Olivier Fried est un touche à tout aux missions très variées. Catalogage, formation des usagers, actions culturelles et communication... Nous avons pu suivre une de ses journées sur le campus Pierre et Marie Curie de Sorbonne Université (issue de la fusion entre l’UPMC et Paris-Sorbonne), au cœur de Paris.
8 h 45
Olivier Fried arrive à l’université. La préparation de l’ouverture consiste en l’allumage des ordinateurs fixes, la sortie des ordinateurs portables de leur armoire, l’allumage des systèmes antivols et la vérification du bon état de la salle, puis l’ouverture des portes proprement dite.
9 h 00
La bibliothèque accueille les étudiants de l’université, mais pas uniquement. Des chercheurs en géosciences fréquentent assidûment les lieux, comme l’illustre ce monsieur installé à un bureau qui se penche sur des cartes géologiques. En ce mois de juillet, il n’y a pas foule, mais « c’est toujours très calme ici, les personnes qui viennent à la bibliothèque de géosciences sont vraiment là pour travailler, même quand c’est plein, il n’y a jamais de vacarme », nous explique Olivier Fried.
Il y a régulièrement des réunions avec le personnel de la bibliothèque. Olivier Fried y participe avec les collègues concernés, l’objectif étant de coordonner les actions et les processus, par exemple « pour adapter nos façons de cataloguer aux changements liés à la transition bibliographique ». Ces réunions lui permettent également de présenter son travail et de le faire valider. « Avec une collègue nous travaillons sur la mise en place d’un nouveau plan signalétique de la bibliothèque. Nous avons des réunions régulières où nous présentons l’avancée de notre travail et discutons des options possibles. Nous travaillons avec l’outil Scribus, qui est un logiciel de PAO libre et gratuit, qui possède de nombreuses fonctionnalités, c’est très pratique ».
Un peu comme un community manager
11 h 00
"Travailler en bibliothèque, c’est faire beaucoup de communication. J’ai travaillé dans l’évènementiel culturel donc je maîtrise à peu près ce domaine-là. Je m’occupe de toute la partie réseaux sociaux de la bibliothèque, un peu comme un community manager". Olivier Fried est référent sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook pour les bibliothèques scientifiques niveau recherche. Pour cela, il utilise Tweetdeck. C’est un moyen efficace de gérer plusieurs comptes Twitter en même temps. « Je m’en sers pour faire de la veille, pour communiquer sur les évènements de la bibliothèque ou pour me renseigner sur ce qui se fait actuellement. Twitter est une mine d’or pour les bibliothécaires ».
Les missions de communication de notre bibliothécaire sont très variées : « Communiquer avec tous nos publics, sur les médias que chacun utilise et préfère, promouvoir nos évènements et nos dernières acquisitions, sur les écrans disséminés un peu partout dans l’université, écrire des posts sur les réseaux sociaux et fabriquer des newsletters pour les étudiants et les chercheurs, publier sur différents sites internet... Il faut être réactif et donc s’informer tous les jours pour informer nos publics sur la vie de notre bibliothèque et des géosciences ».
Deux heures par jour à peu près, Olivier Fried s’occupe du cœur de métier : « Le service au public, c’est aussi fournir une bonne relation à l’usager ». S’occuper du prêt et du retour des ouvrages - limité à 12 livres pour les étudiants et chercheurs et ce pendant 5 semaines -, accueillir le public, le conseiller de manière professionnelle, expliquer le fonctionnement du catalogue informatique de la bibliothèque…
12 h 00
Pause déjeuner. Olivier Fried mange un sandwich à son bureau ou déjeune avec des collègues au restaurant universitaire.
En début d’après-midi, c’est la reprise du travail et il y a beaucoup à faire. En période d’examens, Olivier Fried participe à des jurys d’examen pour des unités d’enseignement liées à la recherche documentaire et à la maîtrise de l’information. Il juge l’aptitude de l’étudiant à effectuer une recherche documentaire adaptée à son domaine et son niveau scientifique, analyser un corpus de ressources, et restituer le résultat de sa recherche.
Olivier Fried s’occupe également de formation. Il organise des formations très variées. Le bibliothécaire a suivi une formation sur la mise à disposition libre et gratuite des résultats de la recherche.
« C’est important de se former, et de transmettre, autant pour les connaissances que les outils. Avoir quelqu’un qui maîtrise les outils numériques est un atout précieux pour la modernisation des bibliothèques, mais l’outil ne remplace pas la connaissance du métier. C’est très intéressant d’avoir ce genre de formation, cela nous permet de mieux utiliser les outils informatiques qui sont de plus en plus présents dans notre métier. Le service de formation des bibliothèques, ici à Sorbonne Université, est très avancé en termes de pédagogie et de numérique ». Hellink en est peut-être la meilleure illustration. Il s’agit d’un projet pédagogique, unique dans les universités françaises, qui rassemble un jeu vidéo, un « escape game » pédagogique ainsi qu’un TD « gamifié » pour les étudiants de licence - ils sont 1 300 chaque année à en bénéficier. « Le jeu sensibilise aux compétences informationnelles en apprenant à discerner une vraie information d’une fake news ». À l’usage, il est assez bluffant. Il n’a rien à envier aux titres actuels auxquels jouent d’ordinaire les étudiants. « Ce projet Hellink développé en interne est un bon moyen pour notre université de proposer une plateforme vidéoludique d’intérêt pédagogique qui correspond à l’univers geek, de nos étudiants », estime notre bibliothécaire.
16 h 00
Olivier Fried se charge également d’actions culturelles au sein de la bibliothèque. Actuellement, il prépare une exposition sur les instruments scientifiques en géosciences. Elle prendra la suite de l’exposition organisée par des collègues sur le thème « Des fossiles et des hommes : une histoire vivante des collections de paléontologie de la Sorbonne ». Les thèmes sont variés, mais restent naturellement en lien avec le fonds de la bibliothèque, les géosciences et l’environnement, avec pour cibles les étudiants et les chercheurs.
17 h 30
La bibliothèque ferme ses portes au public. Cependant, la journée d’Olivier Fried ne s’arrête pas là. Il poursuit en effectuant du rangement dans les rayons, arrange la bibliothèque pour le lendemain et prépare les futures réunions.
Olivier Fried nous livre en fin de journée : « Le métier de bibliothécaire n’est pas en danger, il a même de l’avenir. Avec un développement exponentiel de la quantité d’information disponible, nous aurons besoin de plus en plus de médiation de professionnels du traitement de l’information. Le développement du numérique en bibliothèque fait simplement évoluer le métier rapidement, et la formation des usagers devient un des aspects dominants du métier ».