Quelques mois après le rapport de la commission d’enquête sénatoriale qui pointait les dérives du recours aux cabinets de conseil, le gouvernement serait-il en train de changer de doctrine ? C'est possible si l'on en croit une circulaire interministérielle qui vise à limiter la part de l’externalisation dans les prestations d’expertise et de réalisation informatiques.
Le recours aux prestations de stratégie numérique devra désormais obéir à des règles plus strictes. Il sera par exemple impossible de conclure plus de deux contrats d’affilée avec le même prestataire, et le coût cumulé d’une prestation sera plafonné à deux millions d’euros, y compris lorsqu’elle est répartie sur deux contrats. De même, les missions les plus importantes devront être réalisées avec une part minimum de 20 % de compétences internes à l’administration. "L’État doit être plus exigeant et plus impliqué dans la maîtrise d’ouvrage" explique Stanislas Guerini, ministre de la Fonction publique.
Remettre en selle les compétences internes
De son côté, la Première ministre Elisabeth Borne souhaite remettre en selle les compétences internes et plaide pour que "les travaux soient dorénavant conduits par la direction interministérielle du numérique (DINUM) et la direction des achats de l’Etat (DAE) afin que soient définis les objectifs et les modalités de mise en œuvre de la stratégie des achats informatiques de l’Etat".
Reste une question : l'Etat dispose-t-il en interne des compétences nécessaires ? Selon un rapport de la Cour des comptes publié en 2018 (1), l'administration (hors opérateurs) comptait 18 000 agents informaticiens sur 2,52 millions agents de la fonction publique d'Etat. "L'Etat ne saurait « changer de siècle » sans investir efficacement. Il ne pourra pas davantage le faire sans former, recruter et fidéliser les talents qui lui manquent" estime le Conseil d'Etat.
(1) Amplifier la modernisation numérique de l'Etat