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Comme toutes les formes d’art, le jeu vidéo à l’incroyable capacité de nous faire voyager dans des univers parallèles. Nous pouvons incarner un chat dans une ville cyberpunk, un héros revisitant la mythologie nordique ou même un dieu de la guitare… Ces dernières décennies, le monde du jeu vidéo a connu de grandes évolutions.
Mais comment se façonnent ces univers oniriques, ces paysages fantasmagoriques ou très terre-à-terre ? Cette question rythme le travail de Marine Macq. Son amour pour le jeu vidéo, et surtout pour l’esthétisme qui l’entoure, lui fait prendre tour à tour le rôle d’autrice, de chroniqueuse, de youtubeuse, de galeriste, et même d’archiviste. Sa mission ? Mettre en avant les artistes de cette industrie.
Sortir du cadre universitaire
En 2012, elle débute une double licence d’Histoire de l’art et d’Information et communication à Rennes, sa ville natale. À la fin de ces trois années, Marine Macq entame un Master Histoire et critique des arts. « L’idée était de faire un mémoire de recherche sur les représentations du paysage dans le jeu vidéo », explique-t-elle.
Pour prolonger sa réflexion, Marine Macq souhaite rédiger une thèse sur le sujet. « Malheureusement, l’objet jeu vidéo disposait d’une image assez négative à l’université », reconnaît-elle. « Les enseignants ne le considéraient pas comme une forme artistique légitime. On m’a fait comprendre qu’il fallait que je change de sujet si je voulais poursuivre mes études supérieures ».
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La jeune diplômée décide donc de sortir du cadre universitaire pour mener ses explorations. C’est ainsi qu’elle crée la galerie d’art Gamma en 2017, originellement nommée Pixel art stories. « Elle est dédiée aux artistes qui travaillent dans l’industrie du jeu vidéo et peut concerner des concept artists (1), des illustrateurs ou encore des directeurs artistiques… J’ai privilégié les modèles d’exposition en ligne, même si cela supposait plusieurs difficultés, notamment en matière de protection des droits à l’image des artistes. »
De fil en aiguille, Marine Macq parcourt les villes de France pour donner des conférences de vulgarisation, crée des événements et devient directrice éditoriale pour le média Iamag. Multicasquette, elle se fait peu à peu une place dans le milieu du jeu vidéo et devient chroniqueuse dans l’émission Jour de play, pour la chaîne Twitch d’Arte. Durant le Covid, ses activités événementielles sont suspendues.
Conserver et pérenniser les œuvres
Marine Macq lance alors sa propre chaîne YouTube et débute la rédaction de son premier ouvrage, Imaginaire du jeu vidéo, qui explore l’univers des concept artists. D’autres livres sont en cours de préparation.
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Parmi ses différentes activités, Marine Macq s’est tournée presque naturellement vers des missions d’archiviste. « La question de l’archive et de la conservation des œuvres est au cœur de mon travail », s’enthousiasme-t-elle. Dernièrement, elle a ainsi collaboré avec le Studio Spider, où elle a dû s’imprégner, classer et mettre en place un système de conservation des différents documents générés par le studio de jeu vidéo français. « Il peut s’agir de concept arts, de bibles de “game design”, ou de tous types de documents produits durant les phases de préproduction et de production. »
Dans ce cadre, elle réalise aussi de nombreux entretiens avec les collaborateurs pour comprendre leur fonctionnement, mettre en place de nouveaux outils de communication, mais aussi les sensibiliser à la valeur de la documentation : « Il faut leur faire comprendre que le travail qu’ils produisent, même si ce sont des choses qui ne sont pas intégrées dans un jeu et que le public ne voit pas, a une valeur créative et historique. Il faut que l’on puisse plus facilement conserver les documents et les mettre en avant ! »
elle like
- Sa madeleine de Proust : Le jeu Rayman 3 : Hoodlum Havoc, qui me rappelle des moments familiaux et de partage.
- L’œuvre qui l’a marquée : L’univers du jeu indépendant Journey qui m’a particulièrement touché étant une grande amatrice de peinture.
- Son livre de chevet : They drew as they pleased: The hidden art of Disney’s golden age, de Didier Ghez, qui retrace les tous premiers concepts artistes de Disney.
(1) Le concept artist intervient en amont de la création d’un jeu vidéo, d’un film ou d’une autre production artistique. Son rôle est de traduire une idée, un concept ou une atmosphère en recherches graphiques qui seront intégrées dans la production finale d’un projet.