CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°380
Découvrez Le Push du Veilleur, la newsletter thématique gratuite d'Archimag dédiée aux professionnels de la veille et de la documentation !
C’est un métier qui n’existait pas il y a cinq ans mais qui, en l’espace de quelques mois, est devenu terriblement sexy : analyste Osint. On ne compte plus le nombre d’articles parus dans la presse spécialisée (y compris Archimag) et les conférences consacrées à cette fonction qui est apparue au grand jour à la faveur de la guerre en Ukraine. Elle a pris encore plus d’ampleur dans la guerre informationnelle que se livrent les États, les entreprises et les organisations non gouvernementales.
Si les offres d’emploi d’analyste Osint (open source intelligence) ne sont pas nombreuses, leur lecture fait apparaître des besoins de compétences particulières : veille informationnelle, connaissance approfondie des environnements numériques et des réseaux sociaux, capacités rédactionnelles, esprit d’analyse et de synthèse, rigueur, pugnacité, persévérance…
Si certaines de ces compétences relèvent du tempérament personnel, il n’en reste pas moins que l’analyste Osint doit être formé aux rudiments du métier.
Lire aussi : Désinformation et cyberattaques : l’État se penche sur les datas
Formations initiale, professionnelle et master class spécifiques
Plusieurs formations dédiées à l’Osint (ou Roso, renseignement de sources ouvertes) sont apparues sur le marché des cursus. C’est le cas d’OpenFacto, une association « autofinancée à 100 % » qui propose des formations initiales, des formations professionnelles, ainsi que des "master classes" consacrées à des sujets spécifiques.
Les formations initiales se déroulent à Paris sur deux jours et s’adressent à un public débutant. Au menu, l’apprentissage d’outils web permettant de localiser des moyens de transport (avions, bateaux…), d’utilisation avancée des moteurs de recherche, de techniques de recherche sur les réseaux sociaux, d’analyse d’images et de vidéos… Aucun prérequis n’est exigé en dehors de savoir utiliser un ordinateur.
En revanche, "il est nécessaire d’apporter son ordinateur (Mac, PC ou Linux) et son chargeur". OpenFacto encourage l’utilisation de logiciels open source (navigateur Firefox, application GoogleEarthPro, suite bureautique LibreOffice…) Facturée 300 euros (TTC), cette formation initiale est également accessible à moindre coût pour les adhérents OpenFacto (250 euros) et les étudiants et demandeurs d’emploi (70 euros).
Certification Qualiopi
Du côté des formations professionnelles, OpenFacto propose du sur-mesure aux organisations désireuses d’acquérir des compétences : "chaque formation est personnalisée pour garantir un apprentissage efficace et immédiatement applicable".
Quant aux master class, elles s’adressent à un public déjà aguerri aux techniques de base en Osint et répondent à des besoins spécifiques : traçabilité des avions et suivi des navires, identification d’armes, enquêtes sur la Chine…
Les frais d’inscription sont proches de ceux appliqués à la formation initiale, avec un tarif très avantageux de 30 euros seulement pour les adhérents de l’association. À noter qu’OpenFacto s’est vu délivrer la certification Qualiopi et revendique plus de 800 élèves accompagnés depuis sa création en 2019.
Lire aussi : Hacking éthique, cybersécurité, empreinte numérique... Rencontre avec Baptiste Robert
Étudier le cadre légal de l’Osint
Autre acteur présent sur le marché de la formation Osint, l’École de guerre économique (EGE) propose une master class "Collecte d’information et open source intelligence" qui se déroule sur trois jours en présentiel et en distanciel.
La première journée est consacrée à une introduction de la discipline (concepts, méthodologie, cadre légal), suivie d’une journée portant sur les réseaux sociaux (trouver un interlocuteur sur LinkedIn tout en détectant les faux profils…).
La troisième journée porte plus particulièrement sur des investigations techniques (analyse de site web) et l’identification des bases de données. "Au début de la formation, les stagiaires peuvent s’exprimer lors d’un tour de table sur ce qu’ils en attendent en matière d’enjeux, de contenus, d’apports", explique l’École de guerre économique. "En fin d’action, ces mêmes stagiaires vont pouvoir évaluer l’atteinte de leurs objectifs individuels."
Sans surprise, cette formation s’adresse aux veilleurs et aux documentalistes, mais aussi aux professions qui ont besoin d’informations fiables : journalistes, négociateurs, chargés de ressources humaines, acheteurs import/export… En revanche, elle suppose un prérequis : un diplôme de Niveau 6 (licence, licence professionnelle, bachelor universitaire de technologie). Et elle a un coût : 3 000 euros.
Quels outils Osint choisir ?
Bien connu des journalistes, le CFPJ (Centre de formation et de perfectionnement des journalistes) s’est lui aussi positionné sur le segment de l’Osint. En revanche, elle est prioritairement réservée aux journalistes et se déroule sur deux jours au cours desquels les stagiaires sont invités à analyser le fonctionnement d’internet, notamment ses aspects les moins connus : web profond, dark web…
L’utilisation des bases de données est également abordée, avant de passer aux travaux pratiques : peut-on faire confiance (ou pas) à un site web ? Comment effectuer des recherches avancées sur les réseaux sociaux ? Quels outils et quelle méthodologie Osint choisir ? Comment vérifier des images/vidéos grâce à la chronolocalisation et la géolocalisation ? Des exercices pratiques sont réalisés tout au long de la formation.
La pédagogie employée repose sur "une alternance de théorie, de démonstrations par l’exemple et de mise en pratique grâce à de nombreux exercices individuels ou collectifs", souligne le CFPJ qui propose également des exercices, des études de cas et des cas pratiques pour rythmer cette formation. D’un coût de 1 615 euros (HT), cette formation ouvre droit à un "espace apprenant" en ligne dans lequel les supports pédagogiques peuvent être téléchargés.
Lire aussi : Intelligence économique : conjuguer secret et innovation
Opsec, Socmint, Geoint et web caché
Nouveau venu sur le marché de la formation Osint, Predicta Lab dispense une formation de trois jours divisée en quatre modules : Opsec (mesures de protection pendant l’enquête), Socmint (analyse des réseaux sociaux), Geoint (renseignement géospatial) et dark web (analyse du web caché). "Nous évoluons sur les multiples facettes de l’Osint en direction des différents types de publics, du débutant à l’expert, pour le secteur public ou privé", explique Baptiste Robert, le fondateur de Predicta Lab.
Précision importante, cette formation peut être personnalisée en fonction des besoins et des objectifs des clients.
Des salaires à partir de 3 500 euros brut par mois (en théorie…)
À quel salaire s’attendre ? Selon l’école d’informatique dédiée à la cybersécurité Guardia, la rémunération de départ s’établit à 3 500 euros brut par mois et peut atteindre 6 200 euros brut pour un profil confirmé. Mais attention ! Cette fourchette vaut surtout pour l’Osint appliquée en milieu informatique.
Faute de statistiques fiables, il semble que les salaires soient moins généreux dans d’autres domaines d’application, tels que la géopolitique. Viginum, le Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères, publie des offres d’emploi, mais de façon irrégulière.
Lors du bouclage de ce numéro d’Archimag (mi-novembre 2024), aucune offre d’emploi Osint n’était proposée à l’exception d’un stage d’analyste pour le domaine latino-américain. Quant au salaire, il était "non spécifié"…
