560. C'est le nombre de services d'archives dispersés sur le territoire français : archives nationales, archives régionales, archives départementales, archives communales ou intercommunales. Ce réseau emploie 4 972 personnels d'Etat et territoriaux dédiés à la fonction archives. Tel est l'un des premiers enseignements à tirer du rapport d'activité des services d'archives pour l'année 2022.
Après la longue parenthèse due à la crise sanitaire et la fermeture des salles de lecture en 2020, "l’année 2022 marque le retour in situ des publics, thématique qui a été le fil rouge de notre séminaire national de Troyes et a permis de s’interroger sur la façon de s’adapter aux attentes multiples du public" explique Françoise Banat-Berger, Cheffe du Service interministériel des Archives de France (Siaf). Les salles de lecture ont en effet enregistré 272 489 séances de travail des usagers auxquelles il convient d'ajouter 880 990 participants aux activités culturelles et pédagogiques organisées par les différents services d'archives français.
777 mètres linéaires d’archives papier et 11 To d’archives numériques pour le gouvernement Castex
Du côté des collectes, le Siaf dresse un constat positif : "d’année en année, l’intérêt pour les archives du monde politique se maintient. Les Archives nationales ont ainsi reçu un versement exceptionnel de registres de la commission des finances de l’Assemblée nationale, qui permet de suivre ses travaux durant toute la Ve République."
Et l'année 2022, marquée par deux élections majeures (présidentielles et législatives), a également engendré un accroissement de la collecte d'archives produites par les cabinets ministériels.
"Le renouvellement de l’exécutif constitue en effet une période intense en matière de collecte d’archives produites tant au format papier qu’au format numérique. Les ministres et secrétaires d’État ainsi que l’ensemble des membres de leurs cabinets sont en effet tenus de verser leurs documents et données en vue de leur transfert pour un archivage dit « définitif », à titre historique, aux Archives nationales" rappelle le Siaf. A titre d'exemple, les archives des 38 cabinets du gouvernement Castex (2020-2022) représentent 777 mètres linéaires d’archives papier, 11 To d’archives numériques, dont 577 messageries.
Sans surprise, la collecte numérique a définitivement pris son envol en l'espace d'une quinzaine d'années : 123 Go par an sous le mandat de Nicolas Sarkozy (2007 - 2012), 1 800 Go sous celui de François Hollande (2012 - 2017) et 5 400 Go sous celui d’Emmanuel Macron (depuis 2017). Pour autant, des archives physiques continuent d'être produites : 84 kilomètres ont fait leur entrée en 2022 dans les services d'archives portant le total du métrage linéaire à 4 024 kilomètres.
Politique de numérisation
Engagée depuis près de deux décennies, la politique de numérisation se poursuit à une vitesse de croisière élevée. En 2022, 274 services d’archives (les 3 services des Archives nationales, le Service des archives économiques et financières, 92 Archives départementales et 178 Archives municipales) ont lancé une ou plusieurs opérations de numérisation. Un chantier qui a un coût puisque les sommes consacrées à ces opérations ont augmenté en moyenne de 13 %. Résultat : 27,6 millions d’images supplémentaires ont été produites par les services en 2022 portant à 470 291 177 le nombre total de pages et d’images numérisées disponibles sur les sites internet des services.
Cybercriminalité et impact environnemental du numérique
Pour les années à venir, plusieurs défis poignent à l'horizon, à commencer par la cybercriminalité et l'impact environnemental du numérique. "Les services d’archives doivent se préparer aux cyber-attaques, tant sur le plan informatique qu’organisationnel" prévient le Siaf. Des plans de continuité d’activité (PCA) et de reprise d’activité (PRA) sont d'ores-et-déjà mis en place pour déjouer les cyber-attaques et réduire les risques de destruction de données.
Quant au volet environnemental, il est désormais pris en considération lors de la conception de nouveaux bâtiments d'archives. C'est le cas du des Archives départementales de Lille qui fut le premier du genre, en 2013, à bénéficier d'un système à énergie positive.
Le Siaf préconise par ailleurs de recourir à une offre de stockage des données et métadonnées hors ligne, dite « à froid » en plus des serveurs répliqués, pour des raisons de sécurité informatique, mais également pour des raisons de sobriété écologique.
Archimag publiera, dans son édition du mois de décembre 2023, un entretien réalisé avec Bruno Ricard, directeur des Archives nationales.