CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°373
Au sommaire :
- Dossier : les (nouvelles) meilleures pratiques collaboratives
- Du millefeuille numérique à l’entreprise collaborative : comment opérer un changement des pratiques et des mentalités
- Outils collaboratifs : les éditeurs innovent, notamment grâce à l’IA, aux API et au no-code, pour accompagner les nouveaux usages
- Comment Bouygues Telecom et le cabinet de conseil Mazars utilisent leur digital workplace pour transformer l’expérience collaborateur
- Avec le "citizen development", EDF mise sur les compétences internes pour booster l’intelligence collective
Après huit ans de transformation collaborative, EDF compte aller plus loin dans la mobilisation des collaborateurs. En faisant appel à l’intelligence collective, le groupe s’est lancé dans une large expérimentation : le "citizen developement" ou le développement à portée de tous.
"Lorsque nous nous occupons de la conduite du changement au sein d’un pôle ou d’un service, notamment pour des outils collaboratifs, il est indispensable d’affiner l’équilibre entre le besoin des salariés et le coût des licences des outils nécessaires pour y répondre", constate Nathalie Lis, pilote stratégique en transformation digitale chez EDF. Ainsi, l’objectif du "citizen developement" est de permettre aux collaborateurs de créer eux-mêmes des applications métiers ou des workflows, que ce soit pour leur pôle ou pour l’ensemble du groupe.
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"Le déploiement de Microsoft Teams dès 2018 a changé notre quotidien et a optimisé le temps de travail", poursuit Nathalie Lis. "Mais nous avons continué à surveiller les besoins auxquels nous n’avions pas répondu". Dès mars 2023, EDF étend son environnement Microsoft en intégrant les services Power Platform, Power Automate et Power BI. "Nous les avons ouverts en mode "silencieux" ", précise-t-elle. "Seule une petite équipe impliquée aussi dans la stratégie de transformation collaborative a pris la main sur ces outils et est montée en puissance, pour voir comment ça se passait".
La Power Platform et les autres outils Microsoft permettent aux volontaires de créer leurs propres applications sans nécessairement savoir coder. Le système de low-code et de no-code mis à disposition par ces logiciels constitue la base même du "citizen developer". L’idée est de calquer les bonnes pratiques éprouvées lors de la transformation collaborative du groupe.
"Nous avons fait une proposition de gouvernance, car nous ne souhaitons pas museler les collaborateurs", reprend Nathalie Lis. "Au contraire, nous voulons les encourager à être proactifs, mais dans un certain cadre". L’objectif de la stratégie ? Mettre en place un réseau de référents (experts et animateurs) pour accompagner les "citizens developers" ou même les développeurs professionnels dans la création d’applications et de workflows.
Une gouvernance et un réseau de référents
"Difficile d’avoir autant de référents Power Platform que de référents collaboratifs, car la charge est immense", reconnaît Nathalie Lis. "Mais nous opérons des aménagements pour être plus efficaces avec moins de ressources. Nous ne voulons pas passer à côté de projets transverses qui pourraient servir plusieurs directions régionales ou plusieurs métiers".
Concrètement, un temps alloué (20 à 30 % du temps de travail) et une lettre de mission permettra au "citizen developer" de se concentrer sur son projet. "Nous avons deux exigences", précise Nathalie Lis. "Le "citizen developer" doit avoir fait le parcours complet d’accompagnement et de formation auprès des référents et il doit signer la charte des développeurs que nous sommes en train de finaliser". Cette dernière permettrait d’encadrer les pratiques, surtout en ce qui concerne la gestion responsable des données (RGPD, confidentialité, etc.).
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L’internalisation de la création d’applications et de workflows pose la question de la transmission et de la maintenance applicative. Que faire lorsqu’un "citizen developer" quitte l’entreprise ? "La personne qui développe un outil doit assurer la maintenance et former un autre collaborateur s’il quitte ses fonctions", explique Nathalie Lis. "Cependant, lorsqu’il s’agit d’une application transverse, il faut qu’il y ait plusieurs "propriétaires" pour assurer une continuité en cas de départ". La création d’une gouvernance participera aussi à clarifier la problématique de la maintenance applicative.
Durant cette phase d’expérimentation, une centaine de collaborateurs s’est intéressée au projet et une quinzaine a effectivement développé une application ou un workflow. Seuls 10 % de ces outils sont dits "actifs", c’est-à-dire qu’ils comptent au minimum dix utilisateurs et une vingtaine de connexions par mois.