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Cyrille Jaouan, bibliomaker engagé

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    "De cette période surréaliste, je retiens l’aventure humaine hors du commun et l’organisation distribuée des fablabs, d’une efficacité folle", confie Cyrille Jaouan à propos du confinement et de son engagement durant la crise sanitaire du Covid-19. (DR)
  • Responsable de la médiation numérique au sein de la médiathèque Marguerite Duras, à Paris, Cyrille Jaouan est un "bibliomaker" passionné de création numérique et d'impression 3D. Nous avions rencontré ce bibliothécaire engagé à l'occasion d'un grand dossier consacré à l'action des bibliothèques durant le confinement du printemps 2020. Sa personnalité et son investissement pour soutenir les soignants, au plus fort de la crise du Covid-19, nous avait marqué. Nous avons donc souhaité le revoir pour réaliser son portrait.

    Paris. 30 mars 2020. Confinement. Une voiture traverse la ville, quasi déserte. À son bord, un bibliothécaire et une imprimante 3D.

    Cyrille Jaouan confectionne des visières contre le Covid-19 pour les soignants depuis son domicile. Il en crée déjà une vingtaine par jour sur ses propres machines, mais il voudrait faire plus. Celle qu’il vient de récupérer à la médiathèque Marguerite Duras, à Paris, où il est responsable de la médiation numérique, lui permettra de tripler sa production.

    La hiérarchie ferme les yeux : l’heure est à la solidarité. 

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    Un "Corolab" à la médiathèque

    Quelques semaines plus tard, c’est dans la médiathèque qu’on le retrouve. Un « Corolab » s’y est monté en moins de quinze jours pour aider un fablab local, le Simplon Lab, dans la fabrication à plus grande échelle de matériel de protection.

    Cyrille Jaouan a rapatrié en urgence les volontaires et les machines. Une trentaine s’y relayera quotidiennement.

    « De cette période surréaliste, je retiens l’aventure humaine hors du commun et l’organisation distribuée des fablabs, d’une efficacité folle », confie-t-il.

    C’est en Seine–Saint-Denis, où Cyrille Jaouan a grandi, que son engagement a germé. S’il fréquentait, enfant, le bibliobus de son quartier, son désir de bibliothèque est venu plus tard. Après ses études de sciences humaines à Paris 8 et son service militaire.

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    Bibliothécaire

    C’est en repensant aux bibliothèques patrimoniales fréquentées durant ses études qu’il décide d’y chercher un poste et de passer les concours, inspiré par « cette vision traditionnelle et romantique ». 

    En 1998, il obtient un poste en section jeunesse dans la bibliothèque de son quartier, à Villepinte, et découvre la lecture publique.

    « Ce n’était pas du tout romantique », se remémore-t-il en riant ; « mais j’ai réalisé là-bas que ce que je souhaitais surtout, c’était contribuer au rôle social des bibliothèques ».

    Jeune père divorcé, il jongle alors entre la garde de son fils et son métier, qui le passionne. Ses efforts payent : il décroche le concours de bibliothécaire en 2005. « Mon engagement était enfin validé ! », se souvient-il.  

    Il reste à Villepinte où la nouvelle médiathèque est en pleine préfiguration. Responsable adjoint en charge de l’informatisation, Cyrille Jaouan s’enthousiasme alors pour ses nouveaux projets. Car c’est un touche à tout, qui aime bidouiller :

    « Quand une imprimante tombe en panne, il y a ceux qui paniquent et ceux qu’on appellent pour la réparer », s’amuse-t-il ; « mon goût pour le geste et l’artisanat traditionnel, je le dois certainement à mon père, plombier-chauffagiste, que j’aidais de temps en temps ».

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    Bibliomaker

    En 2010, Cyrille Jaouan prend en charge la médiation numérique du réseau d’Aulnay-sous-Bois, toujours en Seine–Saint-Denis, et commence à s’intéresser aux fablabs. Après deux ans à tenter d’en créer un, sans succès, il est désabusé :

    « Dans certaines collectivités, il n’y a plus de budget et la déprofessionnalisation est aiguë ; on travaille dans le vide ».

    En 2015, il entre au catalogue dans un service central du réseau des bibliothèques de Paris avec l’espoir d’intégrer ensuite un poste de médiation dans la capitale.

    On lui propose un an plus tard celui qu’il occupe aujourd’hui, à Marguerite Duras. Entre-temps, sa passion pour l’impression 3D a mûri : il participe aux festivals Numok, intègre le groupe Labenbib de l’ABF, publie un livre (Espaces de création numérique en bibliothèque, 2019) et surtout partage son intérêt sur son blog (cyrzbib.net) ou avec ses collègues :

    « Il faut éviter le syndrome du kangourou », se plaît-il à répéter ; « quand le numérique reste dans la poche du geek, c’est loupé ! ».

    Le confinement passé, cet amateur de rugby attend la prochaine coupe du monde, prétexte d’un nouveau voyage entre copains et de joyeuses troisièmes mi-temps.

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    Faire évoluer les mentalités

    Rêvant de participer un jour à une nouvelle préfiguration, il a entamé en septembre le diplôme universitaire « métier facilitateur », à Gennevilliers (Paris 13) : « Le seul DU de fabmanager de France », s’enthousiasme-t-il.

    Le bibliothécaire souhaite surfer sur la déferlante « maker » née lors du confinement pour faire évoluer les mentalités et imaginer un véritable espace de création numérique dans la médiathèque, encore peu adaptée.

    Et quand certains lui demandent si cette période ne va pas marquer la fin du troisième lieu, il s’énerve : « Au contraire ! Le troisième lieu, c’est l’engagement des bibliothécaires pour les communautés. Nous l’avons fait pour les soignants, nous sommes prêts pour nos usagers ! ».

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    Il like

    • Sa musique préférée : "Bombtrack" de Rage against the Machine
    • Son film préféré : « Les Fils de l’homme », réalisé par Alfonso Cuarón
    • Son lieu préféré : Il est secrètement caché au fond d’une vallée cévenole
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    Êtes-vous prêts à renoncer à des services numériques ou à vos appareils électroniques pour le bien commun ? Face à l'urgence climatique, notre rapport au progrès et à la technologie est souvent remis en question. Archimag Podcast a rencontré Alexandre Monnin, philosophe, directeur du master Sciences, Stratégie et Design pour l’Anthropocène à l’ESC Clermont Business School et auteur de l'ouvrage "Politiser le renoncement", aux Éditions Divergences. Il est aussi co-initiateur du courant de la redirection écologique, dont il nous explique le principe.
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