46 % : c’est la part des émissions de gaz à effet de serre du numérique en France liée aux centres de données (qu’ils soient implantés sur le territoire ou à l’étranger, mais utilisés depuis la France). C’est ce que révèle la quatrième édition de l’enquête "Pour un numérique soutenable", publiée le 17 avril 2025 par l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep). Celle-ci intègre depuis cette annéeles équipementiers de réseaux mobiles, dont la seule fabrication des équipements vendus en France en 2023 a généré 79 000 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de près d’un million de smartphones, malgré une baisse des ventes.
Mais au-delà des données, une inflexion de vocabulaire interroge : on parle désormais de "numérique soutenable", non plus seulement "responsable". Un glissement sémantique qui traduit une ambition : ne plus se contenter d’agir "mieux", mais d’agir dans les limites planétaires et de ne pas céder à l’illusion d’un numérique "dématérialisé".
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Centres de données et télécoms : une dynamique à contre-courant
Alors que la consommation d’électricité du secteur tertiaire a diminué en 2023, celle des centres de données a progressé de 8 %, portée par la mise en service de huit nouveaux sites, principalement en Île-de-France. Résultat : les émissions de gaz à effet de serre des opérateurs de data centers ont augmenté de 11 %, en raison notamment de la hausse des émissions indirectes liées à l’électricité et le volume d’eau potable utilisé pour leur refroidissement explose (+19 %).
En parallèle, les opérateurs télécoms enregistrent une hausse de 4 % de leurs émissions, portée par l’essor des usages mobiles. La fibre, plus efficiente, permet une décrue de la consommation sur les réseaux fixes (-14 %), mais le mobile reste énergivore, tant en phase d’usage qu’en fabrication.
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Moins d’équipements, mais des écrans toujours plus grands
Le volume de terminaux en vente sur le marché diminue, une tendance a priori vertueuse, mais vite contrebalancée. Car les écrans gagnent en taille, ce qui accroît nettement la consommation électrique lors de l’usage : un téléviseur grand format utilise jusqu’à six fois plus d’énergie qu’un modèle compact. Par ailleurs, l’arrivée de l’IA générative dans les nouveaux appareils risque d’entraîner un renouvellement plus rapide, ce qui remet en question les efforts de sobriété.