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Blockchain : 10 minutes pour tout comprendre

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    Dans le cas du bitcoin, la blockchain est utilisée pour assurer la traçabilité des transactions / MichaelWuensch, Pixabay
  • La blockchain, tout le monde en parle, mais personne ne l’a encore vraiment vue. Pourtant, les projets se multiplient et touchent différents secteurs. Mais encore faut-il passer des intentions (ou plutôt des Poc) à la réalité du terrain. Revue du champ des possibles ouvert par la blockchain.

    D’abord, la blockchain (chaîne de blocs, en français), c’est quoi ? Il s’agit d’une technologie permettant de stocker des données numériques de manière décentralisée et sécurisée. Une sorte de registre infalsifiable contenant la liste de tous les échanges effectués entre utilisateurs. Mis à jour en temps réel, il repose sur un système cryptographique de validation par les utilisateurs à chaque transaction. Toutes les transactions sont ainsi inscrites dans le registre après validation, par blocs de données, et forment ainsi une chaîne inaltérable.

    À quoi ça sert ?

    L’application la plus connue est celle des cryptomonnaies, comme le bitcoin. Dans le cas du bitcoin, la blockchain est utilisée pour assurer la traçabilité des transactions, chaque bitcoin possédant un code de cryptage propre. Ainsi, un utilisateur ne peut se servir de ses bitcoins qu'auprès d'un seul destinataire, correspondant à une seule transaction donnée.

    Mais la blockchain peut être utilisée dans de nombreux autres domaines...

    Cadastre

    Pour les titres fonciers, elle peut fait office de cadastre. En Afrique et en Amérique latine par exemple, certains pays ne possèdent pas encore de cadastre. Et sans cadastre, non seulement l’État ne peut pas percevoir de taxe sur les ventes et les successions, mais en plus les propriétaires terriens ne peuvent pas attester de leur propriété. 

    Partant de là, au Ghana, Bitland a lancé un projet de cadastre numérique permettant aux propriétaires d’arpenter leurs terres (via GPS) et d’enregistrer leurs actes fonciers sur une blockchain. 

    Même chose au Honduras, où la moitié des terres ne sont pas enregistrées officiellement dans la base de données du pays. Factom y développe un registre foncier reposant sur la blockchain. Grâce à ce système, le pays est désormais en mesure de garantir à 100 % la propriété d’un terrain à un habitant.

    Streaming, piratage et droits d’auteur

    La blockchain permet aussi de lutter contre le piratage audiovisuel et de remettre à plat la gestion des droits d’auteur, totalement bouleversée depuis l’arrivée des plateformes de streaming comme Spotify, Apple Music, Deezer et consorts. C’est ce que proposent des start-up comme Veredictum pour les films ou encore Revelator pour la musique. 

    L’idée étant de permettre aux ayants droit d’enregistrer leurs films, chansons, romans et autres créations sur la blockchain. Dès lors, toute utilisation illégale des contenus enregistrés serait automatiquement détectée. Spotify est allé encore plus loin en rachetant Mediachain afin d’utiliser la blockchain Ethereum pour lier les artistes et leurs oeuvres musicales. 

    La paternité ne pourra donc pas être remise en question et l’auteur pourra toucher automatiquement ses royalties. L’automatisation de la gestion des copyrights et des royalties pourrait aussi permettre à l’entreprise suédoise d’éviter bien des déboires juridiques et financiers.

    Authentification, traçabilité, logistique

    La blockchain peut aussi permettre de limiter la contrefaçon et de tracer la plupart des marchandises et des denrées. Pour lutter contre ce fléau qui touche notamment le secteur de la santé et de la pharmacie, certains réfléchissent à un système universel garantissant la traçabilité des médicaments. 

    Ainsi, la start-up française Blockpharma propose une solution permettant de vérifier instantanément, via son smartphone, l'authenticité d’une boîte de médicaments. Et cette solution s’appuie sur la blockchain.

    Archivage et partage des données médicales

    Les informations médicales sont certes des données personnelles et confidentielles, mais leur connaissance et leur partage avec des professionnels de santé mériteraient d’être facilités, surtout en cas d’urgence.

    La blockchain permettrait, là encore, de mieux gérer et de sécuriser l’accès au dossier médical partagé (DMP), grâce à un smart contract. L’accès à ce dossier médical pourrait aussi se faire via la blockchain, grâce à un système de signatures permettant d’ouvrir le dossier grâce à la signature conjointe du patient et du médecin.

    État et administration

    Si les projets de numérisation se multiplient dans l’administration, y compris en France, rares sont ceux qui évoquent la blockchain. C’est, en revanche, totalement d’actualité à Dubaï où le prince héritier a annoncé que la blockchain hébergerait désormais certaines informations, afin de pouvoir gérer les demandes de visas, le paiement des factures et le renouvellement des licences.

    Avec à la clé plusieurs millions d’économies sur le traitement des documents. L’État du Delaware a aussi annoncé qu’il souhaitait utiliser la blockchain pour simplifier les démarches administratives des entreprises qui y sont installées.

    Cela permettrait de diminuer le coût de l’intermédiation, de limiter les délais d’exécution des paiements, de renforcer la sécurité, d’automatiser les procédures et de supprimer les risques de corruption. Le Delaware est connu pour sa fiscalité avantageuse qui attire un très grand nombre d’entreprises.

    La blockchain sera donc utilisée pour l’ensemble des actes notariés des entreprises (enregistrement des sociétés, des actions, gestion des tables de capitalisation, communication entre actionnaires, etc.). Des procédures peu risquées sont privilégiées dans un premier temps, avant d’aborder des problèmes plus compliqués.

    Identité numérique

    L’identité numérique permet de faire le lien entre un objet numérique et une identité physique (des personnes, des entreprises et des objets).

    L’objectif étant de pouvoir réaliser une vérification de l’identité pour les besoins des banques ou des transports par exemple, mais aussi de dématérialiser les certificats de naissance et de décès, ou encore de créer un système de réputation virtuel.

    ShoCard oeuvre déjà dans ce domaine et autorise l’enregistrement sur son smartphone des données issues des documents d’identité pour les besoins des contrôles aux aéroports ou d’autres moyens de transport.

    Banque et paiement

    La blockchain pourrait être un moyen de réduire la fraude bancaire. Ripple Labs, par exemple, a mis au point un nouveau protocole de paiement autorisant le transfert direct et instantané d'argent entre deux parties.

    Il permet de contourner les frais et délais d'attente du système de correspondance bancaire traditionnel, et tout type de devise peut être échangé, du dollar américain à l’euro, en passant par le yuan, le yen, l’or, le mile (transport aérien) et la roupie.

    Si la blockchain concurrence directement l’activité traditionnelle d’intermédiaire des échanges des établissements bancaires, elle permet aussi de réduire drastiquement les coûts et de mieux sécuriser les registres. Elle automatise ainsi toutes les fonctions de back-office des banques et rend public l’historique des transactions interbancaires.

    Énergie et distribution

    Dans le secteur de l’énergie, la multiplication des autoproducteurs pose des problèmes aux réseaux de distribution traditionnels et de nombreux projets s’appuient aujourd’hui sur la blockchain pour assurer l’achat et la vente de l'énergie.

    Des smart contracts peuvent, en effet, régir les règles d’utilisation de cette énergie autoproduite et son tarif. En France, Engie mène aussi des expérimentations sur le sujet, notamment dans la traçabilité des flux (eau, gaz, électricité).

    Bien d’autres applications sont possibles comme l’enregistrement et la vérification de l’authenticité des diplômes ou encore le vote. Toutes reposent sur une promesse identique : une sécurisation totale du transfert et de l’archivage des informations. Et c’est bien cette infaillibilité qui rend la blockchain si intéressante.

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