Chaque Etat disposant de sa propre législation, il est parfois difficile de savoir ce que l'on a le droit d'acheter ou pas dans les différents pays du monde. Une association lutte contre la circulation illégale de biens culturels et vient de lancer un site internet pédagogique permettant aux internautes de s'informer sur chaque pays, et donc de se protéger tout en préservant le patrimoine mondial.
Le saviez-vous ? Sortir une antiquité de son pays d'origine est illégal. En d'autres termes, acheter un objet ancien durant vos vacances en Egypte et le rapportez en France, par exemple, est strictement interdit et peut vous coûter cher ! L'Icom (International council of museum, ou Conseil international des musées, en français) est une organisation créée en 1946 par des professionnels de musées qui a justement pour mission de lutter contre le trafic de biens culturels en garantissant leur préservation, leur conservation et leur transmission.
On ne parle pas que de vols dans les musées ou dans d'autres lieux culturels, mais aussi d'exportations et d'importations illicites, de transferts illégaux de propriété, ou même de trafic d'oeuvres falsifiées. Rassemblant 30 000 experts de 136 pays dans le monde, elle vient de lancer le site internet de son Observatoire destiné à rassembler le maximum de données portant sur les oeuvres volées ou menacées du monde entier.
Une tablette cunéiforme vendue sur eBay
Depuis plusieurs années déjà, l'Icom diffuse ce qu'elle appelle des "Listes rouges", sortes de mémos répertoriant les catégories d'objets archéologiques ou les oeuvres d'art en danger de zones du monde particulièrement vulnérables, et ce afin d'empêcher leur vente et leur exportation illégale. Un dispositif efficace, puisque les polices et les douanes ont pu réaliser, grâce à elles, de nombreuses saisies d'objets.
Parmi les "success stories" de l'Icom, 6 000 artefacts pillés sur des sites archéologiques au Niger ont été saisis par les douanes françaises en 2004 et 2005 et restitués en mars 2006 à leur pays d'origine. La France a également rendu 13 objets irakiens l'an dernier et la Grande-Bretagne 1 500 à l'Afghanistan. En 2008, une tablette cunéiforme a pu être identifiée sur la plateforme suisse d'eBay et bloquée in extremis quelques minutes avant la fin des enchères.
Carte interactive
Avouons-le, entre les différentes législations nationales et internationales, il est parfois difficile de s'y retrouver. Car ce n'est pas la nature même de l'objet qui est en cause, mais bien la loi, spécifique à chaque pays. "Tout le monde pense qu'il y a très peu de publications sur le sujet, a expliqué France Demarais, la directrice de l'Observatoire, à La Croix ; c'est pourtant faux puisqu'on a trouvé 5 000 contenus ; mais tout est éparpillé". C'est bien la raison d'être de ce nouveau site internet que de réunir toutes ces ressources en un seul et même portail. Il permet également de fédérer et de faire collaborer toutes les organisations concernées par le sujet.
Pédagogique, le site propose une carte interactive claire permettant de s'informer rapidement sur la législation ratifiée par le pays dans lequel on souhaite se rendre, ou qui nous intéresse. Des textes explicatifs, élaborés avec des experts, permettent également de sensibiliser les internautes sur les erreurs ou les arnaques. Des Français se sont justement fait avoir récemment en achetant des objets munis de faux certificats soi-disant édités par l'Unesco et l'Icom. Or, les deux organismes n'en produisent jamais. Leur naïveté a coûté à ces acheteurs incrédules plusieurs milliers d'euros. Car rappelons le : sans acheteur, il n'y a pas de trafic de biens culturels...