Au Mucem, une convergence d'objectifs avant tout

CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°378

Au sommaire : 

- Dossier : bibliothécaires, documentalistes et archivistes : où en est la convergence ?
- Formations en infodoc : entre convergence, polyvalence et hybridation
- L'Humathèque du Campus Condorcet ou l'art de désiloter les métiers
- Aux archives de Grenoble, le métier d’archiviste-bibliothécaire
- Au Mucem, une convergence d'objectifs avant tout
- Macif : la convergence des métiers pour la gouvernance de l’information

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Depuis son ouverture en 2013, c’est l’une des adresses incontournables de Marseille. Avec son architecture aux élégantes dentelles de béton, le musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) propose d’importantes collections consacrées à l’anthropologie culturelle des sociétés d’Europe et de la Méditerranée.

Héritier des collections du musée national des Arts et Traditions populaires (MNATP), il héberge également une partie de ses archives qui y ont été transférées. Ce patrimoine documentaire est aujourd’hui valorisé par trois métiers qui travaillent en étroite coordination : des archivistes, des bibliothécaires et des documentalistes.

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Un cloisonnement entre les métiers ?

Mais cette coordination ne signifie pas forcément convergence des métiers. « Parler de convergence serait un peu excessif », estime Fabienne Tiran, archiviste au Centre de Conservation et de Ressources du Mucem (CCR). "S’il existe une convergence, elle porte essentiellement sur les objectifs poursuivis par les archivistes, les bibliothécaires et les documentalistes".

Si tous souhaitent mettre à la disposition du public le patrimoine conservé, il n’existe en revanche pas de convergence sur les outils. "Chaque métier a des spécificités de traitement qui empêchent toute fusion", poursuit-elle. "Ce n’est d’ailleurs pas souhaitable, car cela pourrait entraîner des risques de perte d’informations".

Une même interface de recherche pour les ressources documentaires

Titulaire d’un master "archives" obtenu à Aix-Marseille Université en 2006, Fabienne Tiran a occupé d’autres fonctions avant de rejoindre le Mucem, aux Archives départementales des Hautes-Alpes (05) ou encore aux Archives municipales de Saint-Étienne, dans la Loire…

"La notion de convergence des métiers n’était pas abordée de manière directe durant mes études", explique-t-elle. "Nous avions quelques cours communs avec de futurs bibliothécaires, car il s’agissait d’un master “archives-bibliothèques”, mais les deux métiers se concentraient ensuite sur leur cœur de métier".

C’est en arrivant au Mucem qu’elle a découvert cette convergence d’objectifs, car les fonctions d’archiviste, de bibliothécaire et de documentaliste sont réunies au sein du même Centre de Conservation et de Ressources du musée. "C’est ainsi que nous proposons une même interface de recherche sur notre site pour découvrir l’ensemble de nos ressources documentaires. C’est un parti pris."

Onze ans après l’inauguration du Mucem, le CCR compte deux archivistes, deux bibliothécaires et l’équivalent de deux emplois et demi de documentaliste. Les fonds archivistiques représentent un kilomètre linéaire, auquel il faut ajouter 79 000 enregistrements sonores, dont une majorité provient du MNATP, et environ 3 000 vidéos.

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Cohérence d’actions

Comme d’autres institutions culturelles, le Mucem reçoit parfois des dons d’archives de personnes privées, notamment des associations. Ces documents sont utilisés en appui d’expositions organisées par le musée. Le traitement de ces archives échoit naturellement aux archivistes, mais il arrive que les donateurs confient également des livres.

Selon Fabienne Tiran, là encore, la synchronisation est de mise : "nous nous coordonnons avec les bibliothécaires pour traiter ces dons. Chacun apporte son expertise professionnelle afin d’offrir une cohérence d’actions". Les trois métiers coopèrent également dans la salle de lecture pour répondre aux demandes du public et mettre à sa disposition les archives, les ouvrages et les dossiers d’œuvres constitués par les documentalistes. "La salle de lecture est animée à tour de rôle par les trois métiers. Cela nous permet d’avoir une vision globale des demandes du public."