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Sommaire du dossier :
- Bibliothèques : actions contre les fake news
- Comment la bibliothèque de Sciences Po Paris lutte contre les fake news
- Comment la bibliothèque municipale de Lyon transmet les réflexes anti-fake news
Imaginez que vous vous posez quelques questions d’ordre métaphysique et que vous allez chercher des réponses sur internet. Chemin faisant, vous arrivez sur le site d’un café philosophique : très bien, il va y avoir des débats, des arguments, de quoi vous apporter matière à réflexion. Sauf que… Vous êtes en train de mettre le doigt dans un engrenage, c’est en fait une secte qui se cache derrière ce site dont elle se sert pour embrigader de nouveaux adeptes !
Pour faire face à ce type de piège, dès les années 2012-2013, des premiers ateliers sur la recherche d’information sont organisés par la bibliothèque municipale de Lyon. Frédéric Gayral, médiateur numérique à la BM Lacassagne-Marguerite Yourcenar s’en souvient :
« Toute la question de savoir décoder l’information se posait déjà, l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo en janvier 2015 à Paris a été un déclencheur supplémentaire, la diffusion de fake news qui a suivi a explosé, comme ensuite avec la campagne électorale américaine. D’où nos ateliers infos-intox ».
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Genèse de « la Fabrique de l’info »
Peu après cette attaque terroriste, la BM de Lyon lance « un projet innovant ». Il prend pour intitulé « Démocratie : rêver, penser, agir ensemble ». La thématique de l’information, envisagée comme un des piliers de la démocratie, y tient une place essentielle.
Cinq mois de rendez-vous culturels sont proposés, de novembre 2016 à mars 2017. Au programme, expositions, ateliers, cafés-débats, conférences et accueil de classes. S’ajoutent une web radio, un compte Twitter dédié et un site propre à l’événement. Près de 30 000 personnes participent.
Ainsi se structure « la Fabrique de l’info », groupe de travail formé par des agents bibliothécaires et médiateurs numériques et ayant pour credo l’éducation aux médias et à l’information (EMI).
« Parce que parler uniquement d’une problématique de fake news est trop réducteur », précise Frédéric Gayral. Le but est de profiter de la dynamique lancée et de pérenniser les actions. « Une bibliothèque est un lieu où l’on recherche de l’information, il faut en donner les clés ».
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Des rendez-vous périodiques
S’installent des rendez-vous périodiques pour les adultes, les jeunes et les scolaires. Ils sont annoncés par la communication de la bibliothèque et dans le programme spécifique de la Fabrique de l’info, dans l’agenda en ligne, dans un dépliant papier, via des annonces numériques ou encore dans Topo, le magazine de la BM. Difficile de ne pas être au courant !
Les formats sont divers, par exemple, de mars à mai, un parcours de trois séances à l’attention des écoliers. Pour les adultes, surtout les actifs, des créneaux sont positionnés le mardi en fin de journée et le samedi matin.
À la bibliothèque Lacassagne, les ateliers se tiennent dans un espace semi-fermé, entouré de cloisons vitrées de deux mètres de hauteur. « Cela leur donne de la visibilité », commente Frédéric Gayral. Si du matériel informatique est requis, l’atelier s’installe dans l’espace numérique.
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« Apprendre par le faire »
Généralement, un atelier se tient sur deux heures. Ceci est par exemple proposé aux enfants de CM1 et CM2. Le temps est rythmé en séquences de quinze à vingt minutes : écrire une histoire, classer des photos, décrypter l’image d’une publicité ou illustrant un article de presse…
« Notre pédagogie met l’accent sur “learning by doing” ou “apprendre par le faire” », précise Frédéric Gayral. Cela peut aller jusqu’à fabriquer une émission de radio, avec un thème (l’écologie, la rénovation des parcs urbains, etc.), la construction de mini-sujets, des prises de son, du montage, l’animation… « Chacun fait un peu de tout et, en même temps, d’autres apprentissages sont intégrés, comme savoir poser sa voix ».
L’animation de l’atelier s’appuie sur des outils participatifs. Par exemple le « débat mouvant », la « rivière du doute » ou un système de notes (de 0 à 5) qui, à partir d’un propos clivant, poussent les participants à se positionner physiquement ou verbalement en faveur ou contre tel ou tel point de vue.
Cela apporte différents enseignements : une information n’est pas neutre, une information n’est pas une rumeur, il est difficile d’obtenir une information tranchant entre le vrai et le faux.
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Guide de survie
Un atelier ne met pas forcément un support entre les mains des participants. Si l’on y apprend en faisant, le but est déjà atteint. Ce sont surtout les adultes qui éprouvent le besoin de garder une trace. Ils prennent des notes, dans la mesure du possible.
Pour les ateliers infos-intox, un « guide de survie » est délivré. À son sommaire, des sites de référence (fact checking), comment apprendre à décrypter l’information, des liens pour investiguer (recherche inversée d’images, de vidéos), etc. Le tout en quatre pages au format A5.
Le succès est-il au rendez-vous ? Pour les scolaires, un atelier peut se tenir pour des petits groupes ou jusque devant deux classes à la fois, soit soixante élèves. Cependant « le public reste assez volatile », constate Frédéric Gayral ; « les personnes viennent dans un but particulier, mais ne reviennent pas forcément ».
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La fréquentation s’avère donc aléatoire, avec un jour une assistance clairsemée et l’autre du monde refusé faute de places suffisantes. Par ailleurs, si ces ateliers n’existaient pas, certaines personnes n’auraient jamais mis les pieds dans la bibliothèque.
En fin d’atelier, un questionnaire de satisfaction est distribué, en papier, en ligne ou à renseigner directement sur un ordinateur de la bibliothèque. Il est rapide à remplir avec surtout des questions fermées (l’atelier a-t-il correspondu à vos attentes ? oui/non) et la possibilité de laisser des suggestions (par exemple, idées de thèmes pour d’autres ateliers).
Du côté des médiateurs numériques, une réflexion est en cours pour concevoir un parcours dans les ateliers de l’information. Il s’agirait de le clore par l’attribution d’une sorte de passeport. Cela apporterait aussi un meilleur suivi du public.
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+ repères
Éducation aux médias et à l’information (EMI)
« L’éducation aux médias et à l’information vise à développer les connaissances et les compétences des individus pour leur permettre d’utiliser avec discernement les médias de manière critique et créative tant dans la vie quotidienne que professionnelle ». (source Wikipédia)
+ repères
Exemples d’ateliers présentés à la BM de Lyon
1. Décrypter l’info
- Ateliers autour de thèmes tels que la liberté d’expression, la pub, les réseaux sociaux, les fake news, la vie privée et internet.
- Hiérarchie de l’info et pluralisme des médias, le photojournalisme…
- Utilisation de Médiasphères, le jeu de plateau autour de l’éducation aux médias proposé par Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogiques, ministère de l’Éducation nationale) *.
2. Découvrir les médias
- RDV médias, rencontre avec des acteurs des médias (exemples de thèmes abordés : PQR, nouveaux titres, lanceurs d’alertes, journalistes indépendants, journalistes exilés).
- 10 revues en 30 minutes sur des thématiques telles que le gaming, l’alimentation, la presse régionale, les mooks, les médias web.
- Découverte des ressources numériques de la bibliothèque.
- Caricatures de présidents avec des images issues du fonds de la BML (Chirac, De Gaulle).
3. Produire de l’information
- Instagram’ toi.
- Le prix du complot.
- Ateliers radio.
- Balade photographique dans le but de la réalisation d’un reportage.