"C'est un dossier chaud, car il y a pas mal d'argent derrière", affirme sans détour Denis Berthault, le président du Groupement Français de l'Industrie de l'Information (GF2i), qui dispose d'un atelier dédié à la science ouverte, coanimé par Thomas Parisot, directeur général adjoint de Cairn Info et Yann Mahé, directeur général de MyScienceWork. En effet, l'intelligence artificielle (IA) bouscule le monde de la recherche et les acteurs qui travaillent avec les chercheurs.
Crise de croissance de la publication scientifique
"L'IA et la publication scientifique font bon ménage", confirme Thomas Parisot. En raison tout d'abord de la massification et de la structuration des données, sur lesquelles peuvent s'appuyer les technologies à base d'IA. Ensuite à cause de la concentration de ce secteur mondialisé qui dispose de fortes capacités d'investissement : "les acteurs qui le composent sont challengés par ces technologies et peuvent y investir assez facilement", explique-t-il.
D'autre part, le monde scientifique connaît aujourd'hui une "crise de croissance" couplée à une "crise de confiance" : "Nous assistons à un emballement de la production scientifique, tous azimuts, et de façon internationale", poursuit Thomas Parisot. "Il y a une nécessité absolue de travailler avec ces technologies pour embrasser l'ensemble de la production et l'accompagner qualitativement". Enfin, ce changement de paradigme est propice à une réorganisation du secteur et à la multiplication de nouveaux entrants, qu'ils soient privés, publics, indépendants ou à but non lucratif.
Aide à l'écriture et assistance à la lecture
Sur quels sujets les technologies d'intelligence artificielles peuvent-elles soutenir la publication scientifique ? En premier lieu pour l'accompagnement de l'écriture scientifique : "L'écriture d'un article scientifique est très normé et formalisé", explique Thomas Parisot. "Il est compliqué pour les chercheurs d'arriver à le standardiser". Des outils tels que writefull.com (aide à l'écriture) ou scite.ai (aide pour la recherche de références) peuvent venir en soutien.
"Il faut bien se rendre compte que dans ce domaine, on vit une vraie guerre de l'attention", affirme Yann Mahé. "2,5 millions d'articles sont publiés chaque année". Il est donc difficile pour un chercheur d'ingérer l'ensemble de cette production scientifique et de se tenir au courant et à niveau dans son domaine d'activité. C'est pourquoi des outils permettant de trier des études par similarité/mot-clé et de créer des liens entre eux peuvent être utiles. Tout comme scholarcy.com (pour faire des résumés de plusieurs articles) ou synthesia.io (pour créer des résumés et des vidéos à partir d'un article).
Traduction automatique
D'autres domaines peuvent soutenir les chercheurs grâce à l'intelligence artificielle : c'est le cas de l'évaluation des soumissions et de l'optimisation des flux ("qui est en capacité de distinguer la qualité des articles à publier ?", s'interroge Thomas Parisot). Les chercheurs ont également tout à gagner avec les outils de traduction automatique : "automatiser la traduction d'un manuscrit ou d'un article permet de maximiser l'impact d'une publication", affirme Yann Mahé. "Publier un article dans sa langue d'origine et le traduire pour toucher le plus grand monde est une vraie opportunité pour les chercheurs". L'outil landing.aie.com/scientific-translation le permet.
Détection de plagiat
La détection de fraude, véritable enjeu de l'intégrité scientifique, peut également soutenir le domaine. Des outils tels que Proofig.com ou encore Compilatio.net constituent des solutions efficaces pour la détection de plagiat dans l'écriture automatique de textes.
Enfin, des outils permettant la génération automatique de tableaux de bord (wizform.ai) ou de poser des hypothèses à partir de statistiques mises à jour (metaevidence.org) peuvent soutenir les chercheurs dans la détection de tendances.