En partenariat avec Serda Formation, Archimag crée l’Observatoire des métiers et des compétences en management de l’information. Doté d’un baromètre sur l’emploi, ce dispositif souhaite éclairer les professionnels sur les évolutions de leurs métiers et les nouvelles perspectives qui s’ouvrent à eux.
La première édition du baromètre Archimag-Serda Formation se penche sur plus de 1300 annonces des recruteurs et fait ressortir les métiers et les compétences les plus demandés. Elle apporte nombre de précisions sur les niveaux de diplômes, profils, savoir-faire ou savoir-être, ainsi que sur les caractéristiques du marché du travail. Vous pouvez télécharger la synthèse du baromètre Archimag-Serda Formation.
Ce baromètre émane de l’Observatoire des métiers et des compétences en management de l’information mis en place par Archimag et Serda Formation, SerdaLab apportant son soutien en analyse et étude. Archimag, Serda Formation et SerdaLab appartiennent au Groupe Serda.
Pour Archimag, cet observatoire s’inscrit dans sa vocation, depuis son origine, d’informer les professionnels de la documentation, de la veille, des archives, des bibliothèques et de la gestion de l’information dans les organisations sur l’évolution de leurs métiers et de leurs compétences.
Rester utile
Ces métiers, pour certains très anciens - pour illustration, l’école des Chartes qui forme des archivistes date de 1821 - n’ont cessé aux cours des dernières décennies d’être bousculés. Ils ont tour à tour ou même simultanément été touchés par les crises économiques et les réductions de budgets et d’effectifs, l’informatisation, l’émergence d’internet, la mobilité et les réseaux sociaux facilitant les flux d’information, son accès et sa démultiplication, le passage à une “société de l’information”, doublée d’une “transformation numérique de l’économie” (voir notamment le rapport au gouvernement de Philippe Lemoine “La transformation numérique de l’économie française”, novembre 2014).
De quoi douter de ce que l’on fait et s’interroger sur ce que l’on ferait mieux de faire ! Autrement dit, si l’on souhaite rester utile, quelles sont les compétences à renforcer, celles qui sont en perdition et celles qui feront les projets professionnels de demain.
En 2013, Archimag avait déjà tenté d’apporter un éclairage global sur les évolutions professionnelles, avec le guide pratique “Nouveaux métiers de l’infodoc”. Un article donnait un état des lieux quantitatif et qualitatif du marché de l’emploi grâce à une veille opérée sur six mois de parution d’annonces d’emploi. L’Observatoire des métiers et des compétences en management de l’information va permettre de systématiser cette démarche, grâce en particulier à son baromètre de l’emploi annuel.
Master 2, diplôme le plus prisé
Celui-ci s’appuie sur le dépouillement par SerdaLab de 1328 petites annonces repérées en 2014. Des comparaisons sont permises avec les résultats avancés en 2013. Voici les points essentiels.
- Contrat. La part des CDI est équivalente à celle des CDD (34%) et fluctue sensiblement selon les domaines : stage dans la communication, CDD dans la documentation, CDI dans les data.
- Diplôme. Difficile de trouver un emploi en-dessous d’un bac + 2 (94% des annonces concernent bac+2 à bac+5). Le master 2 est en passe de devenir le diplôme le plus prisé.
- Expérience. Les profils débutants semblent moins défavorisés que dans d’autres domaines dans la mesure où l’intérêt pour le numérique et la maîtrise de nouveaux logiciels, apanage des jeunes générations, sont fortement valorisées.
- Rémunération. Le salaire annuel moyen est de 27 300 euros, un niveau peu élevé qui s’explique notamment par une forte demande de profils débutants ou junior (le salaire annuel brut moyen est de 34 488 euros selon l’Insee, chiffre 2012). L’accès à des rémunérations supérieures et à un contrat CDI a tendance à être corrélé avec le degré de technologie du poste.
- Localisation. Paris et la région Ile-de-France concentrent 59% des annonces publiées. Rhône-Alpes est la seule autre région à deux chiffres (11%).
- Savoir-faire. La pratique de l’anglais ou la maîtrise de la suite Office sont des prérequis, exigé avec un haut niveau de pratique. La connaissance des logiciels métier est un atout différenciant pour le candidat. Les compétences en gestion de projet, la capacité d’analyse ont un impact significatif sur les recruteurs. Particulièrement dans la veille et la communication, une seconde langue - européenne du sud ou de l’est - est appréciée.
- Savoir-être. Rigueur et organisation sont fortement valorisées. Sont de plus en plus recherchés des profils de communicants tant en interne qu’à l’externe, un critère logique chez les bibliothécaires compte tenu de leur mission d’accueil et de médiation, mais un peu moins évident pour les métiers des archives, par exemple. La prise d’initiative, l’autonomie sont des qualités fréquemment recherchées.
Des CDD encore en hausse en documentation
Par rapport à 2013, certaines évolutions sont à constater, ceci avec la réserve que l’échantillon d’alors n’était issu que de six mois de parutions d’annonces d’emploi. On note en particulier trois points :
- documentation. La demande de candidats progresse dans les secteurs de l’éducation et de l’industrie. Le CDD, déjà prédominant en 2013 renforce sa position : on compte le double d’offres en CDD par rapport aux CDI.
- veille. Le master 2 devient le diplôme le plus demandé (46 % des annonces contre 33 % en 2013). Le nombre de stages progresse de façon significative.
- communication. Le profil débutant junior devient largement majoritaire. De nouveaux secteurs en sont demandeurs, ceux des nouvelles technologies et du tourisme.
Métiers du big data
Le baromètre détaille ces différents points et se penche précisément sur chaque domaine : archives, documentation, bibliothèque, communication, data, veille.
Si les annonces concernant la gestion des données sont encore rares, cela ne doit pas occulter le fait marquant de leur apparition. Open data et gestion des données personnelles apportent leur lot d’opportunités professionnelles. Côté big data, des titres comme chief data officer (CDO, directeur des données), data scientist, data analyst vont attirer plus d’une vocation.
L’explosion des données ne s’en tient pas à des interrogations purement informatiques laissées à la sagacité des DSI. Envisager de conduire une activité ou une entreprise par les données suppose d’élargir les points de vue : au-delà de la volumétrie, de la vitesse et de la variété de ces données (trois “v” du big data), il faut aussi parvenir à les faire parler, c’est-à-dire les traiter et les analyser pour en tirer de la valeur.
D’où de nouveaux métiers faisant appel à des compétences très éloignées de celles des professionnels de l’infodoc (statistiques, mathématiques, informatique…), mais où ceux-ci ont également des arguments à faire valoir (sémantique, catégorisation, droit de l’information). De plus, la transversalité, le croisement des compétences ne sont-ils pas le propre de nombreux projets innovants ?
Un début
Dans un contexte de “transformation digitale” des entreprises et de la société, nous ne sommes certainement qu’au début de ces nouveaux métiers. A l’image des métiers de l’internet dont la famille, une vingtaine d’années après sa fondation, est aujourd’hui nombreuse, avec certaines branches désormais très distinctes les unes des autres : documentaliste intranet, e-bibliothécaire, veilleur, gestionnaire d’e-réputation, social media manager, community manager, spécialiste de l’optimisation pour les moteurs de recherche (search engine optimization, SEO), architecte de l’information, archiviste cloud...
A chacun, étudiant fraîchement diplômé ou professionnel en place décidant de se relancer sur le marché du travail d’évaluer son employabilité. Et si une carte manque à son jeu, il est toujours possible d’aller la chercher avec un complément de formation continue.
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+repères
Exclusif : enquête sur les formations. Archimag et Serda Formation ont lancée le 1er décembre 2014 une grande enquête formation. 1131 personnes ont répondu ! Vous pourrez découvrir l’ensemble des résultats dans notre numéro 283 de avril prochain.