériques, qu’ils soient nativement numériques ou issus d’une numérisation".

    Selon elle, les enjeux liés à la maîtrise de volumes exponentiels de données sont également partagés par les métiers, bien que ceux-ci ne portent pas le même regard sur ces données : "la BnF et les Archives nationales ont déployé un système d’archivage électronique s’appuyant sur un même modèle : OAIS (Système ouvert d’archivage d’information)", poursuit la directrice de l’Enssib. "Pour autant, leurs modèles de description de ces objets numériques ne sont pas les mêmes : Dublincore pour la BnF, Seda (Standard d’échange de données pour l’archivage) pour les Archives nationales. Chacun conserve sa propre logique de description."

    Lire aussi : Nathalie Marcerou-Ramel reconduite à la tête de l’Enssib

    Un master pluridisciplinaire 

    Fidèle à sa mission, l’Enssib dispense des formations initiales de bibliothécaire et de conservateur post-concours. Elle délivre un diplôme d’établissement post-licence de cadre opérationnel des bibliothèques et de la documentation et est également accréditée pour octroyer plusieurs masters, dont l’un consacré aux sciences de l’information et des bibliothèques.

    Ce master comporte trois parcours de deuxième année : politique des bibliothèques et de la documentation, information scientifique et technique, archives numériques.

    "Cela montre bien que la convergence n’est pas encore à l’œuvre", souligne Nathalie Marcerou-Ramel. "Le parcours "archives numériques est atypique" : il ne s’agit pas d’un master dans lequel on enseigne l’archivistique, mais il est à la croisée des chemins entre les sciences de l’information, l’archivistique et la bibliothéconomie. Ce parcours traduit peut-être une forme de rapprochement entre les métiers".

    Lire aussi : Modèle OAIS : définition, principes et fonctionnement

    Des employeurs qui peinent à formuler leurs besoins

    enssib_formation_master_convergence_metier.jpgDe l’Enssib à la phase de recrutement, que se passe-t-il ? Selon l’enquête d’insertion professionnelle réalisée auprès des diplômés de la mention "sciences de l’information et des bibliothèques" (cohorte 2020 - 2021) et après 18 mois, il apparaît que le taux global d’insertion professionnelle est de 97 %.

    Élément intéressant : en tant qu’école de la haute fonction publique, l’Enssib voit tout de même 20 % de ses diplômés intégrer le secteur privé.

    Pourtant, selon Nathalie Marcerou-Ramel, les employeurs ne semblent pas tous aguerris aux spécificités des métiers info-documentaires : "ils ne savent pas très bien formuler leurs besoins dans le domaine de la gestion de l’information", explique-t-elle. "Il y aurait besoin de clarifier les intitulés de postes et les référentiels de compétences et d’éviter de les faire évoluer trop souvent, car ils finissent par s’y perdre."

    Avec Céline Guyon, coresponsable du master 2 mention " sciences de l’information et des bibliothèques" parcours ARN - Archives numériques, la directrice de l’Enssib a identifié une demande transversale concernant les métiers de la gouvernance des données : "nous proposerons une nouvelle formation en gouvernance responsable des données ouvertes au secteur public et au secteur privé portant sur le cycle de vie des données, l’impact de l’IA, la science ouverte…", explique-t-elle.

    Affirmation d’identités professionnelles

    Du côté du master "archives" de l’université d’Angers, des cours en communs sont dispensés aux étudiants : "nous proposons depuis plusieurs années une option commune aux masters "archives" et "sciences de l’information et des bibliothèques" qui rassemble, ou mélange, des étudiantes et des étudiants des deux formations autour de projets de gestion des corpus numériques", explique Patrice Marcilloux, professeur des universités en archivistique.

    Plusieurs autres cours sont proposés en commun : droit de la culture, droit du numérique, management, document numérique…

    "Pour les formateurs, il reste assez fascinant d’observer combien de jeunes étudiants adoptent spontanément des postures différenciées et des centres d’intérêt volontairement divergents, en cherchant d’abord à affirmer des identités professionnelles, alors qu’ils sont encore en formation", constate Patrice Marcilloux.

    Ces postures apparaissent notamment lors de projets de création de bases de données recensant des fonds et des documents sur un thème imposé. Selon l’universitaire, "les futurs archivistes intègrent spontanément les questions de description à différents niveaux et de la préservation numérique à long terme, là où les bibliothécaires insistent sur l’indexation et l’ergonomie pour l’utilisateur."

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