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Pour sa 68e édition, le congrès de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) a choisi Dunkerque comme lieu de ralliement et retenu le thème de la politique documentaire comme sujet de réflexion. La fameuse "PolDoc" reste en effet "un sujet central et en perpétuelle évolution", selon l’ABF.
Si l’Enssib définit la politique documentaire comme "l’ensemble des processus visant à contrôler le développement des collections", les congressistes en livrent une version plus large.
Pour Claire Toussaint, responsable pédagogique au sein de l’Université Grenoble Alpes, "la PolDoc ne se réduit pas à la politique d’acquisition et elle n’est pas hors-sol. Elle doit répondre aux besoins du public et s’inscrire dans une dynamique de réseaux".
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Même analyse pour Fabien Laforge, directeur de la bibliothèque d’agglomération du Pays de Saint-Omer (Pas-de-Calais), qui constate que "le travail en réseau s’applique déjà dans le cadre du PCPP (Plan de conservation partagée des périodiques)."
Une compétence recherchée : la gestion des ressources électroniques
Lorsqu’elle se décline aux ressources numériques, la politique documentaire pose un certain nombre de défis. "À commencer par la formation des usagers, car, par définition, les ressources numériques ne sont pas visibles sur les rayonnages des bibliothèques", explique Louise Daguet, responsable du département des ressources documentaires au sein du SCD de l’Université de Caen (Calvados). "Elles nécessitent également un travail sur les métadonnées via les catalogues collectifs et le rôle des data librarians".
Le thème de la politique documentaire rejoint donc inévitablement celui du métier de bibliothécaire d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Car, en elle-même, la gestion des ressources électroniques est devenue une compétence particulièrement recherchée.
Elle couvre en effet des sujets aussi ardus que le droit d’auteur, l’analyse statistique, la technologie… sans oublier l’art de la négociation avec les éditeurs. Les congressistes ne peuvent que constater l’insuffisance de l’offre de formation face à toutes ces dimensions du métier de bibliothécaire.
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Quelle place pour les objets du quotidien ?
Cela fait maintenant de nombreuses décennies que les collections des bibliothèques se sont ouvertes aux objets documentaires les plus variés : disques vinyle, CDRom, DVD, jeux vidéo… Ces dernières années ont vu la multiplication de prêts d’objets du quotidien aux usagers des bibliothèques.
Depuis le mois de janvier 2022, la bibliothèque universitaire de La Roche-sur-Yon (Vendée) propose pas moins de 269 objets : ustensiles de cuisine, outils de bricolage, console de jeu… Baptisée Bobun (Bibliothèque d’Objets de la Bibliothèque Université de Nantes), cette initiative obéit aux règles de la bibliométrie classique.
"Tous ces objets sont signalés dans le catalogue de la bibliothèque et enregistrés dans le SIGB", précise Emeline Gaubert, formatrice au sein de la BU de La Roche-sur-Yon. "En revanche, c’est l’usager qui fixe lui-même la durée de l’emprunt. Par ailleurs, ces objets proviennent d’achats effectués par la bibliothèque, mais aussi de dons".
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Un an et demi après son lancement, cette initiative (dotée d’un budget de 3 000 euros sur deux ans) présente un bilan plutôt positif avec 145 prêts d’objets, 138 prêts de jeux de société, et 52 prêts de la console de jeu Switch.
En Normandie, l’intercommunalité de Bayeux a lancé un projet similaire avec le prêt d’instruments de musique et de matériel dédié à l’image et au son. Un choix a été fait : ces objets mis à la disposition des usagers ont tous été achetés et ne font donc pas appel aux dons.
En revanche, ils sont accessibles gratuitement dès l’âge de 11 ans après la signature d’une charte. La durée d’emprunt est identique à celle des collections classiques (quatre semaines) sans prolongation.
Ces initiatives soulèvent une question inédite : jusqu’où iront les collections des bibliothèques ?