Publicité

Marseille : la crise des bibliothèques réactivée cet été

  • porte-fermée.jpg

    L'Alcazar, la plus grande bibliothèque de Marseille, est restée fermée les samedis, dimanches et lundis de l'été, provoquant la colère des usagers et des syndicats. (Pixabay/Geralt)
  • Manque de personnel, manque d'usagers... les horaires des bibliothèques marseillaises sont pointés du doigt depuis un an.

    Certains ont pris les messages au pied de la lettre et s'en sont offusqués. D'autres ont saisi l'humour triste dénonçant une situation que beaucoup jugent intolérable. Les affiches placardées sur la porte d'entrée de l'Alcazar, la plus grande bibliothèque publique de Marseille, n'ont en tout cas laissé personne indifférent. Soulevant l'indignation sur les réseaux sociaux, elles accusent la municipalité de laisser la culture sur le carreau du vieux port. 

    Merci de ne pas profiter du service public

    "Nous vous prions de rester tranquillement devant votre téléviseur", "Nous vous informons que les terrasses du Port sont ouvertes 7 jours sur 7" ou encore "Nous vous remercions de ne pas trop profiter sur service public marseillais", pouvait-on lire dès début août sur la porte de l'Alcazar. Des messages ponctués d'un "Merci de votre compréhension" et (faussement) signés "La Municipalité". Ils dénoncent la fermeture trois jours par semaine (les samedis, dimanches et lundis) des établissements de la ville durant l'été. 

    Et la question des horaires d'ouverture au public des bibliothèques de la Cité Phocéenne est un sujet hautement sensible depuis plusieurs mois. Car si la ville de Marseille semble en effet bien loin du débat, pourtant assez vif, qui a fait rage autour de l'ouverture dominicale des bibliothèques municipales (prévue par la loi Macron), c'est parce qu'elle était trop occupée à s'empêtrer dans les complications liées aux horaires "classiques" de ses huit bibliothèques.

    Grogne depuis un an

    En effet, la municipalité de Marseille a réduit il y a un an le volume horaire de près d'un tiers de ses établissements, faute de moyens et de personnels. Une mesure qui fut difficile à digérer pour les usagers, lesquels résident pourtant dans une ex-capitale européenne de la culture, deuxième plus importante ville de France, et qui plafonne pourtant à 8 bibliothèques (contre 15 à Lyon, 14 à Montpellier et 10 à Bordeaux).

    Si la mairie de Marseille déclarait en février que tout était rentré dans l'ordre et les horaires d'ouverture rétablis, les délégations syndicales affirmaient de leur côté le contraire, dénonçant l'embauche de vacataires ponctuels sans qu'aucune solution pérenne ne soit trouvée. 

    Ouvrir plus vs ouvrir mieux ?

    En ce mois d'août, la fermeture estivale trois jours par semaine des bibliothèques marseillaises a donc réactivé la grogne des Marseillais. Du côté de la municipalité, la situation semble tout à fait classique : "En cette période, on a beaucoup moins de monde, expliquait la Ville au quotidien La Provence le 11 août dernier ; les gens sont plus attirés vers les plages [...] Dans les autres grandes villes, ça se passe exactement de la même manière". Ce qui est faux, puisque à Lyon et Paris, les grands établissement restent ouverts 5 jours sur 7.

    50 départs à la retraite non remplacés

    "Les usagers sont là, assurait de sont côté Raymond Morano, cadre CGT à La Provence ; mais la vérité, c'est que la ville se refuse à prendre le nombre de vacataires ou de saisonniers suffisants pour faire tourner les services alors que, dans le même temps, on oblige les permanents à prendre leurs quatre semaines au coeur de l'été. Avant de vouloir ouvrir plus, on demande déjà que l'on ouvre mieux. Mais avec 50 départs à la retraite non remplacés, c'est impossible".

    Et comme si cela ne suffisait pas, les fermetures estivales pour travaux (à Bonneveine pour 15 jours en juillet et au Panier tout le mois d'août, comme l'an passé) aggravent la pénurie d'établissements marseillais opérationnels. Vive la rentrée !

    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
    Publicité

    sponsoring_display_archimag_episode_6.gif