CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°382 - Les éditeurs face à l’IA : comment vos outils se réinventent
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109 milliards d’euros. Le chiffre a fait sensation, lorsque Emmanuel Macron a annoncé le montant des investissements en faveur du développement de l’intelligence artificielle en France. « Ce sont 109 milliards d’investissements privés, étrangers et français, qui sont confirmés », s’est-il réjoui lors du Sommet pour l’action sur l’IA qui s’est tenu à Paris au mois de février dernier. « En tant que Français et Européens, on veut accélérer et on veut réduire l’écart. C’est ce qu’on est en train de faire avec ces 109 milliards. »
À y regarder de plus près, la liste des investisseurs ne manque pas d’intriguer. Si l’on compte bien quelques acteurs français (Mistral AI, Groupe Iliad, Banque publique Bpifrance…), on note également la présence en masse d’acteurs non européens : le fonds d’investissements MGX des Émirats arabes unis (environ 50 milliards d’euros à lui seul), le fonds canadien Brookfield, le fonds américain Apollo… sans oublier Amazon, qui prévoit un plan à 6 milliards d’euros pour développer l’infrastructure cloud en France.
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L’Europe débloque 200 milliards d’euros
Le président de la République n’a pas été le seul à annoncer faire pleuvoir les euros sur l’IA. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a mis la barre encore plus haut : 200 milliards d’euros seront mobilisés pour faire de l’Europe « l’un des principaux continents de l’IA ». L’UE participera à hauteur de 50 milliards, tandis que les 150 milliards supplémentaires proviendront de l’initiative « European AI Champions ». Plusieurs dizaines d’entreprises privées (Airbus, L’Oréal, Mercedes, Siemens, Spotify, Mistral AI…) ont déjà rejoint le projet avec, en ligne de mire, un objectif posé par Ursula von der Leyen : « le leadership mondial est encore à prendre ».
Du côté des entreprises, on se réjouit de ces annonces, notamment de la promesse de la Commission européenne de retirer la directive sur la responsabilité en matière d’IA : « au-delà de l’annonce de l’investissement de 200 milliards d’euros, qui n’engage que ceux qui y croient, l’annonce de la simplification de la réglementation concernant l’IA est une vraie victoire pour nos entreprises », explique Stéphane Roder, président d’AI Builders et auteur du « Guide pratique de l’IA dans l’entreprise ». « Libérées de cette réglementation qui s’apprêtait à les étouffer, nos entreprises, et surtout les plus petites d’entre elles, les ETI et les PME, vont enfin pouvoir innover sans avoir d’énormes frais de mise en conformité et sans craindre de payer 7 % de leur chiffre d’affaires en amendes ! »
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Jeux de données de qualité et défense de l’environnement
Le sommet de Paris a également été l’occasion pour la France d’annoncer la création de Current AI, un véhicule d’investissements qui se donne pour objectif d’œuvrer en faveur d’une IA « d’intérêt général ». Dotée d’une enveloppe initiale de 400 millions de dollars, Current AI affiche l’ambition de lever 2,5 milliards sur cinq ans. Derrière cette initiative, on trouve neuf pays, dont la France, mais aussi des acteurs privés (Salesforce, Google, Fondation Bill Gates…) qui plaident pour la création de jeux de données de qualité dans les domaines de la recherche, de la santé et de l’éducation.
Sans surprise, la question environnementale s’est également invitée à Paris : « il n’y a pas d’IA sans énergie, en particulier sans électricité », rappelle Fatih Birol, le directeur de l’agence internationale de l’énergie (AIE). Alors que des milliers de centres de données vont être construits dans les mois qui viennent, l’AIE a annoncé le lancement, au mois d’avril, d’un observatoire de la consommation mondiale d’énergie de l’IA. Selon ses estimations, l’intelligence artificielle pourrait être responsable d’une augmentation de 75 % des besoins en électricité en 2026, par rapport à 2022.