La présence d’arsenic dans les ouvrages conservés au sein des bibliothèques peut-il être dangereux pour les professionnels et les usagers ? Depuis mars 2024, plusieurs établissements sont en alerte concernant la présence de ce pigment toxique, surnommé le "vert de Paris", utilisé au 19e siècle pour lutter contre les insectes et les rongeurs lors de la fabrication de livres, dans certains ouvrages qu'ils conservent : 60 000 ouvrages de l'Université de Bielefeld en Allemagne ont été mis en quarantaine, la Bibliothèque nationale de France (BnF) en a dénombré quatre et la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg vient d'en identifier 30.
Face à la dangerosité de ce "poison éternel", qui navigue dans l'air à chaque manipulation d'un ouvrage contaminé, le Syndicat national des personnels titulaires et contractuels de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de la recherche et de la culture (SNPTES) a réclamé une “action d'inventaire et de mise en quarantaine” au sein des bibliothèques universitaires et centres de documentation rattachés au ministère. Mais concrètement, que risquent les publics et les professionnels qui entreraient en contact avec un livre contenant de l'arsenic ?
Spécialistes et professionnels rassurent les publics
Le directeur du laboratoire de toxicologie du CHU de Garches déclarait auprès du Parisien le 21 avril dernier, qu’une personne souhaitant manipuler ce genre d’ouvrages “ne va pas mourir”. Cependant, des risques d’étourdissements, des crampes d'estomac ou des diarrhées sont possibles à partir du moment où il y a “un contact prolongé, régulier ou répété”.
Pour faire face à ce risque sanitaire, bibliothécaires et usagers devront se prémunir de protections adéquates. Par exemple, à la BNU de Strasbourg, les usagers peuvent consulter ces ouvrages en salle du patrimoine en s’équipant avec des gants jetables.
D’après Thierry Aubry, le responsable de l'atelier restauration de la BNU de Strasbourg, les quantités potentiellement présentes dans ces livres restent sans doute minimes. Il estime qu’”il faudrait manger plusieurs couvertures pour être intoxiqué”. De plus, "jusqu'à preuve du contraire, ça ne constitue pas un risque majeur".