A quelques grammes de beurre et de farine près, "la biscotte de Proust" aurait pu faire partie de nos expressions populaires.
Comme il est déroutant de découvrir sur le tard les secrets de fabrication d'une oeuvre que l'on croyait bien connaître ! Et de surcroît si l'on apprend que l'un des ingrédients entrant dans sa composition aurait pu être tout autre.
C'est un peu le sentiment qu'inspire la publication, jeudi 22 octobre, des trois premières versions manuscrites la première version de La Recherche du temps perdu de Marcel Proust. Au détour de ces brouillons de 268 pages, remplis de ratures et de notes de l'écrivain, on y découvre en effet que la fameuse madeleine, dont la saveur fut si chère à la mémoire de Proust et qui deviendra ensuite une expression populaire, aurait tout aussi bien pu être du pain grillé ou une biscotte.
Les hésitations de Proust
En lieu et place de la célèbre madeleine, c'est le souvenir du goût du pain grillé recouvert de miel qui émeut l'écrivain dans la première version de La Recherche, rédigée en 1907, avant que celui-ci soit remplacé par une biscotte dans une deuxième version. Ce n'est que dans la troisième version de l'ouvrage que Proust se rappellera du goût de la madeleine offerte par sa tante.
Généalogie littéraire
Publiées par les éditions des Saint-Pères, ces trois versions seront disponibles dès le jeudi 22 octobre dans un coffret de trois carnets Moleskine. "Cet épisode est le moteur secret de La recherche du temps perdu, a expliqué l'éditeur à l'AFP. Ces trois cahiers inédits permettent ainsi de retracer la généalogie littéraire du moment le plus emblématique de l'univers proustien".