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Transition bibliographique et systèmes de gestion de bibliothèques : cuisson à feu (très) doux

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    La transition bibliographique traduit une redéfinition de la nature et des fonctions du catalogue centrée sur les besoins des usagers plutôt que sur des notices (Freepik)
  • Dans "Ma recherche en 5 minutes", Archimag donne la parole à l’auteur d’une thèse portant sur les sciences de l’information et de la documentation. Ce mois-ci, Jérémy Seidenberg développe le sujet de son mémoire d’étude, présenté à l’Enssib en 2024.

    enlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°379
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    jeremy_seidenberg_transition_bibliographique.jpgLe modèle FRBR a soufflé ses 27 bougies le 5 septembre dernier et, malgré les promesses, très peu de réalisations concrètes sont encore visibles. Risque-t-il de rejoindre le mythique "club des 27" ? C’est pour répondre à la question de l’actualité de la transition bibliographique, de sa traduction concrète dans les outils métiers et de son futur que je me suis penché, à travers mon mémoire d’étude dirigé par Anna Svenbro, sur ses conséquences pour les S(I)GB. Ce travail a été l’occasion de mener une enquête passionnante sur les fondements de l’informatique documentaire, appuyée notamment sur des entretiens avec des professionnels et des fournisseurs de logiciels, que je remercie chaleureusement pour leur franchise et leurs lumières.

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    La révolution numérique en bibliothèque

    Les technologies numériques représentent une "quatrième révolution", après l’agriculture, l’imprimerie et l’industrie. Les bibliothèques doivent s’adapter en profondeur pour remplir pleinement leur vocation de service public au sein de ce nouvel univers informationnel, marqué par l’avènement du web, l’explosion de la documentation électronique et la multiplication du nombre et des types de ressources. Afin d’y exister, d’être utiles et utilisables, les données des bibliothèques doivent être trouvables, accessibles, interopérables et réutilisables.

    De la recette de grand-mère à la cuisine fusion

    La transition bibliographique se veut la réponse à ces exigences ; elle est également l’héritière d’une réflexion au très long cours sur la nature et les fonctions du catalogue. Elle traduit, à travers de nouveaux principes et codes, une redéfinition de sa nature et de ses fonctions centrée sur les besoins des usagers - trouver, identifier, sélectionner, obtenir et explorer des entités (réelles, avec leurs attributs et leurs relations) -, plutôt que sur des notices (descriptions d’entités).

    Elle bouleverse les fondements de l’informatique documentaire par l’apparition de nouveaux formats (BIBFRAME, INTERMARC-NG ou UNIMARC ER), fondés sur les standards RDF, remettant en cause les formats MARC. Utilisés pour l’échange, puis le stockage et la production de données bibliographiques, ils étaient novateurs lors de leur conception, mais ne sont plus adaptés aux technologies sémantiques du web 3.0 et à la nécessité d’exposer des données ouvertes et liées.

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    Un soufflé qui peine à monter

    La transition bibliographique change donc la donne pour les S(I)GB, dont les fondements technologiques remontent aux années 1960 et 1970. Ils ont été conçus pour répondre aux besoins de gestion des collections et de la circulation des documents, dans un contexte de mise en réseau progressive des établissements. Ils se sont adaptés aux besoins des bibliothèques et à l’avènement du web par l’ajout de modules et de fonctionnalités, entre forces centripètes (intégration) et centrifuges (éclatement en services distincts).

    À l’heure de la transition bibliographique, leur modèle de données est fondamentalement remis en cause. Dans un marché internationalisé, très concurrentiel, concentré, segmenté selon le type de bibliothèques et leur taille, innover présente un risque important. Cette situation explique l’apparente lenteur dans la traduction concrète de la transition bibliographique.

    À chacun sa recette

    Pour se positionner, les fournisseurs de logiciels doivent prendre en compte des facteurs technologiques (formats, modèles de données, hébergement, etc.), commerciaux (segment visé, coût des investissements, modèle de développement, image de marque, etc.), politiques (contexte international, pilotage de la transition bibliographique en France, trajectoire des établissements, etc.).

    Dans cette guerre de position, leurs stratégies prennent la forme soit d’un refus de l’adaptation, soit de modifications des produits existants (sous la forme d’adaptations plus ou moins cosmétiques, de modifications des modèles de données ou d’ajouts de briques fonctionnelles supplémentaires), soit de développements de nouveaux produits à la faveur de stratégies de conquête de marchés ou de mises en réseau.

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    Un nécessaire mijotage

    Si la situation s’est enlisée, comment reprendre l’initiative ? D’une part, il appartient aux professionnels de s’approprier davantage le sujet par la formation, de préparer les catalogues pour les exposer dans le web sémantique, et de transformer leurs conceptions du catalogage pour valoriser la qualité et l’autorité des données des bibliothèques.

    D’autre part, c’est en impliquant davantage l’ensemble des acteurs dans la transition bibliographique, en orientant les réflexions et les formations sur les services et les besoins des usagers, et en cherchant à faire converger les standards et les formats internationaux que les bibliothèques et les fournisseurs de S(I)GB peuvent donner une direction claire et une traduction concrète à la transition bibliographique. Et il ne faut pas oublier que les meilleurs plats en sauce sont ceux qui mijotent le plus longtemps !

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