Un avis de la Commission du secret de la défense nationale permet d'accéder à un corpus documentaire inédit sur la disparition de l'opposant marocain en 1965 à Paris.
La Commission du secret de la défense nationale (CSDN) a décidé de déclassifier près d'une centaine de documents relatifs à l'affaire Ben Barka. Dans un avis publié au Journal officiel du 5 mai 2017, elle "émet un avis favorable" à la déclassification de 89 documents émanant du ministère de la défense. Ces archives proviennent plus précisément du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) devenu DGSE en 1982.
Une requête de déclassification avait été formulée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte "contre X pour homicide volontaire et complicité d'homicide volontaire dont la victime est Mehdi Ben Barka" précise le Journal officiel.
Parmi les pièces rendues désormais accessibles, figurent des rapports, des fiches, des notes, des lettres, des copies de tirages photographiques, ainsi qu'une multitude de procès verbaux...
Juridiction française
Créée en 1998, la Commission du secret de la défense nationale est chargée de donner un avis sur la déclassification et la communication d'informations ayant fait l'objet d'une classification. Son avis est rendu à la suite de la demande d'une juridiction française ou du président d'une des commissions permanentes de l'Assemblée nationale ou du Sénat chargées des affaires de sécurité intérieure, de la défense ou des finances.
La CSDN est composé de deux magistrats et d'un Conseiller d'Etat (nommés par le président de la République) ainsi que de deux parlementaires pour une durée de six ans non renouvelable.
Services secrets français et marocains
El Mehdi Ben Barka fut l'un des principaux opposants politiques au roi Hassan II. Le 29 octobre 1965, alors qu'il se rendait à un rendez-vous, il fut enlevé par des inconnus devant la célèbre brasserie Lipp à Paris. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Un demi-siècle plus tard, la vérité sur "l'affaire Ben Barka" n'a jamais été établie. Mais de nombreux historiens évoquent l'implication des services secrets français et marocains.