Les collectivités s'emparent progressivement de l'open data et participent au développement de projets concrets. Onze d'entre eux ont été retenus par un comité d'experts et bénéficieront d'un financement dans le cadre du Programme d'Investissement d'Avenir.
Dans un entretien qu'il avait accordé à Archimag en 2014, Simon Chignard (éditeur de données au sein d'Etalab et auteur de plusieurs ouvrages sur l'ouverture des données publiques) faisait un constat : "il existe des initiatives open data à chacun des échelons territoriaux : communautés de communes, conseils régionaux, conseils généraux... La bonne nouvelle, c’est qu’aucun des échelons territoriaux ne reste en dehors du mouvement open data".
Trois ans plus tard, une autre bonne nouvelle est arrivée : onze projets consacrés à l'ouverture des données publiques dans les territoires viennent d'être sélectionnés par un comité d'experts. "Ces onze projets lauréats font la preuve que la gouvernance des données est au coeur des stratégies des territoires" indique-t-on au Secrétariat général pour la modernisation de l'action publique (SGMAP). Ils couvrent plusieurs domaines (environnement, économie, services publics...) et concernent directement plusieurs territoires comme la Bretagne, la Guyane, la Gironde ou l'Occitanie.
Création d'API et transparence de la commande publique
Sans surprise, la question du développement durable s'invite aussi dans le monde de l'open data. Le projet PIC'EAU, développé par le département de la Gironde, aura pour vocation à faciliter la valorisation de données sur la qualité de l'eau. Il se traduira par la création d'une API (interface de programmation) qui permettra de mieux diffuser ces données afin de faire face aux problèmes de pollution et de partage des ressources aquatiques. Dans le même esprit, Datalake Ecologie vise à mettre en place une solution de stockage et de diffusion des données publiques locales produites par les ministères de l'Ecologie et du Logement.
Plus au Sud, le projet SCOP Occitanie aura une ambition plus économique : devenir le point d’accès unique et dématérialisé pour la diffusion et l’échange des données de marché public dans la région Occitanie. Concrètement, il permettra aux entreprises et aux acheteurs de réutiliser des données locales dans le carde de leurs futures relations. Les marchés publics feront l'objet d'une autre expérimentation avec un projet de "transparence de la commande publique"co-développé par la Direction générale des finances publiques (DGFIP) et la région Bretagne. Objectif : créer un flux unique des données des marchés publics. Cette initiative permet par ailleurs à la France de répondre à ses engagements en matière d'ouverture des données de la commande publique.
La qualité des données sera-t-elle au rendez-vous ?
Tous ces projets n'auront d'intérêt que s'ils sont en mesure de diffuser des données publiques de qualité. C'est justement à cet enjeu que s'attelle Qualidata développé par Toulouse Métropole : "ce projet propose de créer une plateforme nationale capable de tester la qualité des données publiées au niveau local, de qualifier les sources et de permettre des exploitations cohérentes au niveau national". Ce chantier ne sera pas superflu. Selon certains observateurs, la qualité des fichiers déposés sur les différents portails existants laisse parfois à désirer... Au point qu'un groupe de travail au sein du groupe ISO/TC46/SC11 dédié au records management et aux archives s'est donné pour mission d'harmoniser les pratiques.
Ces onze projets doivent désormais passer des batteries de tests et d'épreuves avant de parvenir au stade opérationnel. Ils bénéficieront du soutien de plusieurs institutions à commencer par la mission Etalab qui assurera le suivi technique et l’accompagnement pratique. Quant au financement, il sera en parti couvert par l'Etat via la Caisse des Dépôts à hauteur de deux millions d'euros. Et d'autres acteurs (entreprises privées, associations...) seront mis à contribution.
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