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Bibliothèques et bibliothécaires transformés par le Covid-19 et le confinement

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    Durant les 2 mois qu'a duré la fermeture au public des bibliothèques à cause de la pandémie du Covid-19, il a souvent fallu mettre de côté le travail sur le fonds physique pour maintenir, à distance, le lien avec les lecteurs. (Freepik)
  • Fermées au public durant près de deux mois, les bibliothèques n’ont pas pour autant laissé tomber leurs usagers, confinés. Et ça s’est vu : la large couverture médiatique accordée à la culture en ligne a (enfin) offert la visibilité qu’ils méritent aux services à distance proposés par les établissements et à leurs initiatives locales, entraînant de nouveaux usages chez les publics. Une mutation qui préfigure le nouveau rôle des bibliothèques dans la société.

    Temps de lecture : 7 minutes


    Cet article est issu du dossier "Covid-19 : les bibliothèques confinées, et après ?" du numéro de mai-juin d'Archimag. Voici le sommaire du dossier :


    La nouvelle est tombée le samedi 14 mars 2019 au soir, mettant fin aux interrogations qui agitaient alors la profession et les élus : bibliothèques et centres de documentation fermeront leurs portes au public le soir même, à minuit. L’Association des bibliothécaires de France (ABF) a rapidement publié ses recommandations pour “assurer un minimum de service public culturel et informationnel”. 

    Le travail en interne ayant été autorisé, généralement en télétravail, les regards se sont immédiatement tournés vers les services en ligne proposés par les établissements. Les bibliothèques de l’enseignement supérieur ont pu rester opérationnelles via leurs services à distance. Du côté des collectivités territoriales, les services en ligne ont été très souvent étendus à l’ensemble de leurs habitants, inscrits ou non. La durée des prêts a été prolongée et les pénalités de retard suspendues.

    Avec pour mot d’ordre de ne pas rompre le lien avec les usagers. Et ce, par tous les moyens mis à la disposition des professionnels (réseaux sociaux, tchats, mails, etc.).

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    Les ressources toujours plus valorisées

    Tête de proue de l’immense réseau d’établissements français, la Bibliothèque nationale de France (BNF) a poursuivi la mise à disposition de ses collections et de ses ressources en ligne en mobilisant ses équipes pour “proposer un maximum de ressources thématisées accessibles à distance, pour [vous] aider à travailler, apprendre, enseigner, ou [vous] divertir” durant le confinement.

    Les chercheurs et les étudiants détenteurs du Pass Recherche ont ainsi pu accéder à distance aux bases de données thématiques et aux ouvrages numériques qui leur sont réservés. Ceux qui l’ignoraient encore ont pu découvrir que Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF propose - depuis 1997 ! - des milliers de livres téléchargeables gratuitement au format Epub. D’autres ont pu (ré)écouter ou (re)visionner les conférences de la BNF en podcast ou en vidéo, surfer parmi toutes les archives de presse de la BNF sur le site RetroNews (qui a offert son abonnement durant toute la durée du confinement), visiter près d’une centaine d’expositions virtuelles sur Expositions.bnf.fr en écoutant l’un des 45 000 albums en ligne de BNF Collection Sonore. Loin d’être oubliés, les enfants ont pu découvrir Classes.bnf.fr, le portail de l’institution dédié à l’approfondissement des connaissances.

    Ailleurs, alors qu’une grande majorité de bibliothécaires ont été contraints d’abandonner leurs missions sur les fonds physiques et de renoncer à l’accueil du public, c’est sur la médiation à distance et la valorisation de leurs ressources qu’ils ont, eux aussi, naturellement pu se concentrer. Leurs collections numériques, bien sûr, ont été prises d’assaut. Les Mooc ou encore l’offre de vidéo à la demande que proposaient déjà les plateformes numériques ont également élargi leur audience. 

    Mais ce n’est pas tout. Sur le terrain, les idées et les projets ont rapidement bourgeonné. Valorisés dans un tableau mis en ligne par l’ABF destiné à inspirer la communauté des professionnels, les initiatives d’actions en (et hors) bibliothèques se sont multipliées ça et là. 

    enlightenedLire aussi : Déconfinement : des guides pour accompagner la reprise d'activité dans les bibliothèques et les services d'archives 

    Événements à distance

    De nombreux établissements ont fait basculer leurs événements physiques, annulés, en virtuels retransmis en ligne et accessibles à tous à distance. C’est le cas de la médiathèque de Meudon, dans les Hauts-de-Seine, qui a transformé une “rencontre-autrice” dans ses murs en une interview en ligne retransmise le 25 avril sur son portail ainsi que sur le Facebook de la médiathèque. Ou encore du Ciné-Quizz sur les super-héros organisé sur la plateforme Zoom par la médiathèque départementale de Meurthe-et-Moselle, dans le Grand Est.

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    Les bibliothèques de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône n’étaient pas en reste, puisqu’elles ont proposé des minutes littéraires et des séances de contes régulières durant tout le confinement.

    D’autres, comme la bibliothèque de Nemours (Seine-et-Marne), avec son service Biblio’Fil ou encore celle du Grand Verdun (Meuse), avec l’opération “Lecture à voix haute”, ont choisi de s’adresser à un public sans doute plus éloigné du numérique en mettant en place des dispositifs de lectures d’ouvrages par téléphone, sur réservation.

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    Sur le site de la station de radio bordelaise La Clé des Ondes (90.1 MHz), on peut même (ré)écouter en podcast les histoires lues par une bibliothécaire ces derniers mois.

    Créer et innover 

    Si de nombreux bibliothécaires se sont attelés à relayer, pour leurs usagers, les activités culturelles en ligne à faire depuis chez soi, sur leur portail ou leurs réseaux sociaux, d’autres en ont créé. C’est le cas par exemple des bibliothèques de Rouen (Seine-Maritime), qui ont conçu des jeux (puzzle, memory, etc.) à partir de Rotomagus, la bibliothèque numérique de la ville. De son côté, la bibliothèque de Compiègne, dans l’Oise, a également créé des quiz en ligne, répertoriés dans “Le coin des enfants” de son portail

    De son côté, la médiathèque de Saint-Fons, près de Lyon (Rhône), a lancé le projet d’oeuvre collective de mémoire #JeMeSouviendrai, proposant à son public de partager en mots ou en vidéos les souvenirs que chacun conservera du confinement.

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    Et si les réseaux sociaux ont été particulièrement utilisés par les professionnels ces deux derniers mois pour communiquer avec leurs publics, notons les “Journaux de confinement des médiathèques” du pays de Châteaugiron, à l’est de Rennes (Ille-et-Vilaine), qui ont maintenu le lien avec leurs usagers via une soixantaine de newsletters quasi quotidiennes, riches de ressources et d’activités. 

    Portage de livres

    Mais tous les bibliothécaires n’étaient pas en télétravail durant ces deux mois de confinement. Si, comme l’a rappelé l’ABF, le “véritable héroïsme est de rester chez soi”, certaines communes ont décidé - parfois au corps défendant des agents - de maintenir ou de mettre en place un service de portage de livres à domicile (le retour des documents n’était pas systématiquement obligatoire avant la levée du confinement).

    C’est le cas à Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, où les agents du Centre communal d’action sociale (CCAS) apportent les ouvrages, CD ou DVD préalablement réservés puis préparés par les bibliothécaires de la médiathèque André-Labarrère, en même temps que les repas.

    A Pussay, une petite commune de l’Essonne, c’est la bibliothécaire elle-même qui a choisi d’assurer le portage des livres aux bénéficiaires afin d’entretenir un lien social avec les plus isolés.

    Si ceux qui les assurent ont affirmé respecter les mesures d’hygiène requises, ces services ont été jugés par l’ABF “difficiles à exécuter dans le respect des règles diffusées tant par les autorités publiques que scientifiques et médicales en matière de distance physique, mais aussi de risques de contamination des objets”. 

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    Les bibliothèques contre le Covid-19

    cyrille_jaouan_visiere_makers.jpegEnfin, les bibliothécaires ont investi un terrain plutôt inattendu : celui de la confection de matériel de protection pour les personnels soignants (visières Prusa et masques, blouses, raccords de masques pour respirateurs ou encore pousse-seringues). Certains ont initié ou rejoint des réseaux de makers ou de fablab pour produire directement, via leurs fournitures et machines-outils (imprimantes 3D, découpeuses laser, et même des machines à coudre !), d’autres ont mis leur matériel à disposition, dans les établissements.

    “Pour les petites structures (bibliothèques avec imprimante 3D, fablabs…) ou les bibliothécaires confinés mais équipés, la consigne est de produire et de distribuer localement si nous ne sommes pas en mesure d’assurer une chaîne de décontamination indispensable en milieu hospitalier", explique Cyrille Jaouan, bibliothécaire, qui s’est lancé dans une production intensive de visières durant le confinement grâce à l’imprimante 3D de la médiathèque Marguerite Duras (Paris 20e), où il travaille.

    Face à l’ampleur des besoins, la médiathèque a finalement installé un véritable “Corolab” éphémère en son sein, animé par une équipe de bibliothécaires volontaires des bibliothèques de Paris. Le projet est soutenu par la mairie du 20e via le budget participatif et en partenariat avec le Simplon Lab, un fablab solidaire des quartiers populaires de l’arrondissement.

    “Grâce à la documentation, aux fournitures et au tissu qu’il nous fournit, nous avons été en mesure ensemble, nous bibliothécaires, dès la semaine du 20 avril 2020, de fournir entre 40 et 50 blouses ou pyjamas médicaux et une vingtaine de pièces 3D (visières, porte-masque, poignées de porte ou d’ascenseur adaptées)”, s’enthousiasme Cyrille Jaouan.

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    Encouragées par l’ABF, ces initiatives de collaboration makers-soignants permettent, selon sa commission Labenbib, “d'aider à surmonter la crise, de préparer l'évolution de nos missions et d'affirmer, par la création, l'innovation et la solidarité, le rôle structurant des bibliothèques dans notre société”. 

    Cette réflexion pourrait finalement convenir à toutes les initiatives présentées dans cet article. Car la crise sanitaire actuelle a obligé les bibliothèques et les bibliothécaires à s’adapter et se transformer, voire à se réinventer. Il y a fort à parier que leur rôle au sein de notre société va lui aussi, nécessairement, muter.

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    Mesures sanitaires de lutte contre la pandémie de Covid-19, la fermeture au public des bibliothèques puis l’interdiction de déplacement en France, entrées en vigueur le 14 puis le 17 mars 2020, ont évidemment fortement impacté les établissements. Un confinement qui ne s’est pourtant pas traduit par l’arrêt d’activité des bibliothécaires. Nombreuses ont été leurs initiatives, d’une part, pour continuer de proposer une offre de lecture et de culture, d’autre part, pour accompagner les publics dans cette situation nouvelle. Les ressources numériques ont été sollicitées comme jamais. Les bibliothécaires universitaires ont également agi. A l’étranger, les actions durant le confinement ou en phase de déconfinement sont aussi le lot des bibliothèques. Enfin, pour le secteur des librairies et de l’édition, cette période se traduit par de lourdes difficultés économiques. Peu à peu, chacun se tourne vers l’après.
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    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
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