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Lucie Termignon : l'IA, les data, la culture, et le reste

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    Entre culture et intelligence artificielle, Lucie Termignon façonne l’avenir du patrimoine numérique avec une curiosité sans frontières (DR).
  • Lucie Termignon est conseillère Intelligence artificielle et découvrabilité au sein du Service du numérique du ministère de la Culture. Retour sur le parcours d’excellence de celle qui accompagne aujourd’hui les établissements culturels publics dans leurs projets d’IA.

    archimag_381_hd_couv_20250130_page-0001_1_11.jpgenlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N° 381 : Protection des données en entreprise: quelle stratégie à l'ère de l'IA ?

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    Son profil LinkedIn ressemble à celui des bonnes élèves de la République : bac scientifique et classe préparatoire littéraire au prestigieux Lycée Henri IV, à Paris, un passage par l’Université de New York, puis au campus Ina et à l’École normale supérieure, où elle décroche successivement un master Patrimoines audiovisuels et un master de géographie. "L’École normale supérieure est un endroit formidable pour papillonner !", se souvient Lucie Termignon. "J’ai pu y assouvir une curiosité qui touche aux mathématiques, aux lettres, aux données, à la cartographie…"

    Avec un tel CV, il ne lui a pas été difficile de trouver des postes au sein de quelques-unes des institutions culturelles les plus courues. Au Centre national du cinéma, d’abord, comme chargée de mission en action territoriale, puis, de 2021 à 2023, à la Bibliothèque nationale de France (BnF) où elle est propulsée cheffe de projet Données et intelligence artificielle : "la BnF est un vaisseau amiral qui mène des projets au long cours. Les gens qui y travaillent sont très attachés à cette institution et aux missions qui leur sont confiées. J’ai adoré y travailler et je dois beaucoup à Emmanuelle Bermès, qui m’a formée et apporté toutes ses connaissances dans le domaine des humanités numériques".

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    Mettre les mains dans le cambouis de l’IA

    L’intelligence artificielle est entrée dans la vie de Lucie Termignon comme dans celle de beaucoup d’internautes. Mais à une autre échelle. Depuis plus d’un an, elle occupe le poste de conseillère Intelligence artificielle et découvrabilité au sein du Service du numérique du ministère de la Culture. Sa mission consiste à accompagner les établissements culturels publics dans leurs projets IA.

    L’occasion de rencontrer les représentants des mastodontes (Google, Meta…) et des pépites françaises (Mistral…), ainsi que des chercheurs. Bref, un observatoire incomparable pour saisir le sort du patrimoine à l’ère de l’intelligence artificielle triomphante.

    "J’aime mettre les mains dans le cambouis de l’IA. Mon rôle consiste à comprendre ce que les développeurs disent et de jouer le rôle d’interface avec les métiers de la culture et du document. Contrairement à ce que l’on peut penser, le monde du code est très intéressant et j’essaie de l’apprendre avec la même curiosité que lorsque j’apprends une langue étrangère ou la musique".

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    Numérique ou argentique ?

    Ce monde fait de négociations entre l’État et les géants du numérique apparaît peu au grand jour. En revanche, le travail de Lucie Termignon a récemment donné naissance à une plateforme publique que tous les internautes peuvent utiliser : compar:IA.

    Cet outil (en version beta) poursuit deux objectifs : promouvoir des contenus francophones dans les modèles de langage conversationnels et encourager l’esprit critique des utilisateurs. En ligne depuis le mois d’octobre dernier, compar:IA est notamment utilisé en contexte de formation, mais aussi par les acteurs de la filière numérique et le monde associatif. "Nous sommes ravis de constater que l’audience de la plateforme augmente, avec 35 000 requêtes constatées à la mi-décembre."

    Lorsqu’elle n’est pas plongée dans l’analyse de données, Lucie Termignon se reconnaît une passion : déambuler à Paris et ailleurs avec un appareil-photo à la main : "j’utilise exclusivement un appareil argentique et réalise les tirages moi-même dès que je le peux !"

    Dans son panthéon personnel, figurent notamment le Français Bernard Plossu, connu pour ses reportages de voyage, et l’Américain Saul Leiter, un photographe quasi-peintre. "Photographier, c’est aussi s’interroger sur la meilleure façon de conserver des images", conclut-elle. "Et à ce jeu-là, l’argentique l’emporte sur le numérique…"


    Elle like

    • Sa ville préférée : j’ai été très marquée par New York et suis très attachée à Paris.
    • Son œuvre préférée : je suis très impressionnée par "L’Herbier de prison", de Rosa Luxembourg, découvert tout récemment.
    • Son plat préféré : l’œuf à la coque ou la religieuse au café, bien qu’aucun ne fasse vraiment office de plat de résistance.
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    La mise à disposition des décisions de justice en Open Data a vu le jour grâce à la loi pour une République numérique votée en 2016. Les articles 20 et 21 prévoient la mise en open data des quatre millions de décisions de justice produites chaque année par les tribunaux français. Camille Girard-Chanudet est chercheuse en sociologie au sein du Centre d’étude des mouvements sociaux. En 2023, elle a soutenu une thèse devant l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) : "La justice algorithmique en chantier, sociologie du travail et des infrastructures de l’intelligence artificielle". Dans ce cadre elle a rencontré les équipes de la Cour de cassation qui procèdent à l’anonymisation des décisions de justice.

    Serda Formations Data 2023