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Le sourcing, "première valeur ajoutée du veilleur" selon Béatrice Foenix-Riou

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    Selon Béatrice Foenix-Riou, "de nombreux professionnels pensent en effet « outils » avant de penser « sourcing »" (DR)
  • Sommaire du dossier :

    A lire aussi : Réussir sa veille, c'est la professionnaliser (article partenaire)

    Béatrice Foenix-Riou est directrice fondatrice de BFR Consultants et formatrice. Elle est également l’auteure d’ouvrages sur la recherche d’information et tient le blog Recherche-eveillee.com.

    Comment et où trouver de bonnes sources d’information ? 

    Pour identifier les « bonnes » sources d’information à mettre sous surveillance, il est indispensable de prendre avant toute chose le temps de la réflexion et d’élaborer un plan de veille détaillé. Ce dernier doit expliciter les objectifs et les enjeux de la veille, délimiter le périmètre et les axes de la surveillance, etc. C’est en s’appuyant sur ce plan de veille que l’on pourra s’attaquer au sourcing, en combinant « veille cible » et « veille radar » – pour reprendre l’appellation de Christophe Deschamps –, c’est-à-dire surveillance de sources spécifiques (veille cible) et de requêtes mots-clés sur le web ou les médias sociaux (veille radar).
    Le sourcing est une étape décisive de la veille. Plusieurs pistes peuvent être explorées pour le mener à bien, parmi lesquelles :

    • l’identification spécifique de « pages de liens » : des astuces aident au repérage de telles pages, mais il est nécessaire pour les utiliser de connaître parfaitement la syntaxe des moteurs de recherche, et d’élaborer des requêtes souvent complexes ;
    • la localisation de sources en langues étrangères : dès lors que la veille vise d’autres pays que la France, les sources dédiées au sujet qui existent dans les pays concernés s’avèrent précieuses, et ce, quelle que soit leur langue (anglais, chinois...). Les nombreux outils de traduction qui existent (que ce soit Google Traduction ou des services plus récents comme Deepl) peuvent aider à les localiser ; les flux RSS de ces sources pourront à leur tour être traduits directement via un agrégateur de flux comme Inoreader (version « Professionnel » uniquement), ou via des services comme Zapier…
    • l’exploitation des moteurs de recherche d’images (Google Images, TinEye, etc.) : leurs fonctionnalités puissantes en font des outils appréciables pour identifier des sources à surveiller, repérer des experts sur un sujet, vérifier l’origine d’une information…

    Les veilleurs ont-ils tendance à surestimer les logiciels de veille au détriment du sourcing ?

    C’est en tout cas un écueil à éviter. De nombreux professionnels pensent en effet « outils » avant de penser « sourcing », oubliant par là même que la qualité d’une veille dépend en premier lieu des sources mises sous surveillance. Mais c’est incontestablement dans la recherche d’informations et dans la sélection des sources à surveiller que réside la première valeur ajoutée du veilleur. 

    Que doivent faire les veilleurs pour déjouer les risques liés aux biais cognitifs ?

    Les veilleurs peuvent être, presque continuellement, le jouet d’un grand nombre de biais cognitifs, qui vont les pousser à sélectionner inconsciemment des informations qui confirment leurs croyances, à figer la représentation qu’ils se font d’une situation en ignorant les signaux annonciateurs de changement, à être influencés par la manière dont un problème est présenté, etc.
    Ces biais comportementaux sont par ailleurs renforcés par les algorithmes des Gafa, puisque leurs flux d’informations proposent systématiquement des données proches de ce qui a déjà été lu. Le risque est alors pour le veilleur de s’enfermer dans une « bulle informationnelle ». Pour déjouer ces risques, il faut avant tout en être conscient et sortir volontairement de sa zone de confort.

    Pour un veilleur, cela signifie élargir intentionnellement le champ de la « veille cible » et de la « veille radar », en entretenant la diversité des sources mises sous surveillance, en soignant l’univers sémantique de sa veille, et en repensant ses critères de sélection.

    À quel rythme faut-il réviser un corpus de sources ?

    Plus que « réviser » périodiquement un corpus de sources, je préfère dire qu’il faut régulièrement l’améliorer… La veille est par définition un processus itératif – qui se répète. Il est donc important d’être constamment à l’affût de nouvelles sources sur un sujet (pour sortir de sa bulle notamment), de questionner les destinataires sur la pertinence des résultats – en tenant compte des retours – et enfin d’analyser soi-même l’origine des informations que l’on a sélectionnées, afin de perfectionner le cas échéant les requêtes enregistrées ou supprimer les ressources peu pertinentes.

    Pour suivre Béatrice Foenix-Riou sur Twitter : @BFoenix

     

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    Dans le cycle de la veille - expression des besoins, collecte, traitement-analyse, diffusion -, le sourcing est à la base de la deuxième étape. Après avoir défini une stratégie de veille, il s’agit de bien choisir les sources qui vont alimenter la recherche d’informations : Béatrice Foenix-Riou en livre les principes de méthode.
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